
En 2023, le cinquième volet d’Indiana Jones, intitulé Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, promettait de relancer la légendaire franchise portée par Harrison Ford. Mais deux années plus tard, le constat est sans appel : ce film est un véritable échec commercial qui a poussé Disney à mettre un terme à cette aventure emblématique. Malgré la magie que la marque aux grandes oreilles sait insuffler à ses univers comme Star Wars ou Marvel, la franchise Indiana Jones n’a pas su retrouver sa gloire d’antan. Retour sur un naufrage hollywoodien qui aura des répercussions majeures au sein de Lucasfilm et de l’industrie du divertissement en général.
Enregistrant seulement 384 millions de dollars de recettes mondiales, Indiana Jones 5 s’est soldé par un net revers financier pour Disney. Avec un budget de production avoisinant les 390 millions – sans même compter les coûts marketing — ce flop a infligé une lourde perte à Lucasfilm. Une telle déconvenue est d’autant plus cruelle que les quatre premiers opus avaient inscrit l’aventurier au panthéon des héros du cinéma.
Les raisons de cet échec sont multiples :
Disney a donc rapidement acté que cette page était tournée et qu’il valait mieux ne pas insister sur une franchise dont la flamme semble vaciller. Le fiasco est d’autant plus marquant qu’il s’agit d’une des rares grandes franchises sur lesquelles Disney n’a pas réussi à capitaliser pleinement depuis son acquisition de Lucasfilm. Son empire, qui s’étend aujourd’hui à la galaxie Star Wars, à l’univers Pixar ou à l’héritage National Geographic, conserve pourtant de nombreux succès, dont l’incontournable Mickey Mouse.
À l’origine, la sortie de Indiana Jones 5 devait marquer une transition majeure avec la jeune aventurière Helena Shaw, incarnée par Phoebe Waller-Bridge, censée prendre la relève. Disney et Lucasfilm misaient sur ce nouveau personnage pour donner un second souffle à la série. Pourtant, ce plan semble désormais abandonné.
La cohérence du scénario a été critiquée, notamment pour avoir forcé des éléments du fantastique dans un univers qui fonctionnait mieux quand ses mystères restaient plausibles. Ce changement a pu aliéner une part importante des amateurs de la première heure, attachés aux traits d’Harrison Ford et à un récit plus terre-à-terre.
Le scénariste David Koepp, coauteur des deux derniers films, a lui-même reconnu lors d’une interview qu’il ne voyait pas d’avenir immédiat à la franchise au cinéma :
« Harrison a dit que c’est fini pour lui. Pour continuer, il faudrait une nouvelle idée radicale, une approche fraîche. Mais pour le moment, je pense que le projet est en pause. »
L’ambition n’est pas complètement éteinte cependant, une nouvelle voie se dessine : le format série, bien plus adapté pour de longues aventures distillées dans le temps.
L’avenir de la franchise Indiana Jones pourrait donc se jouer sur les plateformes de streaming, plutôt qu’au cinéma. Disney, fort de son succès avec Disney+, a déjà commencé à penser à une relecture sous forme de séries, avec un format plus souple, capable de capter l’attention sur plusieurs épisodes.
David Koepp est convaincu que cette orientation serait plus favorable :
Ce n’est pas la première fois que l’aventurier en chapeau se prête à ce format : déjà dans les années 1990, Les Aventures du jeune Indiana Jones avaient exploré la jeunesse du personnage. Bien que cette série, riche en guests prestigieux comme Max von Sydow, Daniel Craig ou Catherine Zeta-Jones, n’ait pas rencontré un succès colossal, elle avait le mérite d’ouvrir des possibles.
Malgré cette initiative, Disney semble aujourd’hui prudent, vraisemblablement refroidi par l’échec de la dernière production. Le projet de nouvelle série annoncée en 2022 puis abandonné en 2023 démontre la difficulté à relancer l’icône grand public. Pourtant, la nostalgie liée à Indiana Jones reste forte, notamment chez les amateurs de la culture des années 80, comme on peut le retracer dans la collection permanente des films cultes de cette époque.
James Mangold était à la barre pour diriger Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. Ce réalisateur reconnu pour ses qualités a pourtant été confronté à des défis colossaux. Allier respect du mythe et modernisation n’est jamais simple. Le défi est d’autant plus grand quand il faut faire avec un héros vieillissant et une exigence croissante pour des intrigues originales et crédibles.
Le choix de développer davantage les éléments surnaturels a été une épée à double tranchant. Si la saga Indiana Jones a flirté avec le fantastique dès ses débuts — pensons à Les Aventuriers de l’Arche Perdue et son ambiance mystique — la tendance dans le dernier volet semblait excessive.
Pour Mangold, l’enjeu était de respecter les fans tout en attirant un nouveau public, plus jeune et habitué à la richesse des univers à la Marvel ou Pixar. Hélas, cette recette n’a pas fonctionné :
James Mangold a reconnu que de tels revers ne sont pas anodins pour un réalisateur, parlant même des difficultés psychologiques engendrées par ce flop. Le poids d’une franchise héritée de Steven Spielberg et George Lucas, réinventée plusieurs fois, pèse lourd.
Avant de parler de la fin ou de la relance d’une franchise, il est nécessaire de se rappeler l’impact monumental d’Indiana Jones. Créée par Steven Spielberg et George Lucas dans les années 1980, cette série a redéfini le genre de l’aventure à l’écran.
Les premiers films ont représenté :
Ils sont devenus des références incontournables pour les cinéphiles et les amateurs de grands spectacles. Rappeler cela est essentiel, surtout lorsqu’on connaît l’histoire mouvementée de la franchise :
Ce patrimoine se retrouve aussi dans le développement de franchises ambitieuses chez Disney, entre Star Wars et Marvel, qui préfèrent aujourd’hui miser sur les univers interconnectés aux ressorts éprouvés et au succès durable.
L’échec d’Indiana Jones 5 n’est pas juste une déconvenue isolée. C’est un signal fort envoyé par Disney qui envisage désormais de revoir sa stratégie globale sur les franchises héritées, même les plus puissantes.
Le groupe phare du divertissement planétaire, détenteur non seulement d’Indiana Jones via Lucasfilm, mais aussi des univers Pixar, Marvel, et Star Wars, est confronté à la complexité du renouvellement des icônes culturelles.
Cette décision de stopper momentanément les aventures d’Indiana Jones traduit :
En parallèle, la baisse d’intérêt autour du film a poussé Disney à retirer les quatre premiers volets de la saga de sa plateforme Disney+ début octobre 2023, accentuant la difficulté pour les fans de revisionner la saga sur le service.
Alors que les habitudes de consommation évoluent rapidement, Disney doit réfléchir à la manière de transposer des univers emblématiques comme Indiana Jones dans un cadre numérique où les binge-watchers exigent un contenu innovant et sophistiqué.
La plateforme Disney+ a redoré son blason grâce à des succès comme les séries Marvel ou Pixar, mais la saga Indiana Jones peine à s’inscrire durablement dans cet écosystème. Les facteurs qui compliquent cette transition sont :
Les autres univers Disney comme Star Wars ont souvent pu compter sur une armée de fans prêts à suivre leurs séries, mais Indiana Jones, malgré son succès initial, peine à mobiliser le même intérêt. Ce challenge est d’autant plus compliqué à relever dans un marché saturé d’offres compétitives.
Au-delà des salles obscures, Indiana Jones continue d’inspirer la pop culture, malgré son arrêt provisoire par Disney. Son influence se fait sentir dans la mode, les jeux vidéo, et les parcs à thème, notamment à Disneyland Paris où les visiteurs peuvent vivre des aventures immersives dans un univers à la croisée des films et de l’histoire.
Quelques éléments clés de cet héritage :
Les prochaines années détermineront si cette icône renaîtra d’une autre manière ou si elle restera une relique chérie par les fans.