
Le dernier-né de l’univers John Wick, Ballerina, suscitait un engouement certain avant sa sortie. Porté par la talentueuse Ana de Armas et réalisé par Len Wiseman, ce spin-off promettait d’ouvrir une nouvelle ère pour la franchise en explorant l’histoire d’Eve Macarro, une ballerine devenue tueuse à gages. Malheureusement, malgré un casting séduisant et un univers riche, le film a déçu au box-office et sa réception critique révèle un engouement mitigé. Entre les enjeux de production, une exploitation rapide en VOD et des comparaisons constantes aux opus principaux, Ballerina peine à convaincre pleinement les fans de la franchise et la cinéphilie d’action exigeante.
Avec Ballerina, Lionsgate visait haut en lançant son premier spin-off de l’univers John Wick. Ce projet surprenait par son focus inédit sur un personnage féminin, incarné par Ana de Armas, connue pour son charisme et ses performances intenses. L’idée était de creuser un pan de l’histoire parallèle aux événements de John Wick 3 – Parabellum, offrant une nouvelle perspective sans dépasser les bornes de la trame principale.
Le scénario s’articule autour d’Eve Macarro, une danseuse classique qui se transforme en redoutable assassin pour venger la mort de sa famille. Cette trame détonne dans la saga, toute entière tournée vers l’action pure et la froideur des assassins professionnels. L’esthétique raffinée mêlée à l’action brute promettait un cocktail esthétique plutôt surprenant, à la croisée du ballet et des fusillades chorégraphiées.
Voici quelques raisons pour lesquelles les cinéphiles s’étaient montrés impatients :
Malgré ces éléments prometteurs, les critiques ont souligné que le film ne parvenait pas à atteindre la quintessence qui a fait le succès des John Wick originaux. Curieusement, alors que l’action ne manque pas, c’est surtout le scénario qui déçoit, par son classicisme et ses facilités narratives. Dans un cinéma contemporain exigeant, cette linéarité a semblé un leurre pour un univers pourtant si riche, ce qui a impacté la réception globale du film auprès des amateurs d’action pointue et stylisée.
Le parcours de Ballerina entre sa conception et sa sortie n’a pas été de tout repos. La presse spécialisée américaine a largement évoqué en amont une production mouvementée, avec des changements d’équipe technique, des retards et une réécriture constante du scénario. Ce contexte a sans doute eu un impact direct sur la qualité narrative et le ton adopté par le réalisateur Len Wiseman.
Les points principaux ayant entravé la production sont :
Cette mixité entre ambitions artistiques et les réalités du tournage a pu déséquilibrer l’harmonie du film, donnant parfois l’impression d’un spectacle plus axé sur le visuel que la profondeur des enjeux. Le réalisateur a dû jongler entre attiser l’excitation du public avec des séquences d’action spectaculaires et garantir un récit cohérent, sans toujours y parvenir.
Le contexte inédit de cette production explique en partie la réception mitigée : beaucoup témoignent d’une frustration née d’attentes élevées face à un film qui peine à réellement s’imposer face aux standards très élevés posés par son prédécesseur, notamment les John Wick 3 et 4.
Lionsgate avait des ambitions de premier plan avec Ballerina, espérant capitaliser sur la renommée mondiale de John Wick. Cependant, le résultat au box-office est décevant, tirant la franchise vers le bas plutôt que de l’élever. Avec des chiffres de seulement 105,5 millions de dollars récoltés à l’international – dont 55,8 millions en Amérique du Nord –, le film culmine bien en deçà de ses besoins pour rentrer dans ses frais.
Regardons de plus près les indicateurs financiers :
Ce bilan souligne que John Wick, sans Keanu Reeves pleinement impliqué, peine à porter seule la franchise. Une telle contre-performance provoque une véritable onde de choc pour Lionsgate, qui espère encore redresser la barre avec les prochains projets.
Il était prévisible que ces chiffres poussent le studio à adopter une stratégie de sauvetage rapide : la mise en ligne sur les plateformes numériques intervient un mois seulement après la sortie cinéma, pour tenter d’amortir les pertes et capter un public digital plus large.
La situation financière délicate intervient dans un contexte où les franchises d’action doivent de plus en plus assurer une continuité de haute volée pour fidéliser et élargir le public international. Ballerina rappelle que sans renouvellement réussi, même des licences chères peuvent rapidement vaciller. Retrouvez plus d’informations sur les enjeux autour des scénarios et suites dans cet article sur les projets de Keanu Reeves.
Sur le plan critique, Ballerina divise largement. Le film séduit par son esthétique : les scènes d’action chorégraphiées avec finesse, les séquences mêlant danse et combat, ainsi que la performance magnétique d’Ana de Armas, sont souvent saluées. Par ailleurs, la mise en scène dynamique et l’atmosphère de thriller stylisé capturent plusieurs retours positifs.
Cependant, les réserves principales concernent un scénario trop convenu et un manque de profondeur dans les motivations des personnages. La narration linéaire et les clichés présents rappellent trop souvent les codes classiques du genre sans y apporter une véritable originalité ou surprendre le spectateur.
Voici les points forts et faibles mis en avant dans les critiques :
Ce décalage a nui à l’engouement global, en ralentissant l’implication émotionnelle des spectateurs. La cinéphilie exigeante attendait davantage d’une franchise rodée à l’art du spectacle maîtrisé, ce qui explique en partie la déception perceptible dans les salles et sur les plateformes d’avis.
La présence d’Ana de Armas comme figure centrale de Ballerina a suscité de nombreux espoirs. Actrice Irlandaise-Cubaine dotée d’une aura naturelle, elle incarne Eve Macarro avec une intensité prononcée, mêlant douceur et force dans un mélange dynamique. Son engagement dans les scènes physiques a été salué, montrant une actrice pleinement investie dans son rôle d’action.
Cependant, malgré cette performance individuelle remarquable, le reste du casting n’a pas su pleinement soutenir cette dynamique. Les personnages secondaires restent souvent en retrait avec un casting jugé parfois sous-exploité. Même la présence de Keanu Reeves, tactiquement utilisée pour attirer le public, ne parvient pas à masquer ce manque de profondeur collective.
Quelques éléments à retenir sur le casting :
Cette configuration a amoindri l’effet d’ensemble, rendant Ballerina moins immersif qu’un John Wick classique. La synchronisation entre acteurs, si importante dans ce genre, souffre d’un manque d’alchimie palpable, creusant le fossé entre le spectacle visuel et la force émotionnelle.
La gestion de la sortie de Ballerina expose les difficultés actuelles du cinéma d’action dans un paysage bouleversé par les plateformes numériques. Lionsgate, tout en voulant capitaliser sur la popularité de John Wick, a dû prendre des décisions stratégiques pour limiter les pertes.
En voici les éléments clés :
Cette stratégie révèle une hésitation, voire un déséquilibre, dans la manière de vendre le produit. L’ombre imposante de John Wick complexifie la construction d’une identité forte pour le spin-off, positionné à la fois comme un relais et une entité autonome.
Lionsgate s’appuie également sur la diversité des supports pour tenter d’amortir les coûteux investissements tout en gardant l’espoir de rebondir grâce à d’autres futurs projets liés à John Wick, notamment le spin-off Caine qui pourrait, lui, souffrir encore plus de l’absence du héros principal.
Au regard de l’accueil réservé à Ballerina, il est impératif de tirer plusieurs leçons pour assurer la pérennité de la franchise John Wick au-delà de ses succès premiers. Le constat est clair : John Wick sans Keanu Reeves est une recette risquée qui demande une relecture profonde.
Les défis à relever sont nombreux :
La franchise reste toutefois robuste, comme en témoigne l’annonce récente de John Wick 5. Ce retour attendu pourrait se matérialiser comme un ciment nouveau, renouvelant l’engouement et réaffirmant la place de Keanu Reeves en tête d’affiche. Les prochains spin-offs seront donc scrutés avec attention, la barre étant désormais placée très haut.
Pour une communauté de fans férus de sensations fortes et d’univers solides, Ballerina apparaît comme un rendez-vous manqué. La déception vient autant de la promesse non tenue que de la peur d’une dilution de la qualité dans la saga.
Les attentes clés des adeptes de la franchise et du genre sont :
Cette déception relative pousse les studios à ne pas se contenter du déjà-vu et à oser davantage tant sur le fond que la forme. La cinéphilie d’action, toujours exigeante, réclame un divertissement distrayant mais aussi intelligemment conçu, une équation difficile à maîtriser, comme l’illustre la genèse de Ballerina.
Les plateformes digitales jouent un rôle grandissant dans la réception critique et publique, accélérant le retournement des films jugés décevants. Cette dynamique impose aux studios comme Lionsgate de repenser leurs stratégies au risque de perdre la fidélité de leur public le plus engagé.