
Après le succès rafraîchissant de Thor : Ragnarok, les attentes étaient élevées pour Thor : Love and Thunder, quatrième volet consacré au dieu du tonnerre du MCU. Pourtant, ce nouvel opus s’est rapidement imposé comme une déception notable, laissant les fans et critiques perplexes. Si le film promettait une avalanche d’émotions, de couleurs et de combats épiques, il dévoile au final une narration bancale, des personnages sous-exploités et une action en demi-teinte. Ce décryptage en dix points met en lumière les raisons qui expliquent pourquoi Marvel a perdu le nord avec ce film.
Thor : Love and Thunder avait l’opportunité de capitaliser sur le riche univers cosmique du MCU, surtout après le parcours initiatique du héros dans ses précédents films. Or, au lieu de construire sur cette base, le film replonge Thor dans une dynamique émotionnelle et narrative déjà trop vue, quasi-rebootant le personnage par des obstacles et enjeux enfantins. Le retour de Jane Foster, incarnée par Natalie Portman, aurait pu apporter une nouvelle profondeur, notamment avec la thématique du cancer inspirée des comics. Hélas, le scénario s’emmêle dans des sous-intrigues qui paraissent puériles et peu crédibles.
Malgré un budget de production exceptionnel atteignant près de 250 millions de dollars, on ne ressent ni la grandeur ni la puissance d’un film Marvel à la hauteur de ses ambitions. Bien au contraire, la qualité de la narration pâtit d’une écriture paresseuse où les enjeux ne suscitent que rarement un réel investissement émotionnel.
Un autre grief majeur concerne la gestion des personnages secondaires et même principaux. Alors que Thor parvient à incarner une facette comique, grâce à la décontraction retrouvée de Chris Hemsworth, les autres figures clés peinent à exister pleinement.
La reprise des Gardiens de la Galaxie fut particulièrement attendue, avec la promesse d’une alliance explosive. Mais leur rôle est relégué à de simples caméos, leur apport limité à quelques gags sans consistance. Valkyrie, Korg, et même Jane Foster restent dans l’ombre, leur potentiel dramatiquement sous-exploité.
Cette superficialité dilue la complexité de l’univers Marvel, où la richesse des protagonistes fait pourtant habituellement la force des récits. La sensation d’assister à une succession de sketchs plutôt qu’à une véritable épopée héroïque gagne du terrain, fragilisant la cohérence émotionnelle du film.
Taika Waititi avait su insuffler un souffle nouveau dans Thor : Ragnarok grâce à une écriture empreinte d’humour et de second degré. Sur le papier, retrouver ce ton décalé semblait une bonne idée pour Love and Thunder. Le tournant comique était censé apporter une légèreté bienvenue dans un univers souvent trop sérieux.
Cependant, le dosage a ici été raté, le film sombrant parfois dans la gaudriole potache qui finit par desservir plutôt que sublimer l’histoire. Les gags répétitifs et certaines scènes aux dialogues lourds deviennent pénibles, alourdissant une narration déjà souffreteuse.
Ce trop-plein d’humour engendre un déséquilibre majeur dans le ton global du film, poussant à s’interroger sur les priorités narratives de Marvel. Entre vouloir faire rire et susciter de l’émotion, c’est le divertissement sincère qui semble sacrifié sur l’autel de la comédie.
Thor : Love and Thunder ne peut s’appuyer que sur ses séquences d’action pour sauver la mise. Or, malgré un budget exceptionnel qui aurait dû offrir des combats épiques et des visuels spectaculaires, l’action déçoit par sa mise en scène peu inspirée et son enchaînement maladroit.
La promesse de scénarios explosifs entre Thor, Mighty Thor et Gorr est en grande partie déçue. Le climax, quoique quelque peu salvateur, peine à masquer une succession de scènes sans crescendo clair, où l’intensité est diluée dans du grand spectacle dénué de substance.
On regrette que l’innovation ne soit pas au rendez-vous, d’autant plus que le potentiel du méchant Gorr et l’univers cosmique étaient des bases idéales pour élever l’action au rang d’inoubliable. Au lieu de cela, Marvel s’est replié sur une formule éculée et peu enthousiasmante.
Taika Waititi, cinéaste acclamé pour ses talents d’originalité et sa patte comique, semblait parfaitement indiqué pour porter un nouveau volet de Thor. Pourtant, sa réalisation pour Love and Thunder donne l’impression d’un artiste en pilotage automatique, se contentant de remplir le cadre sans exploiter les vraies richesses de l’univers Marvel.
En effet, l’introspection y est absente, les décors souvent réduits à de simples fonds numériques sans âme, et les moments importants perdus dans une structure maladroite. On sent parfois un désintérêt du réalisateur, qui semble avoir peu investi dans la direction esthétique et narrative.
Ce constat interroge sur la place laissée aux réalisateurs au sein du système Marvel, où la production normalise souvent la créativité. Un positionnement qui pourrait bien expliquer pourquoi certains projets semblent manquer de substance et d’originalité.
Le retour de Jane Foster en Mighty Thor aurait pu constituer une occasion rare d’aborder avec finesse des sujets tels que la maladie, notamment le cancer, et la résilience. Ces pistes, bien présentes dans les comics, offrent en théorie matière à un formidable drame humain au cœur du blockbuster Marvel.
Malheureusement, dans le film, ce traitement est expédié en quelques scènes disjointes, souvent noyées dans l’humour et le rythme rapide. Ni le combat contre la maladie, ni la douleur, ni le sacrifice ne trouvent réellement leur place, trahissant une sincérité qui aurait pu sublimer le personnage de Jane et toucher le public.
Cette façon de gérer les enjeux profonds témoigne d’une peur manifeste de décevoir le public familial et d’un choix délibéré de ne pas trop s’embourber dans la douleur. Un emballement maladroit qui fragilise la portée émotionnelle de l’œuvre.
Une tendance lourde se confirme : dans les productions Marvel, la menace semble rarement tenir la promesse d’un danger réel. Thor : Love and Thunder illustre parfaitement ce phénomène où la peur et le suspense sont systématiquement neutralisés par une série de protections invisibles accordées aux personnages.
Que ce soit dans les résurrections explicites de figures supposées mortes, dans le traitement léger des blessures graves, ou dans la dissimulation des conséquences des affrontements, le film sacrifie toute authenticité dramatique. Résultat : le spectateur ne craint rien pour les héros ou même les enfants présents dans l’intrigue, ce qui sape la tension globale.
Cette stratégie narrative finit par annihiler tout suspense, mettant à mal la capacité du film à captiver durablement son audience malgré son univers foisonnant. On est très loin de l’intensité dramatique que certains films Marvel avaient réussi à instaurer.
Parmi les rares effets comiques vraiment réussis, les chèvres stellaires qui accompagnent Thor symbolisent à la fois le génie comique de Waititi et le naufrage scénaristique. Si ces créatures apportent quelques notes d’absurde et de fraîcheur, leur présence soulève d’importantes incohérences narrative et logique dans le film.
Certes, les chèvres réussissent à capter l’attention et à produire quelques moments de légèreté effectifs. Mais elles symbolisent surtout cette impression d’un film qui navigue au petit bonheur la chance, sans réellement maîtriser ni son univers, ni les règles qu’il s’impose.
Dans la tradition Marvel, les scènes post-génériques sont attendues comme le teasing des futurs épisodes et un ultime bonus pour les spectateurs. Mais ici, elles participent à une logique déconcertante, effaçant presque d’un revers de main certaines morts ou enjeux du film.
La résurrection de personnages comme Jane Foster au Valhalla ou l’apparition d’Axl, le mystérieux fils d’Heimdall, ne font que nourrir la sensation que rien ne tient vraiment, que tout est appelé à un retour ou un rebondissement incertain.
Ces scènes laissent un arrière-goût d’amateurisme et de précipitation, donnant l’impression que Marvel a sacrifié la profondeur narrative sur l’autel du business à court terme, au détriment d’une expérience cinématographique satisfaisante.