Culture

Rêver est gratuit : la philosophie de vie inspirante de Blondie

En tant que fan de longue date du groupe Blondie, j’ai toujours été fasciné par leurs chansons entraînantes, leur style unique mêlant new wave, punk et pop, et surtout par les paroles profondes et poétiques écrites par la chanteuse Debbie Harry et le guitariste Chris Stein. Parmi leurs nombreux tubes, il y en a un qui m’a particulièrement marqué et qui est devenu au fil des années un véritable mantra dans ma vie : « Dreaming », et son célèbre refrain « Dreaming is free » (« Rêver est gratuit »).

Sorti en 1979 sur l’album Eat to the Beat, « Dreaming » démarre sur les chapeaux de roue avec une ligne de batterie frénétique de Clem Burke et des riffs de guitare incisifs de Chris Stein. Quand la voix à la fois suave et puissante de Debbie Harry entre en scène, on est tout de suite transporté :

« When I met you in the restaurant
You could tell I was no debutante
You asked me what’s my pleasure
A movie or a measure?
I’ll have a cup of tea and tell you of my dreaming
Dreaming is free »

A travers ce premier couplet, Debbie Harry nous plante le décor d’une rencontre avec un homme intrigué par cette femme qui n’a pas l’air d’une débutante. Quand il lui demande ce qui lui ferait plaisir, elle répond simplement qu’elle prendrait un thé et qu’elle lui raconterait ses rêves. Car rêver ne coûte rien. Quel beau pied-de-nez à la société de consommation !

Le refrain explose avec toute l’énergie du groupe :

« Dreaming is free
Dreaming
Dreaming is free
I don’t want to live on charity
Pleasure’s real or is it fantasy?
Reel to reel is living rarity
People stop and stare at me
We just walk on by – we just keep on dreaming »

Debbie martèle ce message essentiel : rêver est gratuit. Nul besoin d’être riche pour s’évader dans un monde imaginaire. Elle ne veut pas vivre de la charité, la vraie vie est faite de plaisirs réels mais aussi de fantasmes. Les gens ont beau la regarder bizarrement dans la rue, elle continue d’avancer et de rêver.

Je trouve ce refrain d’une puissance incroyable. C’est un véritable appel à la liberté, à oser sortir des sentiers battus et des diktats de la société pour vivre selon ses propres règles. Rêver, c’est la chose la plus précieuse que nous possédons et que personne ne peut nous enlever.

Le deuxième couplet enfonce le clou :

« Feet feet, walking a two mile
Meet meet, meet me at the turnstile
I never met him, I’ll never forget him
Dream dream, even for a little while
Dream dream, filling up an idle hour
Fade away, radiate »

Debbie évoque une rencontre fugace mais inoubliable. Elle propose à cet homme de la rejoindre au tourniquet, symbole d’un passage vers un autre monde. Même si elle ne le reverra jamais, elle ne l’oubliera pas. Et elle l’invite à rêver, ne serait-ce que le temps d’une heure d’oisiveté, pour s’évader et irradier.

A mes yeux, ces paroles sont une véritable ode au pouvoir de l’imagination et du rêve. Elles nous encouragent à nous échapper du quotidien, à nous perdre dans nos pensées, à laisser libre court à notre créativité. C’est un luxe que nous avons tous et qui peut nous aider à tenir dans les moments difficiles.

Musicalement, « Dreaming » est un petit bijou de la new wave, avec son rythme effréné, ses guitares tranchantes, ses claviers planants et la ligne de basse pêchue de Nigel Harrison. Sans oublier l’incroyable performance vocale de Debbie Harry, qui passe de la douceur à la rage avec une aisance déconcertante. Rien d’étonnant à ce que la chanson soit devenue un des plus grands tubes de Blondie, se classant numéro 2 des charts au Royaume-Uni.

Mais au-delà de son succès commercial, « Dreaming » véhicule surtout un message intemporel et universel. Cette ode à la gratuité du rêve et à la puissance libératrice de l’imagination résonne encore plus fortement aujourd’hui, à une époque dominée par le matérialisme, la surconsommation et le pessimisme ambiant.

Face aux angoisses et aux injonctions de performance qui nous assaillent au quotidien, « Dreaming » est là pour nous rappeler qu’il existe un espace de liberté infini en chacun de nous : notre monde intérieur, fait de songes, de fantasmes, d’utopies. Un monde où tout est possible, où nous pouvons nous réinventer à l’infini, où nous sommes les seuls maîtres à bord.

« Dreaming is free » : c’est un manifeste pour une vie plus légère et plus poétique, affranchie des contingences matérielles et des carcans moraux. Une vie où l’on s’autorise à décoller, à suivre le fil de sa rêverie, à explorer des territoires vierges en nous. Une vie où l’on troque le réel contre le surréel, le rationnel contre l’irrationnel.

Ce n’est pas un hasard si les plus grands artistes sont souvent ceux qui ont su préserver cette part de rêve et de folie en eux. Des peintres comme Dali ou Magritte, des écrivains comme Lewis Carroll ou Kafka, des cinéastes comme David Lynch ou Miyazaki… Tous ont en commun d’avoir su puiser dans leur imaginaire débridé pour nous ouvrir les portes de mondes alternatifs envoûtants.

Bien sûr, il ne s’agit pas de perdre totalement pied avec la réalité et de sombrer dans une rêverie permanente et aliénante. Mais s’autoriser des parenthèses oniriques, des bouffées d’imaginaire au cœur d’un quotidien parfois morose, peut s’avérer salvateur et revigorant. Combien de fois une idée lumineuse m’est-elle apparue alors que je me laissais aller à la rêverie ?

Gardons en tête les mots de Paul Valéry : « Le meilleur moyen de réaliser ses rêves est de se réveiller. » Autrement dit, il faut savoir confronter ses songes au principe de réalité pour les concrétiser. Mais la première étape est bien de s’autoriser à rêver ! Car c’est dans nos rêves les plus fous que se nichent souvent nos désirs les plus profonds et le sens que l’on veut donner à notre vie.

Au fond, « Dreaming » est un formidable remède contre le désenchantement qui nous guette tous. C’est un hymne à la vie, à la liberté, à la créativité. Cette chanson, en apparence légère et dansante, porte en elle un message existentiel et subversif. Nul doute qu’elle continuera d’inspirer les générations futures.

Alors la prochaine fois que vous vous sentez oppressé, stressé, coincé dans un quotidien qui manque de relief et de fantaisie… mettez « Dreaming » à fond, fermez les yeux, laissez-vous porter par la voix incandescente de Debbie Harry, et rappelez-vous cette vérité fondamentale : « Dreaming is free ».

Dimitri

Je suis un écrivain passionné par la lecture et l'écriture. J'ai choisi d'exprimer mes opinions et mes observations sur mon blog, où je publie souvent des articles sur des sujets qui me sont chers. Je m'intéresse aussi beaucoup aux préoccupations sociales, que j'aborde souvent dans mon travail. J'espère que vous apprécierez mes articles et qu'ils vous inciteront à réfléchir vous aussi à ces sujets. N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me faire part de vos réflexions !

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