
La location de logements sur Airbnb connaît un succès grandissant en France. Si cette activité peut représenter un complément de revenus intéressant, elle n’en reste pas moins soumise à des obligations fiscales. Cet article fait le point sur les règles à connaître pour déclarer correctement ses revenus Airbnb aux impôts et éviter tout risque de redressement.
La première chose à savoir est que les revenus générés par la location de logements sur Airbnb sont imposables dès le premier euro. Peu importe que vous louiez votre résidence principale de manière occasionnelle ou un logement dédié toute l’année, ces revenus doivent être déclarés à l’administration fiscale.
Il existe toutefois une exception : si vous louez une pièce de votre résidence principale et que les loyers perçus ne dépassent pas 760 € par an, vous bénéficiez d’une exonération d’impôt. Au-delà, l’intégralité des revenus devient imposable.
Plusieurs types de revenus liés à Airbnb doivent être déclarés :
Il faut déclarer le montant total encaissé, avant déduction des frais et commissions prélevés par Airbnb.
Les revenus issus de la location meublée sur Airbnb relèvent fiscalement de la catégorie des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC). Deux régimes d’imposition sont possibles :
C’est le régime qui s’applique par défaut si vos recettes annuelles ne dépassent pas 77 700 € (depuis 2023). Il permet de bénéficier d’un abattement forfaitaire de 50% sur les recettes pour couvrir les charges. Vous ne payez donc des impôts que sur la moitié de vos revenus Airbnb.
Il s’applique automatiquement au-delà de 77 700 € de recettes, ou sur option. Dans ce cas, vous pouvez déduire l’intégralité de vos charges réelles (intérêts d’emprunt, charges de copropriété, travaux, etc.). Ce régime nécessite une comptabilité plus poussée mais peut s’avérer avantageux si vous avez beaucoup de charges.
| Régime fiscal | Plafond de recettes | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|---|
| Micro-BIC | 77 700 € | Simple, abattement de 50% | Pas de déduction des charges réelles |
| Réel | Pas de plafond | Déduction des charges réelles | Comptabilité complexe |

La déclaration des revenus Airbnb se fait dans le cadre de votre déclaration de revenus annuelle. Voici les étapes à suivre :
Airbnb met à votre disposition un récapitulatif annuel des sommes perçues. Vous pouvez le télécharger depuis votre espace hôte sur le site ou l’application.
Vous devez remplir la déclaration n°2042 C PRO, en complément de votre déclaration principale. Les revenus Airbnb sont à indiquer dans la rubrique “”Revenus des locations meublées non professionnelles””.
Si vous êtes au régime micro-BIC, indiquez le montant total de vos recettes Airbnb dans la case 5ND. L’abattement de 50% sera appliqué automatiquement.
Si vous êtes au régime réel, indiquez le montant de votre bénéfice (recettes – charges) dans la case 5NA.
Vous devrez également renseigner :
Le montant de l’impôt dépendra de plusieurs facteurs :
Les revenus Airbnb s’ajoutent à vos autres revenus pour déterminer votre tranche d’imposition. Ils sont ensuite taxés selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Exemple de calcul au régime micro-BIC :
Revenus Airbnb : 10 000 €
Abattement 50% : 5 000 €
Base imposable : 5 000 €
Si vous êtes dans la tranche à 30%, l’impôt sur ces revenus sera de :
5 000 € x 30% = 1 500 €
En plus de l’impôt sur le revenu, vous devrez vous acquitter des prélèvements sociaux au taux de 17,2%. Ils s’appliquent sur la base imposable après abattement.
Dans notre exemple : 5 000 € x 17,2% = 860 €
Au total, pour 10 000 € de revenus Airbnb, vous paierez donc :
1 500 € + 860 € = 2 360 €
Au-delà de la déclaration fiscale, la location sur Airbnb implique d’autres démarches administratives :
En théorie, toute activité de location meublée, même occasionnelle, nécessite l’obtention d’un numéro SIRET. Vous devez pour cela remplir le formulaire P0i auprès du greffe du tribunal de commerce.
Dans les faits, de nombreux loueurs occasionnels ne font pas cette démarche. L’administration fiscale semble pour l’instant tolérer cette situation pour les petits revenus, mais cela pourrait changer à l’avenir.
Dans certaines villes, notamment Paris, vous devez déclarer votre activité de location touristique à la mairie et obtenir un numéro d’enregistrement. Ce numéro doit figurer sur votre annonce Airbnb.
La location meublée est en principe soumise à la CFE. Toutefois, vous en êtes exonéré si vos recettes ne dépassent pas 5 000 € par an.
Ne pas déclarer ses revenus Airbnb expose à plusieurs risques :
L’administration fiscale peut contrôler vos revenus sur les 3 dernières années. En cas de revenus non déclarés, elle recalculera l’impôt dû et appliquera des pénalités :
Depuis 2020, Airbnb transmet directement à l’administration fiscale le montant des revenus perçus par chaque hôte. Il devient donc très difficile de dissimuler ces revenus.
Dans certaines villes comme Paris, la location sans autorisation ou au-delà de la limite des 120 jours par an peut entraîner de lourdes amendes (jusqu’à 50 000 €).

Voici quelques stratégies pour réduire la charge fiscale liée à votre activité Airbnb :
Comparez les avantages du micro-BIC et du régime réel selon votre situation. Si vous avez beaucoup de charges, le réel peut s’avérer plus intéressant.
Au régime réel, pensez à déduire :
Si votre logement répond aux critères, vous pouvez le faire classer en meublé de tourisme. Vous bénéficierez alors d’un abattement fiscal de 71% au lieu de 50%.
Pour les gros volumes, la création d’une Société Civile Immobilière peut offrir des avantages fiscaux. Consultez un expert-comptable pour étudier cette option.
Oui, tous les revenus perçus via Airbnb doivent être déclarés, y compris les frais de ménage facturés aux voyageurs.
Au régime micro-BIC, non. L’abattement de 50% est censé couvrir tous les frais. Au régime réel, les commissions sont déductibles.
Vous pouvez faire une déclaration rectificative pour les 3 dernières années. En prenant l’initiative, vous éviterez les pénalités les plus lourdes.
Oui, ces revenus sont pris en compte dans le calcul de vos droits aux prestations sociales (APL, RSA, prime d’activité, etc.).
Non, sauf si vous proposez des services para-hôteliers (petit-déjeuner, ménage quotidien, etc.) et que vos recettes dépassent 85 800 €.
La fiscalité des locations de courte durée est un sujet en constante évolution. Voici les principaux changements envisagés ou récemment adoptés :
Un projet de loi prévoit de réduire l’abattement forfaitaire du régime micro-BIC de 50% à 30% pour les locations de courte durée, sauf dans les zones rurales.
Les maires pourraient obtenir davantage de moyens pour réguler les locations touristiques, notamment en limitant le nombre de nuits autorisées.
Des amendes plus lourdes sont envisagées pour les propriétaires qui ne respectent pas les règles (absence de déclaration, dépassement du nombre de nuits autorisées, etc.).
À terme, les logements mis en location sur Airbnb pourraient devoir respecter des critères de performance énergétique, comme c’est déjà le cas pour les locations longue durée.