À quelle vitesse l’alcool est-il éliminé de notre système ?
L’une des questions qui revient le plus souvent est : « Combien de temps faut-il à notre corps pour éliminer complètement l’alcool que nous avons consommé ? ». C’est une excellente question, d’autant plus importante quand on sait que près de 30% des accidents mortels sur les routes en France sont liés à une consommation excessive d’alcool.
Dans cet article, je vais tâcher de répondre en détail à cette interrogation en m’appuyant sur les dernières connaissances scientifiques et médicales en la matière. Nous verrons d’abord ce qui se passe dans notre corps lorsque nous ingérons de l’alcool, puis nous examinerons les différents facteurs qui influencent la vitesse à laquelle l’alcool est éliminé. Enfin, nous aborderons les aspects réglementaires et les sanctions prévues par la loi en cas de conduite sous l’emprise de l’alcool.
Que se passe-t-il dans notre corps lorsque nous buvons de l’alcool ?
Lorsque nous consommons une boisson alcoolisée, l’alcool qu’elle contient passe très rapidement dans le sang. En effet, environ 20% de l’alcool absorbé est directement assimilé au niveau de l’estomac, et les 80% restants le sont dans l’intestin grêle. La particularité des molécules d’alcool est qu’elles sont très petites et se dissolvent facilement dans l’eau et le gras, qui sont les principaux constituants de notre corps. Elles n’ont donc pas besoin d’être transformées par des enzymes digestives pour passer dans le sang, ce qui explique la rapidité de diffusion de l’alcool dans l’organisme.
Une fois dans le sang, l’alcool se répartit dans tous les organes et tissus du corps. Le foie joue un rôle central dans le processus d’élimination de l’alcool, puisqu’il est chargé de filtrer le sang provenant du tube digestif avant qu’il ne soit redistribué dans le reste du corps. Le foie va progressivement décomposer l’alcool grâce à des enzymes spécifiques.
Mais le foie ne peut traiter qu’une quantité limitée d’alcool à la fois, de l’ordre de 0,10 à 0,15 gramme par litre de sang et par heure. La vitesse d’élimination dépend principalement de la quantité d’enzymes présentes dans le foie, qui semble être déterminée génétiquement et varie donc d’un individu à l’autre. D’autres facteurs comme le sexe, le poids ou l’habitude de consommation peuvent aussi influencer le rythme d’élimination de l’alcool.
En combien de temps un verre d’alcool est-il éliminé par l’organisme ?
En règle générale, on estime qu’il faut compter environ 2 heures au foie pour éliminer un verre « standard » d’alcool, c’est-à-dire contenant 10 grammes d’alcool pur (ce qui correspond à un demi de bière, un verre de vin ou encore un baby-whisky). Ce délai inclut la demi-heure nécessaire à la digestion si la boisson est consommée à jeun. L’alcoolémie, c’est-à-dire la concentration d’alcool dans le sang, baisse en moyenne de 0,10 à 0,15 g/L en une heure.
Les hommes éliminent en général l’alcool un peu plus rapidement que les femmes, à raison de 0,10 à 0,15 g/L par heure contre 0,085 à 0,10 g/L par heure pour ces dernières. Cela s’explique notamment par des différences dans la composition corporelle (proportion de graisse et d’eau) et par une moindre quantité d’enzymes consacrées à la dégradation de l’alcool chez les femmes.
Attention, ce ne sont que des moyennes qui peuvent varier sensiblement d’un individu à l’autre en fonction de différents facteurs comme le poids, la corpulence ou encore l’état de santé, en particulier celui du foie. Par exemple, chez une personne avec un foie abîmé, la vitesse d’élimination peut descendre à seulement 0,05 g/L par heure.
Un autre point important à noter est qu’il n’existe aucune « astuce » ou recette miracle permettant d’accélérer l’élimination de l’alcool. Contrairement à une idée reçue, boire du café, de l’eau ou encore prendre une douche froide n’a strictement aucun effet sur l’alcoolémie. Seul le temps permet de faire baisser le taux d’alcool dans le sang de façon naturelle, au rythme propre à chaque individu.
Quels sont les effets de l’alcool sur les capacités du conducteur ?
Au-delà d’un certain seuil, la présence d’alcool dans le sang a des effets négatifs sur les capacités nécessaires à la conduite d’un véhicule, et ce même si la personne ne ressent pas de signes apparents d’ivresse. Les effets de l’alcool sur le comportement apparaissent dès 0,2 gramme par litre de sang (soit un verre « standard »). On observe alors une tendance à l’euphorie et à la désinhibition qui se traduit au volant par une plus grande prise de risques.
À partir de 0,5 g/L, seuil légal maximum autorisé pour conduire en France, les effets négatifs de l’alcool sur la conduite sont déjà significatifs :
- Baisse de la vigilance et de l’attention
- Allongement du temps de réaction (le conducteur met plus de temps à réagir face à un danger)
- Altération de la coordination des mouvements
- Réduction du champ visuel et augmentation de la sensibilité à l’éblouissement
- Mauvaise estimation des distances
- Euphorie et prise de risque excessive
Concrètement, à 0,5 g/L la distance de freinage s’allonge de près de 8 mètres par rapport à un conducteur n’ayant pas bu, si on roule à 50 km/h. À 0,8 g/L, ce sont 12 mètres de plus. Des mètres qui peuvent faire toute la différence entre un simple coup de frein et un accident…
Au-delà de 0,8 g/L, les risques d’accident mortel sont multipliés par 10. À ce stade, les capacités nécessaires à la conduite sont fortement dégradées, avec des troubles importants de la vision, de l’équilibre et de la coordination. S’y ajoutent des modifications du comportement (agressivité, conduite dangereuse) et une forte somnolence due aux effets sédatifs de l’alcool.
Comment savoir si on est en état de conduire après avoir bu ?
La seule façon fiable de savoir si on est en-dessous de la limite légale est d’utiliser un éthylotest, en attendant au moins 30 minutes après le dernier verre. Il est important de toujours avoir un éthylotest à disposition dans son véhicule. C’est d’ailleurs une obligation légale depuis 2012, sous peine d’une amende de 11€.
Il existe deux types d’éthylotests :
- Les éthylotests chimiques à usage unique. Ils permettent, grâce à un réactif, de déterminer si l’alcoolémie se situe en-dessous ou au-dessus de la limite autorisée de 0,5 g/L.
- Les éthylotests électroniques. Plus précis, ils donnent une mesure chiffrée de la concentration d’alcool dans l’air expiré. Certains modèles sont réutilisables.
Attention cependant, même si votre éthylotest est négatif, cela ne veut pas dire que vous n’avez plus du tout d’alcool dans le sang. Des traces d’alcool restent détectables plusieurs heures après la dernière consommation : jusqu’à 6 heures dans le sang, 24 heures dans l’haleine et l’urine et même 3 mois dans les cheveux !
Rappelons qu’il est recommandé de ne pas consommer plus de 2 verres par jour pour les femmes et 3 verres par jour pour les hommes, avec au moins un jour par semaine sans consommation. Au-delà de ces repères, on parle de consommation à risque pour la santé. En cas de doute, le plus prudent est donc toujours de s’abstenir de prendre le volant, en se faisant raccompagner, en appelant un taxi ou en utilisant les transports en commun.
Que dit la loi en cas de contrôle ou d’accident sous l’emprise de l’alcool ?
Sur la route, tout conducteur peut être soumis par les forces de l’ordre à un dépistage d’alcoolémie. Le test est généralement pratiqué par éthylotest, le fameux « ballon » à usage unique. En cas de résultat positif ou de refus, le conducteur est emmené pour une vérification au poste à l’aide d’un éthylomètre homologué, plus précis. En cas d’accident ou si le conducteur n’est pas en état de souffler, une prise de sang peut être effectuée.
Depuis 1995, la limite légale est fixée à 0,5 g/L de sang (ou 0,25 mg/L d’air expiré). Pour les permis probatoires, un seuil plus restrictif de 0,2 g/L s’applique. Au-delà, les sanctions encourues vont de l’amende à la prison ferme, avec suspension ou annulation du permis :
- Entre 0,5 et 0,8 g/L : amende de 135€ et retrait de 6 points. Suspension possible du permis jusqu’à 3 ans.
- À partir de 0,8 g/L (délit) : amende jusqu’à 4500€, retrait de 6 points, suspension jusqu’à 3 ans voire annulation du permis, prison jusqu’à 2 ans. Stage obligatoire à vos frais.
- Récidive ou ivresse manifeste : amendes et peines de prison doublées, confiscation du véhicule.
En cas d’accident sous alcool ayant causé des blessures graves, les peines peuvent aller jusqu’à 5 ans de prison et 75000€ d’amende. S’il y a eu mort d’homme, on risque jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000€ d’amende. La conduite sous alcool n’est donc pas un délit anodin, c’est un comportement lourd de conséquences sur le plan pénal.
En conclusion
Au terme de cet article, vous l’aurez compris, la vitesse d’élimination de l’alcool est un processus long et variable d’un individu à l’autre. En moyenne, il faut compter 2 heures au foie pour dégrader un verre d’alcool standard, à raison de 0,10 à 0,15 g/L de sang par heure chez l’homme et 0,085 à 0,10 g/L chez la femme.
Mais au-delà de ces chiffres, retenez surtout qu’il n’y a pas de « recette miracle » pour accélérer l’élimination de l’alcool, et que ses effets sur les capacités de conduite se font sentir dès le premier verre. Alors si vous avez bu, ne prenez pas le risque de conduire. Vous mettriez en danger votre vie et celle des autres, sans compter les lourdes sanctions pénales encourues en cas d’infraction ou pire, d’accident.
En tant que blogueur responsable, je ne peux que vous encourager à la plus grande prudence. Les contrôles routiers d’alcoolémie se sont fortement renforcés ces dernières années et les parquets poursuivent de plus en plus sévèrement les conduites addictives. Alors faites preuve de discernement, et en cas de doute, n’hésitez pas à passer le volant ! Votre vie, et celle des autres usagers de la route, en dépendent.