Demetre Chiparus, le maître de la sculpture Art Déco
Qui était Demetre Chiparus ?
Demetre Chiparus, de son vrai nom Dumitru Haralamb Chipăruș, est l’un des sculpteurs les plus emblématiques du mouvement artistique Art Déco. Né en 1886 à Dorohoi en Roumanie, il a vécu et travaillé à Paris où il a réalisé ses œuvres les plus remarquables entre 1914 et 1933.
Le parcours artistique de Chiparus
Le jeune Demetre quitte sa Roumanie natale en 1909 pour étudier la peinture et le dessin à Florence en Italie auprès du maître sculpteur Raffaello Romanelli. Trois ans plus tard, en 1912, il s’installe à Paris où il intègre la prestigieuse École des Beaux-Arts. Il y suit l’enseignement des sculpteurs renommés Antonin Mercié et Jean Boucher.
En 1914, Chiparus expose pour la première fois au Salon des artistes français où il reçoit une médaille « honorable » pour ses sculptures. Fort de cette reconnaissance, il ouvre son propre atelier après la Première Guerre Mondiale et expose régulièrement dans les salons.
Un style unique alliant bronze et ivoire
Chiparus se spécialise dans la sculpture chryséléphantine, une technique ancestrale qui mêle le bronze à l’ivoire. Il modernise ce savoir-faire millénaire pour créer des œuvres Art Déco uniques et précieuses.
Fasciné par l’art de l’Égypte antique, il s’inspire des découvertes archéologiques de l’époque comme celles de la tombe de Toutânkhamon en 1922. Il emprunte les traits de Cléopâtre pour dessiner les visages féminins de ses sculptures et habille ses personnages de vêtements traditionnels égyptiens.
Mais la principale source d’inspiration de Chiparus reste la danse. Il immortalise dans le bronze et l’ivoire les plus grandes figures des Ballets Russes comme Vaslav Nijinski ou Ida Rubinstein, ainsi que des danseuses des Folies Bergères ou de l’Opéra de Paris. Ses sculptures élancées aux poses maniéristes capturent toute la grâce et l’élégance de ces étoiles de la danse.
Une production rationalisée pour répondre à la demande
Pour créer ses sculptures, Chiparus part de dessins et croquis avant de modeler une sculpture en plastiline, un matériau malléable proche de l’argile. Il confie ensuite le modèle à un fondeur qui réalise l’assemblage du bronze et de l’ivoire. L’artiste finalise l’œuvre en peignant des détails à froid et en ajoutant un socle en marbre ou en onyx.
Face au succès grandissant de ses créations auprès des collectionneurs français et internationaux, Chiparus rationalise sa production. Il noue un partenariat avec la fonderie Edmond Etling et Cie à Paris qui édite la plupart de ses sculptures, tandis que la fonderie Neveux de J. Lehmann réalise aussi des pièces d’après ses modèles.
La consécration d’un maître de l’Art Déco
Tout au long des années folles, Demetre Chiparus connaît un succès fulgurant. Ses sculptures de danseuses Art Déco au style unique s’arrachent à prix d’or. Chiparus jouit d’une réputation internationale et d’un train de vie confortable. Il vit dans un grand appartement Parisien qui lui sert aussi d’atelier.
Mais l’heure de gloire de Chiparus s’achève avec la Seconde Guerre Mondiale. Les fonderies cessent de produire ses œuvres et la demande pour les arts décoratifs s’effondre. Chiparus continue néanmoins de sculpter des animaux pour son plaisir, dans le plus pur style Art Déco. Il expose quelques sculptures en plâtre et marbre de pélican, bison ou ours polaire dans les salons parisiens du début des années 40.
Demetre Chiparus s’éteint à Paris le 22 janvier 1947, à l’âge de 60 ans. Victime d’une attaque cérébrale après une séance de travail au zoo de Vincennes, il est enterré au cimetière parisien de Bagneux. Mais son œuvre continue de fasciner les amateurs d’art.
Un regain d’intérêt depuis les années 70
Tombé dans l’oubli après sa mort, Chiparus revient sur le devant de la scène artistique dans les années 1970. Les collectionneurs redécouvrent cet immense sculpteur et s’arrachent ses créations Art Déco.
Aujourd’hui, Chiparus est considéré comme l’un des plus importants sculpteurs de sa génération. Ses œuvres atteignent des records aux enchères, à l’image de sa sculpture « Les Girls » de 1928 adjugée 690 580 euros chez Sotheby’s en 2007.
De grandes collections de ses sculptures sont exposées de manière permanente au musée d’Art Déco de Moscou (plus de 120 pièces) ainsi qu’au musée Casa Lis à Salamanque en Espagne. Preuve que l’art inimitable de Demetre Chiparus continue de séduire et d’émerveiller presque un siècle après la création de ses chefs-d’œuvre.
Comment reconnaître une véritable sculpture de Demetre Chiparus ? 🔍
Demetre Chiparus est l’un des sculpteurs Art Déco les plus copiés et contrefaits. Sa cote très élevée attire de nombreux faussaires qui inondent le marché d’imitations plus ou moins réussies. Voici quelques conseils d’expert pour distinguer un vrai Chiparus d’une pale copie.
1. Examiner la qualité de la sculpture
Les véritables sculptures de Chiparus se distinguent par l’extrême finesse et la précision de leur exécution. Chaque détail anatomique est parfaitement rendu, des traits du visage aux plis du vêtement. La sculpture ne présente pas de défaut : les volumes sont harmonieux, les proportions élégantes.
À l’inverse, une copie aura souvent un rendu plus grossier. Les détails seront moins nets, le modelé plus approximatif, les volumes déséquilibrés. Au toucher, la patine sera moins lisse et satinée. Un œil averti remarquera rapidement la différence de qualité.
2. Vérifier la signature et les marques
La plupart des sculptures originales de Chiparus portent sa signature, même si ce n’est pas systématique. Son nom complet « Demetre H. Chiparus » ou ses initiales « D.H.C » sont généralement gravés à la base de l’œuvre, parfois accompagnés de la marque du fondeur « Etling Paris » ou plus rarement « Neveux de J. Lehmann ».
Mais attention, même une sculpture signée peut être une contrefaçon! Les faussaires n’hésitent pas à apposer une fausse signature pour berner l’acheteur. Il faut donc bien examiner la graphie qui doit être nette et précise, sans bavure. En cas de doute, n’hésitez pas à la comparer avec celle d’une œuvre authentifiée.
3. S’assurer de l’ancienneté de la sculpture
Un vrai Chiparus a nécessairement été réalisé du vivant de l’artiste, soit entre 1914 et 1947. Au-delà, il s’agira d’une reproduction posthume de moindre valeur. Plusieurs indices permettent de dater approximativement une sculpture :
Le vieillissement naturel de la patine qui doit présenter une belle patine du temps, sans trace d’oxydation artificielle.
Le style de la sculpture typique des années 20-30 avec une élégance racée et stylisée, des poses maniéristes.
La présence de marques des fondeurs Etling ou Lehmann actifs à cette période.
Un expert confirmé saura analyser l’ensemble de ces éléments pour authentifier la période de création de l’œuvre.
4. Connaître les sujets de prédilection de Chiparus
Chiparus s’est fait une spécialité des sculptures de danseuses Art Déco. Ses sujets de prédilection sont :
Les danseurs et danseuses des Ballets Russes (Nijinski, Rubinstein…)
Les danseuses orientales, égyptiennes ou exotiques
Les danseuses de cabaret français (Folies Bergères, Opéra…)
Les figures féminines élégantes aux longues robes fluides
Si une sculpture sort de ce répertoire habituel, il faut se montrer prudent. Chiparus a certes aussi sculpté quelques animaux et portraits en fin de carrière, mais ces sujets restent beaucoup plus rares.
5. Étudier les dimensions de la sculpture
Les sculptures de Chiparus ont des dimensions plutôt modestes, entre 35 et 70 cm de hauteur environ, socle compris. Il existe quelques grands modèles autour d’un mètre de haut, mais ce sont des exceptions.
Méfiez-vous donc des sculptures trop petites (moins de 20 cm) ou au contraire démesurées. Ce sont rarement des formats utilisés par Chiparus. Un bon connaisseur aura en tête les mensurations des œuvres les plus célèbres pour éviter les mauvaises surprises.
6. Demander une expertise à un spécialiste
Le plus sûr moyen d’authentifier un Chiparus est de demander l’avis éclairé d’un expert. Que vous soyez vendeur ou acheteur, l’œil affûté d’un spécialiste reste indispensable pour ne pas se tromper.
Un professionnel expérimenté, commissaire-priseur, antiquaire ou expert indépendant, saura analyser tous les critères évoqués ci-dessus pour confirmer l’authenticité d’une sculpture. Il vérifiera chaque détail, de la signature au rendu de la patine, pour écarter tout risque de contrefaçon.
Alors si vous hésitez sur l’origine d’une œuvre attribuée à Chiparus, n’hésitez pas à consulter un expert. Son diagnostic fiable et précis vous évitera bien des déconvenues. Et vous permettra peut-être de dénicher la perle rare!
Quelle est la cote des sculptures de Demetre Chiparus ? 💰
Des bronzes Art Déco très recherchés
Les sculptures de Demetre Chiparus figurent parmi les bronzes Art Déco les plus prisées du marché de l’art. Leurs lignes élégantes, leurs thèmes glamour et leur exécution virtuose en font des pièces de collection très convoitées.
Presque un siècle après leur création dans les années folles, les œuvres de Chiparus affolent les compteurs en salle des ventes. Depuis les années 1990, la cote de ce maître incontesté de la sculpture Art Déco ne cesse de s’envoler, portée par un engouement international.
Les sculptures les plus cotées de Chiparus
Parmi les bronzes de Chiparus les plus recherchés, on trouve ses iconiques sculptures de danseuses aux poses maniéristes. Coulées en bronze et rehaussées d’ivoire, ces gracieuses ballerines affrontent régulièrement des records aux enchères.
Le modèle « Les Girls » de 1928, représentant un couple de danseurs russesenlacés, est la sculpture la plus chère de Chiparus. Elle fut adjugée 690 580 euros en 2007 chez Sotheby’s à New York, soit presque le double de son estimation haute.
D’autres danseuses célèbres comme « Thais », « Starfish », « La Valse » ou « Les Amis de Vaslav » dépassent fréquemment les 100 000 euros en vente publique. Des sommes vertigineuses qui placent Chiparus au panthéon des artistes Art Déco, aux côtés de Tamara de Lempicka ou Erté.
Une large fourchette de prix
Toutes les sculptures de Chiparus n’atteignent pas de tels sommets. Les prix varient fortement en fonction de la période de création, de la rareté du modèle et de la taille de l’édition.
Pour les bronzes des années 1920, période la plus faste de l’artiste, comptez entre 50 000 et 500 000 euros pièce. Les grands modèles de danseurs d’un mètre de haut comme « Thais » se négocient autour de 200 000 euros, quand un format plus réduit de 40-50 cm avoisinera plutôt les 100 000 euros.
Les sculptures plus tardives des années 1930-1940, souvent éditées à plus grand tirage, se monnaient entre 10 000 et 50 000 euros. Les reproductions modernes posthumes, bien que de moindre valeur, s’échangent tout de même autour de 2 000 à 5 000 euros. Très peu pour un Chiparus, mais une belle somme pour une copie!
Les autres œuvres de Chiparus
Si les bronzes à thème de danse constituent l’essentiel de la production de Chiparus, l’artiste a aussi réalisé des sculptures en terre cuite. Plus confidentielles, ces œuvres plus fragiles sont aussi moins cotées, entre 1 000 et 10 000 euros en moyenne.
Chiparus est également l’auteur de quelques grands vases et coupes en bronze, vendus entre 500 et 5000 euros. Des pièces décoratives élégantes mais beaucoup plus rares que ses célèbres danseuses qui trustent le haut du pavé.
Un marché en plein essor mais à haut risque
En dépit de prix devenus inaccessibles au commun des mortels, le marché des sculptures de Chiparus reste dynamique. Les collectionneurs fortunés du monde entier, notamment russes et asiatiques, continuent de s’arracher ses créations iconiques.
Les perspectives haussières de la cote de Chiparus en font un bon investissement à long terme. Mais gare aux contrefaçons qui pullulent! Entre copies d’époque, reproductions modernes et faux grossiers, le marché est infesté d’imitations en tous genres.
Pour ne pas se faire flouer, il est primordial d’acheter en vente publique avec certificat d’authenticité ou auprès d’un marchand de renom. Demandez toujours une expertise écrite avec garantie de traçabilité avant d’engager des sommes importantes sur une sculpture attribuée à Chiparus.