Sophie Hicks est une architecte britannique au parcours atypique. Avant de se lancer dans l’architecture à 26 ans, elle a mené une brillante carrière dans la mode, occupant des postes de rédactrice chez les magazines les plus prestigieux comme Harpers & Queen, Vogue UK ou encore Tatler.
C’est après plus d’une décennie passée dans cet univers créatif qu’elle décide de donner un nouveau tournant à sa carrière, en entamant des études d’architecture. Diplômée de l’Architectural Association en 1993, elle fonde sa propre agence l’année suivante.
Bien qu’elle se soit éloignée du milieu de la mode, Sophie Hicks conserve de nombreux contacts dans ce domaine. Ses clients sont d’ailleurs souvent de grandes marques de luxe pour lesquelles elle imagine des flagships aux conceptions audacieuses.
Une passion précoce pour la mode et le stylisme
Native de Londres, Sophie Hicks grandit dans le quartier cossu de Kensington dans les années 1960, entourée d’un décor jugé trop sage à son goût. La découverte de la première boutique Habitat, ouverte par Sir Terence Conran en 1964, lui ouvre les yeux sur d’autres possibilités en matière de design.
Premiers pas prometteurs dans la presse mode
Fascinée par cet univers créatif en pleine effervescence, la jeune Sophie décide de s’y lancer sans passer par la case universitaire. À seulement 17 ans, elle commence à travailler comme rédactrice mode pour le magazine Harpers & Queen.
Son talent est rapidement remarqué par le rédacteur en chef Willie Landels, qui lui confie ses propres pages à éditer chaque mois. La jeune femme s’empare de cette opportunité avec audace, réalisant notamment un doublé portrait remarqué de deux figures de la jet-set londonienne, Nigel Dempster et Nicky Haslam.
Aux côtés des grands noms de la mode
Forte de ce premier succès, Sophie Hicks poursuit son ascension et intègre la rédaction de Vogue UK, sous la houlette de Grace Coddington. Apprentie de luxe, elle y perfectionne son sens du style et de la décision rapide.
Elle enchaîne ensuite avec le magazine Tatler, où elle côtoie Mark Boxer, autre grand nom du journalisme de mode. Durant ces années fastes, Sophie collabore avec les plus grands photographes comme Peter Lindbergh, Paolo Roversi ou encore David Bailey.
Elle orchestre des séances photo autour d’un concept, en sélectionnant avec flair les vêtements et accessoires pour donner vie à son idée. Son talent crève l’écran en 1984, lorsqu’elle fait la couverture du magazine culte i-D, sous l’objectif de David Bailey.
Le tournant de l’architecture
Après dix années intenses à arpenter les podiums, Sophie ressent le besoin de se lancer un nouveau défi. Elle décide alors de quitter l’univers de la mode pour se tourner vers l’architecture. Un choix audacieux, dicté par l’envie de créer par elle-même.
Une reconversion réussie
À 26 ans, Sophie s’inscrit à la prestigieuse Architectural Association School de Londres. Son parcours atypique intrigue au départ, mais sa détermination paye. Diplômée en 1993, elle fonde sa propre agence dès l’année suivante.
Elle commence par des projets de rénovation d’habitations pour ses proches. Rapidement, ses talents sont remarqués dans le milieu et les commandes affluent, notamment de la part d’anciens contacts dans la mode.
Une approche sur-mesure
Bien qu’ayant quitté ce monde, Sophie Hicks y revient en force en concevant des boutiques pour de grandes marques de luxe comme Paul Smith, Chloé ou encore Yamamoto. Son approche est à chaque fois différente : loin d’imposer un style personnel, elle s’immerge dans l’ADN de chaque maison pour mieux le sublimer.
Chez Chloé par exemple, elle a collaboré étroitement avec la directrice artistique Phoebe Philo pour retranscrire l’élégance décontractée et le côté « bohème chic » de la griffe.
Quelques réalisations marquantes
En trois décennies de carrière, Sophie Hicks a signé des dizaines de projets dans le monde entier, mêlant habitudes privées, boutiques et scénographies d’exposition. Voici trois de ses réalisations les plus marquantes.
Une maison de verre à Londres
En 2017, l’architecte acquiert trois garages délabrés dans le quartier victorian de Kensington à Londres. Elle y conçoit une spectaculaire maison de verre et de béton, jouant sur la lumière et la transparence. Ce projet radical, achevé en 2019, détonne dans le paysage urbain mais séduit par son audace.
Un écrin brutaliste pour Acne Studios
En 2015, la griffe suédoise Acne Studios fait appel à Sophie Hicks pour imaginer son premier flagship store à Séoul. En seulement 12 mois, l’architecte signe un édifice monolithique de béton, parfaitement intégré dans le paysage coréen. À l’intérieur, les surfaces brutes contrastent avec la lumière nordique, chère à la marque.
Une scénographie remarquée à la Royal Academy
On oublie souvent que Sophie Hicks a aussi réalisé des scénographies d’exposition marquantes. En 1997, elle est ainsi chargée d’accrocher la sélection Sensation à la Royal Academy of Arts de Londres, révélant les Young British Artists au monde entier. Son sens de l’espace et sa science des contrastes font merveille.
Inspirations et perspectives
Des inspirations multiples
Bien que toujours à l’affût des dernières tendances, Sophie Hicks puise son inspiration chez des architectes au style bien identifié comme Felix Candela, Mies van der Rohe, Alvaro Siza ou encore Renzo Piano. Elle apprécie particulièrement leur approche de la lumière et des volumes.
Côté réalisations, elle cite la maison d’été de Peter Zumthor au bord du lac de Bregenz ou encore la villa fieramente moderne de l’architecte suisse Valerio Olgiati au Tessin.
Envie d’hôtellerie
À 63 ans, Sophie Hicks ne manque toujours pas de projets. Si elle a déjà réalisé des boutiques, des résidences privées et des scénographies, il lui manque encore une corde à son arc : l’hôtellerie.
Elle rêve de créer un « hôtel de fantaisie » dans un paysage à la fois fort et apaisant, qui servirait de havre de paix, à mi-chemin entre maison et hôtel. Un beau défi à relever pour cette architecte caméléon, dont le style signature reste encore à définir.