Origines et essor de la certification B Corp
La certification B Corp : un catalyseur d’apprentissage organisationnel et de développement durable
Le mouvement B Corp a été lancé en 2006 aux États-Unis par B Lab, une organisation à but non lucratif fondée par Jay Coen Gilbert, Bart Houlahan et Andrew Kassoy. Ces trois entrepreneurs partageaient une vision commune : utiliser la force du marché pour résoudre des problèmes sociaux et environnementaux.
Leur idée était de créer un label, la certification B Corp, accordé aux entreprises commerciales répondant à des normes élevées de performance sociale et environnementale. L’objectif : favoriser l’émergence d’un nouveau secteur économique, composé d’entreprises engagées envers le bien commun.
En 15 ans, la certification B Corp est passée de 19 entreprises labellisées à près de 4000 aujourd’hui. Le mouvement a connu une croissance fulgurante, porté par une multiplication des entités nationales de B Lab à travers le monde.
Cet essor témoigne de l’engouement croissant des entreprises pour des modèles économiques durables et à impact positif. La certification B Corp apparaît comme une solution crédible pour transformer le secteur privé de l’intérieur et insuffler le changement.
Processus d’obtention de la certification
Le processus d’obtention de la certification B Corp peut prendre jusqu’à 10 mois. Il repose sur trois piliers complémentaires :
Des critères de performance sociale et environnementale
L’entreprise doit obtenir une note minimale de 80/200 lors de l’évaluation d’impact B (BIA). Cet outil analyse cinq domaines : la gouvernance, les employés, la communauté, l’environnement et les clients.
Des preuves concrètes doivent être fournies pour justifier les réponses, à travers des documents comme des politiques, des indicateurs de performance ou des systèmes de management environnemental.
Une responsabilité juridique élargie
L’entreprise doit modifier ses statuts pour prendre en compte dans ses décisions les intérêts de toutes ses parties prenantes, et pas seulement de ses actionnaires.
Des exigences de transparence
L’entreprise certifiée B Corp s’engage à publier des informations sur son profil et son score obtenu lors de l’évaluation d’impact B.
Bénéfices et obstacles à l’obtention de la certification
Des bénéfices multiples
La certification B Corp présente de nombreux atouts pour les entreprises :
- Une approche holistique, avec une évaluation complète des pratiques et de la chaîne de valeur
- Un effet de réseau, en rejoignant une communauté d’entreprises partageant les mêmes valeurs
- Une crédibilité et une légitimité accrues vis-à-vis des parties prenantes
- Un outil de mesure de la performance extra-financière et d’amélioration continue
- Un avantage concurrentiel, en affichant son engagement sociétal
Des obstacles réels
L’obtention de la certification B Corp demande cependant des ressources humaines et financières conséquentes :
- Le processus est long et exigeant
- La collecte des informations et des justificatifs peut-être fastidieuse
- Les frais de certification et les changements organisationnels ont un coût
- Les petites structures sont parfois désavantagées face aux groupes multinationaux
Impact de la certification sur les pratiques RSE
Des progrès variables selon les entreprises
Les effets de la certification B Corp sur l’évolution des pratiques de responsabilité sociale et environnementale des entreprises sont disparates :
- Certaines formalisent des démarches RSE déjà existantes, avec une influence mesurée de la certification
- D’autres optimisent leurs politiques RSE de manière continue sous l’impulsion du label, correspondant à une influence notable
- Quelques unes opèrent des changements structurels en profondeur pour aligner leur modèle économique à l’impact recherché, traduisant une influence prédominante de la certification
L’enjeu de la constance des efforts
Le défi pour les entreprises certifiées B Corp est de maintenir un haut niveau d’exigence dans leur démarche RSE, même une fois la certification obtenue.
La communication de leurs progrès lors des re-certifications tous les 3 ans, ou la publication des mesures mises en place pour chaque domaine d’impact, pourraient permettre de renforcer la crédibilité du mouvement.
Conclusion
En définitive, la certification B Corp offre un cadre stimulant aux entreprises désireuses d’opérer une transition vers un modèle durable. Son exigence et sa rigueur apparaissent comme des forces pour crédibiliser la démarche des organisations labellisées.
Toutefois, l’influence du label sur les changements organisationnels dépend in fine du degré d’engagement de chaque entreprise en faveur de l’impact social et environnemental. Les effets vertueux de la certification restent conditionnés à une implication pérenne des équipes et à une remise en question constante des pratiques.
Le pari de B Lab ? Faire de la certification B Corp une norme incontournable, symbole d’un secteur privé réconcilié avec l’intérêt général. Le chemin est encore long, mais la dynamique positive est lancée.
