Devenir pilote de ligne : les filières de formation en France
Vous rêvez de prendre les commandes d’un avion et de survoler la France ou le monde ? Le métier de pilote de ligne fait partie des professions qui fascinent. Pourtant, le chemin pour accéder au poste de commandant de bord est semé d’embûches. Entre le coût des formations, les concours sélectifs et les premières expériences difficiles à décrocher, la route est longue. Heureusement, il existe plusieurs filières pour se former au métier de pilote de ligne.
En France, on dénombre trois voies principales pour devenir pilote professionnel :
- La filière d’État, avec le concours d’entrée à l’École Nationale de l’Aviation Civile (ENAC)
- La filière militaire au sein de l’armée de l’air, l’armée de terre ou la marine nationale
- La filière privée, dans une école de pilotage agréée par l’aviation civile
Chacune a ses avantages et ses inconvénients. Pour vous aider à y voir plus clair, nous allons détailler le fonctionnement de ces filières, les formations proposées, les coûts engagés, ainsi que les débouchés.
1. Intégrer l’ENAC pour devenir élève pilote de ligne
L’ENAC (École Nationale de l’Aviation Civile) est la référence pour se former au métier de pilote de ligne. Basée à Toulouse, cette école d’ingénieurs forme chaque année une trentaine d’élèves pilotes de ligne (EPL) qui sortent avec l’ensemble des licences nécessaires pour voler.
A. Les concours d’entrée à l’ENAC
Pour intégrer la filière EPL de l’ENAC, il faut candidater à l’un des concours d’entrée. Trois voies sont possibles :
- Le concours EPL/S pour les titulaires d’un bac+1 à dominante scientifique
- Le concours EPL/B pour les bacheliers S boursiers
- Le concours EPL/P pour les candidats déjà titulaires de licences aéronautiques
Dans tous les cas, il s’agit de concours exigeants avec des épreuves écrites (mathématiques, physique, anglais), des tests psychotechniques, des évaluations psychomotrices sur ordinateur et des entretiens avec un jury.
Le nombre de places offertes chaque année est limité :
- 25 places environ pour le concours EPL/S
- 10 à 15 places pour le concours EPL/B
- Moins de 5 places pour le concours EPL/P
La sélection est donc rude. Il est conseillé de bien se préparer en amont afin de maximiser ses chances.
B. Le déroulement de la formation EPL à l’ENAC
Une fois admis à l’ENAC, les élèves pilotes de ligne suivent une formation en deux temps :
- Une année de tronc commun avec l’ensemble de la promotion pour l’acquisition des connaissances théoriques nécessaires à l’ATPL (Airline Transport Pilot License).
- Deux années de formation pratique au pilotage sur différents appareils jusqu’à qualification de type sur Airbus A320.
Au total, la formation dure 3 ans. À la sortie, les élèves obtiennent le CPL IR MEP MCC JOC, c’est-à-dire l’ensemble des licences et qualifications nécessaires pour être copilote sur avions de ligne.
Ils totalisent également 180 heures de vol en tant que pilote. De quoi être directement opérationnels et « employables » par les compagnies aériennes françaises ou étrangères.
C. Les coûts de la formation EPL à l’ENAC
L’ENAC étant une école d’ingénieurs financée par l’État, les frais de scolarité sont contenus :
- 1 300 € par an, soit 2 600 € pour les 3 ans de formation
- Auxquels s’ajoutent les frais de vie courante comme dans toute école d’ingénieurs
La formation EPL à l’ENAC fait donc partie des cursus les plus abordables pour devenir pilote professionnel.
D. Les débouchés après l’ENAC
La quasi-totalité des élèves pilotes formés à l’ENAC trouvent rapidement un emploi dans une compagnie aérienne française ou étrangère. Le taux d’insertion professionnelle atteint les 95 à 100%.
Grâce à la réputation de l’école et à la qualité de la formation dispensée, les jeunes diplômés EPL de l’ENAC sont très courtisés par les employeurs.
Ils commencent en général leur carrière comme copilote sur moyen-courrier, avant d’évoluer vers des postes de commandant de bord ou de pilote instructeur après quelques années d’expérience.
2. Devenir pilote via la filière militaire
Les armées françaises, que ce soit l’armée de l’air, l’armée de terre ou la Marine nationale, exploitent des avions et hélicoptères dans le cadre de leurs missions.
Elles forment donc des pilotes militaires au sein de leurs écoles respectives. Il est possible par la suite de poursuivre une carrière dans l’aviation civile.
A. L’engagement militaire, passage quasi obligé
Pour devenir pilote militaire, il faut d’abord réussir les concours d’entrée dans l’une des grandes écoles militaires :
- L’École de l’air pour l’armée de l’air
- L’École militaire interarmes pour l’armée de terre
- L’École navale pour la Marine nationale
Ces concours sont ouverts aux bacheliers, avec une préférence pour les bacs scientifiques. Il faut ensuite s’engager pour une durée minimale variant entre 10 et 15 ans selon le corps d’armée choisi.
Une fois les années d’engagement terminées, il est possible de poursuivre sa carrière dans l’aviation civile après conversion des qualifications militaires vers des licences civiles.
Néanmoins, la filière militaire n’est pas la plus directe lorsque l’on vise spécifiquement le métier de pilote de ligne. Elle implique en effet un engagement de longue durée dans l’armée avant de pouvoir espérer exercer dans le civil.
B. Une formation rémunérée
Le principal intérêt de la filière militaire est que la formation de pilote est entièrement prise en charge et rémunérée. Cela évite d’avoir à assumer soi-même le coût élevé d’une formation privée.
De plus, le salaire d’un pilote militaire en début de carrière est assez confortable :
- Environ 2 100 € nets par mois pour un pilote de l’armée de terre
- Avec des primes supplémentaires selon le corps et les missions réalisées
Attention cependant, la formation militaire est également très exigeante. Le rythme est soutenu et seulement une sélection des candidats parviennent au bout du cursus.
3. Les écoles de pilotage privées
Il existe enfin de nombreuses écoles de pilotage privées en France pour se former au métier de pilote de ligne.
Ces écoles doivent être agréées par la DGAC pour pouvoir délivrer des licences professionnelles valorisables auprès des compagnies aériennes.
A. Deux options : intégrée ou modulaire
Les écoles de pilotage privées proposent deux types de formations :
- La formation intégrée sur 2 ans avec l’ensemble des enseignements théoriques et pratiques permettant l’obtention des licences. C’est la formule la plus rapide pour sortir avec l’ensemble des qualifications nécessaires.
- La formation modulaire qui consiste à préparer les différentes licences de pilote (PPL, CPL, IR…) et les qualifications de type une par une, en fonction de ses disponibilités. Cette formule est plus progressive mais s’étale aussi sur une période plus longue (3 à 5 ans généralement).
B. Un coût à assumer
Le principal inconvénient des écoles privées réside dans le coût de la formation. Selon le type de cursus choisi, il faut compter entre :
- 80 000 € minimum pour une formation intégrée
- Et jusqu’à 120 000 € pour une formation modulaire
Certains candidats parviennent à décrocher un financement partiel sous forme de prêt bancaire. Mais dans la majorité des cas, ce sont les familles qui financent la formation de leur enfant.
Le risque financier est donc important, d’autant plus que les débouchés ne sont pas toujours garantis à la sortie de l’école.
C. Des débouchés incertains
Contrairement aux élèves de l’ENAC quasi assurés de trouver un emploi, les diplômés des écoles privées peinent souvent à décrocher leur premier poste.
En effet, les compagnies aériennes rechignent à embaucher des pilotes fraîchement sortis de formation. Elles exigent généralement un minimum d’heures de vol en tant que pilote, variable selon les employeurs.
Beaucoup de jeunes diplômés se retrouvent alors avec toutes leurs licences en poche mais sans pouvoir voler faute d’expérience. Pour augmenter leur employabilité, certains n’hésitent pas à payer des heures de vol supplémentaires, creusant encore leur déficit financier.
Avant de vous engager dans une école privée, vérifiez bien ses statistiques d’insertion professionnelles récentes. Et méfiez-vous des promesses trop alléchantes !
Les qualités et compétences clés pour réussir dans le métier
Au-delà du choix de la filière de formation, il est essentiel de posséder un certain nombre de qualités personnelles pour réussir dans le métier de pilote de ligne :
- Une capacité à gérer le stress et à réagir avec sang-froid face aux imprévus
- Une grande rigueur et un sens développé de l’organisation pour préparer minutieusement chaque vol
- Un excellent esprit d’équipe pour collaborer efficacement avec les autres membres d’équipage
- Une endurance physique et nerveuse à toute épreuve
- Un très bon niveau d’anglais, indispensable pour communiquer dans un contexte international
Ces qualités sont d’ailleurs évaluées lors des tests d’entrée dans les différentes filières de formation.
Par ailleurs, le métier impose de se former tout au long de sa carrière pour s’adapter aux évolutions technologiques des avions et suivre les standards de sécurité.
Les perspectives d’évolution avec l’expérience
Dans les grandes compagnies aériennes, les pilotes suivent des parcours de carrière relativement linéaires, en fonction principalement de leur expérience en termes d’heures de vol :
- Début en tant que copilote sur des courts et moyens-courriers
- Copilote sur des long-courriers ensuite
- Puis accès progressif aux postes de commandant de bord
- Et enfin pilote instructeur ou examinateur après plusieurs années
L’évolution dans la carrière est jalonnée par l’obtention des qualifications nécessaires pour chaque type d’appareil et chaque fonction à bord.
Après une longue expérience en tant que pilote, d’autres perspectives sont envisageables :
- Pilote d’essai
- Instructeur principal ou responsable pédagogique
- Responsable des opérations aériennes
- Auditeur sécurité
- Expert auprès des autorités de l’aviation civile
Ces postes à responsabilité peuvent se trouver au sein des compagnies aériennes mais également dans des organismes comme la DGAC.
Salaire d’un pilote de ligne : une forte variabilité
Combien gagne un pilote de ligne en France ? Difficile de donner un chiffre précis tant les écarts de rémunération sont importants selon :
- Le statut dans l’entreprise (pilote, copilote, commandant de bord…)
- L’expérience accumulée
- Le type de compagnie (traditionnelle, low-cost…)
- Le nombre d’heures de vol annuel