
Dix ans après son lancement, Better Call Saul s’est imposée comme l’une des plus brillantes créations télévisuelles contemporaines. Ce qui aurait pu n’être qu’un simple spin-off opportuniste de Breaking Bad s’est transformé en une œuvre à part entière, souvent considérée comme égale, voire supérieure à sa série mère. En explorant la métamorphose de Jimmy McGill en Saul Goodman, les créateurs Vince Gilligan et Peter Gould ont livré une fresque narrative d’une profondeur rare, mêlant drame judiciaire, crime organisé et étude de caractère. La série a non seulement enrichi l’univers d’Albuquerque mais a aussi prouvé qu’un préquel pouvait transcender son statut pour devenir une référence incontournable du petit écran.
Le cœur narratif de Better Call Saul repose sur l’évolution psychologique de son protagoniste. Loin de l’avocat véreux et excentrique que nous avions découvert dans Breaking Bad, la série nous présente Jimmy McGill comme un homme complexe, animé par des aspirations contradictoires. Dans son interprétation magistrale, Bob Odenkirk parvient à incarner toutes les nuances d’un personnage tiraillé entre son désir d’intégrité et sa propension naturelle à contourner les règles.
Ce qui rend cette transformation si fascinante, c’est sa progression graduelle et organique. Contrairement à la descente aux enfers relativement rapide de Walter White, celle de Jimmy McGill s’étale sur plusieurs années, chaque petite transgression le rapprochant imperceptiblement de son alter ego, Saul Goodman. Les scénaristes ont eu l’intelligence de montrer que cette métamorphose n’est pas le résultat d’un événement traumatique unique, mais d’une accumulation de déceptions, de rejets et de choix moralement ambigus.
La relation conflictuelle avec son frère Chuck, brillamment interprété par Michael McKean, constitue l’un des moteurs essentiels de cette transformation. L’hostilité à peine voilée de Chuck envers Jimmy et son refus constant de le considérer comme un véritable avocat nourrissent chez ce dernier un sentiment d’injustice qui finira par corrompre ses ambitions initialement nobles. Cette dynamique fraternelle toxique est explorée avec une subtilité rare à la télévision.
| Étapes clés de la transformation | Impact sur Jimmy McGill | Saison concernée |
|---|---|---|
| Rejet professionnel par HHM | Première désillusion majeure | Saison 1 |
| Découverte de la trahison de Chuck | Rupture de confiance fraternelle | Saison 1-2 |
| Manipulation des clients de Mesa Verde | Premier pas vers l’immoralité professionnelle | Saison 2 |
| Suicide de Chuck | Culpabilité et endurcissement émotionnel | Saison 3-4 |
| Adoption du nom “Saul Goodman” | Officialisation de sa nouvelle identité | Saison 5 |
| Séparation d’avec Kim | Perte du dernier ancrage moral | Saison 6 |
La relation entre Jimmy et Kim Wexler représente un autre aspect crucial de cette évolution. Contrairement à ce que beaucoup de spectateurs anticipaient, la série nous révèle que la disparition de Kim dans l’univers de Breaking Bad n’est pas due à une fin tragique, mais à une séparation douloureuse. Cette rupture constitue le coup de grâce qui précipite la transformation complète de Jimmy en Saul. Sans Kim pour le maintenir ancré dans une certaine moralité, plus rien ne retient Jimmy de sombrer totalement dans la persona cynique et amorale de Saul Goodman.
Les flash-forwards en noir et blanc nous montrant la vie de Jimmy/Saul sous l’identité de Gene Takavic après les événements de Breaking Bad ajoutent une dimension supplémentaire à cette exploration psychologique. Ces séquences nous montrent un homme hanté par son passé, vivant dans la peur constante d’être découvert, et dont l’existence morne contraste cruellement avec la flamboyance passée de Saul Goodman.
L’ironie ultime de cette transformation réside dans le final de la série. Après avoir fui la justice sous l’identité de Gene, Jimmy finit par être arrêté. Face au tribunal, dans un retournement inattendu, il abandonne le personnage de Saul Goodman pour redevenir momentanément Jimmy McGill, assumant pleinement sa responsabilité dans les crimes liés à l’empire de Walter White. Ce geste de rédemption, motivé par la présence de Kim au tribunal, lui vaut 86 ans de prison – une sentence écrasante mais qu’il accepte avec une forme de paix intérieure retrouvée.

L’un des plus grands tours de force de Better Call Saul réside dans sa capacité à transcender son statut initial de simple spin-off. Créée par Vince Gilligan et Peter Gould pour AMC et Sony Pictures Television, cette série démontre une maîtrise narrative exceptionnelle qui lui permet de s’affranchir de l’ombre imposante de Breaking Bad tout en enrichissant considérablement son univers.
Contrairement à la plupart des prequels qui se contentent souvent de recycler des éléments familiers pour satisfaire les fans, Better Call Saul développe sa propre identité narrative. La série jongle habilement entre trois temporalités distinctes : le passé de Jimmy McGill avant qu’il ne devienne Saul Goodman, les événements se déroulant en parallèle de Breaking Bad, et le futur en noir et blanc montrant la vie de “Gene Takavic” après sa fuite d’Albuquerque. Cette structure complexe permet d’explorer en profondeur non seulement l’évolution du personnage principal, mais aussi les conséquences à long terme de ses choix.
La série excelle particulièrement dans l’art du slow-burn storytelling. Les intrigues se développent à un rythme délibérément mesuré, permettant aux personnages et aux situations d’évoluer organiquement. Cette approche contraste avec le rythme souvent frénétique de Breaking Bad et permet une exploration psychologique plus nuancée. Par exemple, la rivalité entre Jimmy et son frère Chuck se déploie sur plusieurs saisons, chaque épisode ajoutant une nouvelle couche de complexité à leur relation dysfonctionnelle.
L’un des défis majeurs auxquels les créateurs ont été confrontés était d’intégrer de manière crédible le monde criminel de Breaking Bad dans une série initialement centrée sur un avocat en quête de légitimité. La solution trouvée est brillante : introduire Mike Ehrmantraut comme protagoniste secondaire dont l’arc narratif se déroule initialement en parallèle de celui de Jimmy, avant que leurs chemins ne se croisent de manière organique.
Cette double narration permet à la série d’explorer simultanément le milieu juridique d’Albuquerque et son monde criminel souterrain, créant progressivement des ponts entre ces deux univers. Mike, brillamment interprété par Jonathan Banks, sert de passerelle naturelle vers le cartel et, éventuellement, vers Gus Fring, enrichissant considérablement l’univers établi dans Breaking Bad.
| Aspects narratifs | Breaking Bad | Better Call Saul |
|---|---|---|
| Rythme narratif | Intense, crescendo constant | Posé, développement patient |
| Focus thématique | Transformation morale et crime | Ambition, identité et compromis éthiques |
| Structure temporelle | Principalement linéaire | Multiples temporalités entrelacées |
| Approche du cartel | Antagoniste direct | Force d’influence graduelle |
| Traitement des relations | Détérioration progressive | Complexité croissante et nuancée |
L’introduction de Gus Fring dans la saison 3 constitue un moment pivot. Loin de se contenter de recycler ce personnage iconique, Better Call Saul approfondit sa psychologie et ses motivations. Nous découvrons comment il a établi son empire du poulet frit comme façade légitime et comment il a méthodiquement planifié sa vengeance contre le cartel Salamanca. Cette exploration enrichit rétrospectivement le personnage tel qu’il apparaît dans Breaking Bad.
Les scénaristes excellent également dans l’art du foreshadowing, parsemant la série d’indices subtils qui acquièrent une signification profonde pour les spectateurs connaissant le destin des personnages dans Breaking Bad. Ces références ne sont jamais gratuites ; elles servent à renforcer la tragédie inexorable qui se profile pour les protagonistes.
Le tour de force narratif ultime réside peut-être dans la gestion du personnage de Kim Wexler, brillamment interprétée par Rhea Seehorn. Absente de Breaking Bad, Kim aurait pu n’être qu’un personnage secondaire destiné à disparaître tragiquement. Au lieu de cela, elle devient l’âme morale de la série, un personnage d’une profondeur remarquable dont l’absence dans Breaking Bad s’explique finalement par des choix narratifs parfaitement cohérents.
Dans sa conclusion, Better Call Saul réussit l’exploit de boucler non seulement sa propre narration, mais aussi l’ensemble de l’univers de Breaking Bad, offrant une forme de rédemption partielle à Jimmy McGill/Saul Goodman, tout en laissant une porte ouverte sur l’avenir incertain de Kim Wexler. Cette résolution démontre une maîtrise narrative rare dans le paysage télévisuel contemporain.
Better Call Saul se distingue par une esthétique visuelle remarquable qui dépasse largement les standards habituels de la télévision. Héritière directe de la grammaire visuelle établie par Breaking Bad, la série pousse encore plus loin l’expérimentation formelle, créant un langage cinématographique distinctif qui contribue puissamment à sa narration.
Sous la supervision de Vince Gilligan et Peter Gould, l’équipe de réalisation a développé une approche visuelle immédiatement reconnaissable. Les plans larges du désert du Nouveau-Mexique, captant la beauté aride d’Albuquerque, alternent avec des compositions ultra-précises en intérieur. Cette dualité visuelle reflète parfaitement les contradictions internes des personnages, tiraillés entre aspirations légitimes et tentations criminelles.
L’utilisation de la couleur constitue l’un des éléments les plus frappants de cette esthétique. Les séquences se déroulant avant Breaking Bad sont baignées de couleurs chaudes et saturées, particulièrement les jaunes et les rouges, évoquant tant la chaleur du désert que la flamboyance croissante de Jimmy McGill. À l’inverse, les flash-forwards montrant “Gene Takavic” sont filmés en noir et blanc clinique, traduisant visuellement le vide émotionnel et l’effacement identitaire du personnage après sa fuite.
La série se distingue par des choix de cadrage souvent inhabituels qui servent directement le propos narratif. Les plans en plongée ou en contre-plongée extrêmes sont utilisés pour souligner les déséquilibres de pouvoir entre les personnages. Les compositions asymétriques traduisent visuellement le déséquilibre moral qui s’installe progressivement dans la vie de Jimmy.
L’un des exemples les plus marquants de cette approche est l’utilisation récurrente de cadrages à travers des obstacles (portes, fenêtres, objets) qui créent un effet de voyeurisme et d’isolement. Cette technique est particulièrement présente dans les scènes impliquant Chuck McGill, dont l’électro-hypersensibilité auto-diagnostiquée le maintient coupé du monde extérieur.
| Technique visuelle | Signification narrative | Exemples notables |
|---|---|---|
| Plans-séquences élaborés | Immersion et tension maintenue | L’attaque du camion par Mike (S1), La traversée du désert (S5) |
| Timelapse du désert | Passage du temps et insignifiance humaine | Transitions entre séquences, généralement associées à des moments de réflexion |
| Montage en split-screen | Vies parallèles et chemins divergents | Jimmy et Kim travaillant séparément (S4-S5) |
| Caméras cachées/surveillance | Paranoïa et manipulation | Les nombreuses scènes de filature et d’espionnage de Mike |
| Noir et blanc | Vide existentiel post-Breaking Bad | Toutes les séquences “Gene Takavic” au Cinnabon |
Les séquences d’ouverture méritent une mention particulière. Souvent abstraites et énigmatiques, elles constituent de véritables signatures visuelles pour la série. Qu’il s’agisse du plan ultra-rapproché d’une tequila Zafiro Añejo se versant lentement, de la fabrication méticuleuse d’un cône de glace, ou encore du traitement chimique d’une carte de visite de “Saul Goodman”, ces prologues visuels fonctionnent comme des métaphores élaborées annonçant les thèmes de l’épisode.
Les montages en time-lapse, déjà présents dans Breaking Bad, sont poussés à un niveau supérieur dans Better Call Saul. Ils ne servent pas simplement à marquer le passage du temps, mais deviennent de véritables méditations visuelles sur la permanence du désert face à l’agitation humaine éphémère. Cette technique trouve son apogée dans la saison 5, lorsque Jimmy et Mike traversent le désert à pied, séquence où l’hostilité du paysage devient un personnage à part entière.
La mise en scène des confrontations verbales mérite également d’être soulignée. Contrairement à de nombreuses séries qui misent sur le champ-contrechamp classique, Better Call Saul opte souvent pour des plans plus longs et statiques, laissant les acteurs occuper l’espace et jouer avec les silences. Cette approche atteint son paroxysme dans les scènes opposant Jimmy à Chuck, où la tension psychologique est palpable sans recourir à des artifices de montage.
Cette maîtrise visuelle contribue grandement à l’impression que Better Call Saul transcende son statut de série télévisée pour atteindre une qualité cinématographique rarement égalée sur le petit écran. Chaque plan semble méticuleusement pensé, chaque mouvement de caméra justifié par une intention narrative précise, faisant de cette série une véritable leçon de mise en scène pour quiconque s’intéresse au langage audiovisuel.
La force principale de Better Call Saul réside peut-être dans les performances exceptionnelles de son casting. Bob Odenkirk, en tête d’affiche, réalise un tour de force en transformant ce qui était à l’origine un personnage de comic relief dans Breaking Bad en un protagoniste d’une profondeur insoupçonnée. Son interprétation de Jimmy McGill/Saul Goodman/Gene Takavic constitue un véritable triptyque actorial, chaque personnalité étant clairement différenciée tout en maintenant une cohérence psychologique remarquable.
Odenkirk parvient à naviguer avec une subtilité stupéfiante entre la vulnérabilité touchante de Jimmy, l’exubérance calculée de Saul et la paranoïa morne de Gene. Cette performance protéiforme lui a valu de nombreuses nominations aux Emmy Awards, bien que la reconnaissance suprême lui ait injustement échappé. L’acteur, connu auparavant principalement pour ses rôles comiques, démontre ici une gamme émotionnelle impressionnante qui redéfinit complètement sa carrière.
À ses côtés, Rhea Seehorn livre une interprétation tout aussi remarquable dans le rôle de Kim Wexler. Absente de Breaking Bad, son personnage aurait pu n’être qu’un faire-valoir romantique pour Jimmy. Au lieu de cela, Seehorn construit une femme complexe, brillante et moralement ambiguë qui devient progressivement le cœur émotionnel de la série. Sa performance tout en retenue, où chaque micro-expression raconte une histoire, a été universellement saluée comme l’un des éléments les plus fascinants de la série.
Michael McKean, dans le rôle de Chuck McGill, crée l’un des antagonistes les plus nuancés de l’histoire télévisuelle récente. Son interprétation d’un homme brillant rongé par une maladie psychosomatique et une jalousie fraternelle toxique évite tous les clichés du “méchant”. McKean parvient à rendre Chuck simultanément détestable dans son obstination à bloquer Jimmy et profondément touchant dans sa souffrance et son isolement. Sa présence continue de hanter la série bien après la disparition du personnage.
Jonathan Banks, reprenant son rôle de Mike Ehrmantraut, approfondit considérablement ce personnage déjà marquant dans Breaking Bad. Sa performance minimaliste, où chaque regard et chaque silence pèsent lourd, traduit parfaitement le stoïcisme d’un homme hanté par son passé. L’exploration de sa relation avec sa belle-fille Stacey et sa petite-fille Kaylee ajoute une dimension émotionnelle qui n’était qu’esquissée dans la série mère.
| Acteur | Personnage | Évolution par rapport à Breaking Bad |
|---|---|---|
| Bob Odenkirk | Jimmy McGill/Saul Goodman | D’un comic relief à un protagoniste tragique |
| Rhea Seehorn | Kim Wexler | Personnage original devenu central |
| Jonathan Banks | Mike Ehrmantraut | Approfondissement psychologique majeur |
| Giancarlo Esposito | Gus Fring | Exploration des origines et motivations |
| Michael Mando | Nacho Varga | Personnage original devenu essentiel au cartel |
| Tony Dalton | Lalo Salamanca | Antagoniste charismatique mentionné brièvement dans BB |
Giancarlo Esposito reprend également son rôle iconique de Gus Fring, offrant de nouvelles facettes à ce personnage déjà fascinant. Sa performance glaciale et calculatrice reste impressionnante, mais Better Call Saul lui permet d’explorer plus subtilement les motivations profondes de Gus et sa méticulosité pathologique. Les scènes où il interagit avec Lalo Salamanca comptent parmi les plus tendues de toute la série, chaque échange verbal devenant un duel psychologique intense.
La série introduit également des personnages originaux mémorables, notamment Nacho Varga (Michael Mando) et Lalo Salamanca (Tony Dalton). Mando incarne avec une intensité palpable un homme pris au piège entre différentes factions du cartel, cherchant désespérément une issue pour lui et son père. Dalton, quant à lui, crée un antagoniste d’une inquiétante jovialité, dont le sourire constant masque une cruauté implacable. Son charisme magnétique en fait l’un des méchants les plus captivants de l’univers Breaking Bad.
Les caméos de personnages issus de Breaking Bad sont gérés avec intelligence, jamais gratuits ou forcés. Les apparitions de Tuco Salamanca, Hector, ou même les brèves présences de Walter White et Jesse Pinkman dans la dernière saison sont parfaitement intégrées à la narration principale. Ces moments fonctionnent à la fois comme des clins d’œil aux fans et comme des éléments organiques de l’histoire de Jimmy McGill.
L’alchimie entre les acteurs contribue grandement à la réussite de la série. La dynamique entre Bob Odenkirk et Rhea Seehorn, en particulier, crée l’une des relations amoureuses les plus crédibles et complexes du petit écran. Leur complicité professionnelle et personnelle, leur capacité à se comprendre sans mots, et leur influence mutuelle – tantôt positive, tantôt destructrice – forment l’épine dorsale émotionnelle de la série.
Better Call Saul dépasse largement le cadre d’une simple étude de personnage pour construire une fresque sociale complète d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique. La série nous plonge dans différentes strates de la société, des prestigieux cabinets d’avocats aux bas-fonds criminels, en passant par la classe moyenne ordinaire, créant ainsi un écosystème crédible où les destins s’entrecroisent de façon organique.
La ville elle-même devient un personnage à part entière, avec ses contrastes saisissants entre les quartiers huppés où évoluent les associés de HHM et les zones désertiques où se déroulent les transactions du cartel. Les créateurs Vince Gilligan et Peter Gould capturent l’essence d’Albuquerque dans toute sa spécificité géographique et culturelle, loin des clichés habituels sur le Sud-Ouest américain.
L’un des aspects les plus fascinants de cette construction est la manière dont la série dépeint le système juridique. Loin des représentations glamourisées habituelles, Better Call Saul s’attache à montrer les mécanismes réels du droit, des procédures administratives fastidieuses aux négociations en coulisse. Le contraste entre l’idéalisme initial de Jimmy et la réalité souvent cynique du monde juridique constitue l’un des ressorts dramatiques les plus puissants de la série.
La représentation du cartel mexicain dans Better Call Saul se distingue par sa subtilité et sa complexité. Plutôt que de se contenter de stéréotypes, la série explore les nuances des différentes factions et les tensions qui les animent. La rivalité entre les Salamanca et l’organisation de Gus Fring est présentée comme un jeu d’échecs sophistiqué où chaque mouvement est calculé avec une précision meurtrière.
La famille Salamanca, dirigée par le patriarche Hector (brillamment interprété par Mark Margolis), incarne la vieille école du cartel : brutale, traditionnelle et guidée par un code d’honneur tordu. Face à eux, Gus Fring représente une approche plus moderne et corporative du crime organisé, privilégiant la discrétion et l’efficacité à la violence ostentatoire. Cette opposition fondamentale structure l’ensemble de la dynamique criminelle de la série.
| Faction | Représentants | Philosophie criminelle |
|---|---|---|
| Clan Salamanca | Hector, Tuco, Les Jumeaux, Lalo | Traditionnelle, basée sur la peur et la loyauté familiale |
| Organisation de Gus Fring | Gus, Mike, Victor, Tyrus | Méthodique, discrète, structurée comme une entreprise |
| Cartel de Juárez | Don Eladio, Juan Bolsa | Bureaucratique, arbitrant les tensions entre factions |
| Indépendants | Nacho Varga, Krazy-8 | Pris entre différentes loyautés, cherchant une sortie |
| Légitimes corrompus | Policiers véreux, gardiens de prison | Opportuniste, profitant du système tout en le servant |