TOP 100 des séries les plus incontournables de tous les temps

À l’ère du Peak TV, nous vivons une explosion sans précédent de séries de qualité. Des plateformes de streaming aux chaînes câblées en passant par les networks classiques, la télévision a produit d’innombrables séries cultes qui ont marqué des générations de spectateurs. Qu’il s’agisse de drames intenses, de comédies hilarantes, de thrillers haletants ou de fresques de science-fiction ambitieuses, certaines séries se sont imposées comme de véritables phénomènes culturels. Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon des 100 séries les plus incontournables de tous les temps, classées par genre. Préparez-vous à un voyage divertissant à travers l’histoire du petit écran, ponctué d’anecdotes surprenantes, de records d’audience et de statistiques frappantes qui témoignent de l’impact de ces séries légendaires.

📺 Résumé des séries incontournables : Cet article passe en revue 100 séries TV cultes classées par genre : drames à couper le souffle, comédies inoubliables, thrillers palpitants, épopées de science-fiction, univers fantastiques, animation marquante ou documentaires fascinants. Des classiques intemporels aux phénomènes récents de Netflix, d’HBO ou d’ailleurs, découvrez les séries les plus aimées du public et saluées par la critique. Nous évoquons leurs records d’audience (finale de M*A*S*H suivie par 106 millions de personnes !), leurs récompenses (par exemple, Game of Thrones et ses 59 Emmy Awards) et leur influence culturelle. De Les Soprano à Stranger Things, en passant par La Casa de Papel ou Squid Game, plongez dans un guide ultime des séries à voir absolument, tous genres confondus, pour tout sériephile qui se respecte.

🎭 Drame : les séries qui ont redéfini le genre

Le drame est le genre roi de l’âge d’or des séries TV, porté par des scénarios denses, des personnages fouillés et des productions soignées. Ces séries dramatiques ont souvent révolutionné la télévision par leur ambition narrative et leur profondeur psychologique. Elles cumulent les récompenses et les records et sont fréquemment citées parmi les meilleures séries de tous les temps. Voici les dramas incontournables qui ont marqué l’histoire du petit écran :

Les Soprano (1999–2007)

Les Soprano a souvent été qualifiée de « meilleure série de l’histoire » par les critiques. Ce drame mafieux signé HBO suit Tony Soprano, un parrain du New Jersey en proie à des crises d’angoisse qu’il confie à sa psychiatre. En mêlant la violence du milieu criminel aux tourments intimes d’un homme dépressif, la série a redéfini l’anti-héros à la télévision. Portée par l’interprétation magistrale de James Gandolfini, Les Soprano a passionné des millions de téléspectateurs jusqu’à une finale au suspense inouï, conclue par un fondu au noir audacieux. Lors de sa diffusion en 2007, le dernier épisode a rassemblé près de 11,9 millions de téléspectateurs aux États-Unis. Véritable phénomène culturel, la série a remporté 21 Emmy Awards et ouvert la voie à toute une vague de dramas de prestige centrés sur des anti-héros complexes.

The Wire (2002–2008)

Considérée par beaucoup comme un chef-d’œuvre du genre, The Wire (« Sur Écoute ») dépeint avec un réalisme quasi documentaire les rouages de la ville de Baltimore. Créée par l’ancien journaliste David Simon, la série explore cinq thématiques au fil de ses saisons (le trafic de drogue, le système portuaire, la politique, l’éducation, la presse), offrant une fresque sociale d’une rare ampleur. Son écriture exigeante et sa distribution essentiellement composée d’acteurs peu connus lui ont d’abord valu une audience modeste, mais The Wire a acquis un statut culte avec le temps. La puissance romanesque de la série – chaque saison s’apparente à un chapitre d’un grand roman américain moderne – a révélé des talents comme Idris Elba ou Michael B. Jordan. Souvent citée dans les classements des séries TV les plus marquantes, The Wire est aujourd’hui étudiée dans des cours d’université tant elle offre un regard sans concession sur les maux de la société urbaine américaine.

Breaking Bad (2008–2013)

Breaking Bad est le récit haletant de la transformation de Walter White, modeste professeur de chimie atteint d’un cancer, en baron impitoyable de la drogue. Encensée pour son scénario maîtrisé et la performance de Bryan Cranston, la série a captivé un public grandissant saison après saison. Diffusée sur AMC, elle a vu son audience exploser grâce au bouche-à-oreille et à Netflix, au point que l’épisode final a attiré 10,3 millions de téléspectateurs en 2013 – un record pour la chaîne, triplant presque l’audience de la saison précédente. Avec ses scènes mémorables (comme le fameux « I am the one who knocks! » lancé par Walter) et ses rebondissements chocs, Breaking Bad a récolté 16 Emmy Awards au cours de sa diffusion. La série est aujourd’hui notée 9,5/10 sur IMDb, figurant parmi les mieux notées de la plateforme par les fans. Véritable phénomène, elle a engendré un préquel à succès (Better Call Saul) et reste une référence absolue en matière de construction de tension dramatique.

Mad Men (2007–2015)

Plongée élégante dans l’univers des publicitaires new-yorkais des années 1960, Mad Men a fasciné par son authenticité historique et sa subtile critique sociale. On y suit Don Draper (incarné par Jon Hamm), directeur créatif charismatique aux multiples secrets, dans un monde en pleine mutation (émancipation des femmes, révolution des mœurs, etc.). Récompensée par 4 Golden Globes et 16 Emmy Awards, la série brille par son écriture raffinée et sa direction artistique impeccable (costumes et décors fidèlement reconstitués). Mad Men a non seulement relancé la mode rétro-sixties dans la pop culture, mais a aussi prouvé qu’un drame intimiste sur le monde du travail pouvait captiver le public. La série a ainsi engrangé jusqu’à 3 millions de téléspectateurs sur AMC à son apogée et reste un modèle de récit lent et sophistiqué. Son final tout en finesse – mêlant introspection et satire de la société de consommation – a laissé une empreinte durable, confirmant Mad Men comme l’une des séries dramatiques les plus influentes du 21e siècle.

Succession (2018–2023)

Succession est le drame contemporain qui a pris la relève de Mad Men et consorts en s’imposant comme la série phénomène des années 2020. Cette saga familiale produite par HBO suit la guerre de pouvoir au sein de la richissime famille Roy, à la tête d’un empire médiatique. Dialogues acérés, humour noir et jeux d’alliances pervers font tout le sel de cette série grinçante, souvent perçue comme une satire inspirée de dynasties réelles (les Murdoch, les Redstone…). Saluée pour son écriture au cordeau et les performances de Brian Cox ou Jeremy Strong, Succession a remporté l’Emmy Award de la Meilleure série dramatique à deux reprises. Le final de la série, diffusé en 2023, a tenu en haleine les fans du monde entier et rassemblé près de 2,9 millions de téléspectateurs en direct sur HBO (un record pour la série). Entre trahisons familiales et répliques cinglantes, Succession aura marqué son époque en dressant un portrait au vitriol du 1% le plus puissant, tout en demeurant diablement divertissante.

Six Feet Under (2001–2005)

Avant Succession, HBO s’était déjà illustrée avec Six Feet Under (ou Six Pieds sous Terre en VF), le drame familial créé par Alan Ball. Située dans une entreprise de pompes funèbres de Los Angeles, la série explore la vie et la mort à travers le quotidien de la famille Fisher. Chaque épisode commence par un décès différent, prétexte à aborder sans tabou des thèmes profonds : le deuil, la fragilité des liens familiaux, la quête de sens… Portée par un casting impeccable (Peter Krause, Michael C. Hall, Lauren Ambrose…), Six Feet Under a été louée pour sa sensibilité et son audace narrative. Son épisode final est souvent cité parmi les plus belles conclusions de série jamais réalisées, offrant un montage émouvant du destin final de chaque personnage sur fond de musique de Sia. La série a remporté 3 Golden Globes et 9 Emmy Awards, et reste un modèle de drame introspectif à la mise en scène soignée. Plus de 5 millions d’Américains étaient au rendez-vous pour son dernier épisode en 2005, preuve de l’attachement du public à cette œuvre à part, à la fois morose et lumineuse.

À la Maison Blanche (1999–2006)

À la Maison Blanche (The West Wing) nous plonge dans les coulisses palpitantes de la présidence américaine. Créée par Aaron Sorkin, cette série politique est réputée pour ses dialogues rapides et brillants, ses fameux « walk and talk » dans les couloirs de la West Wing, et sa vision idéalisée d’une administration progressiste dirigée par le Président Jed Bartlet (interprété par Martin Sheen). Diffusée sur NBC, À la Maison Blanche a remporté 26 Emmy Awards (dont 4 fois de suite celui de Meilleure série dramatique) – un record – grâce à son écriture ciselée et son casting impeccable (Allison Janney, Bradley Whitford, Rob Lowe…). La série a su traiter de sujets de société et de géopolitique complexes tout en restant divertissante et didactique. Si son audience est restée modeste (autour de 17 millions de téléspectateurs en moyenne aux USA au début, puis moins vers la fin), À la Maison Blanche a eu un impact majeur sur la culture populaire, inspirant toute une génération à s’intéresser à la politique. À tel point que d’anciens présidents américains ont confié avoir suivi la série assidûment !

Band of Brothers (2001)

Produite par Steven Spielberg et Tom Hanks, Band of Brothers (Frères d’Armes) est une minisérie dramatique de guerre en 10 épisodes, souvent citée comme un sommet du genre. Elle retrace l’épopée de la Easy Company, une unité aéroportée américaine, du débarquement en Normandie jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. D’une authenticité saisissante – les survivants réels témoignent d’ailleurs dans chaque épisode – la série mêle scènes de combat spectaculaires et portraits humains poignants des soldats. Diffusée sur HBO, Band of Brothers a remporté 7 Emmy Awards et 1 Golden Globe. Surtout, elle a touché un vaste public mondial, impressionné par sa qualité cinématographique. Aujourd’hui encore, Band of Brothers figure parmi les séries les mieux notées par les spectateurs (elle a longtemps occupé la première place du classement IMDb des séries). Un épisode en particulier, « Pourquoi nous combattons », révélant la découverte des camps de concentration, reste gravé dans les mémoires pour son intensité émotionnelle. Avec Band of Brothers, la télévision a prouvé qu’elle pouvait offrir le souffle épique du cinéma tout en développant sur la durée l’attachement aux personnages.

The Crown (2016–…)

Fresque historique somptueuse, The Crown dépeint le règne d’Élisabeth II et les coulisses de la monarchie britannique avec un faste et une précision rarement vus à l’écran. Produite par Netflix avec un budget pharaonique, la série reconstitue les grandes époques du XXe siècle – du Londres d’après-guerre aux années Thatcher – en changeant régulièrement de distribution à mesure que le temps passe (Claire Foy puis Olivia Colman, puis Imelda Staunton incarnent tour à tour la Reine). Ce drame élégant a été salué pour la qualité de son écriture et de sa réalisation. Il a remporté 21 Emmy Awards (dont Meilleure série dramatique en 2021) et séduit un large public international, fascinant même ceux qui ne s’intéressaient pas à la royauté. The Crown a régulièrement fait la une pour sa façon d’aborder des événements sensibles (la tragédie de Lady Diana, par exemple) et pour les performances bluffantes de ses acteurs, tels que John Lithgow en Winston Churchill ou Josh O’Connor en Prince Charles. Entre saga familiale et cours d’histoire vivante, The Crown s’est imposée comme l’une des séries dramatiques de référence de ces dernières années, prouvant le savoir-faire de Netflix dans la production de prestige.

Downton Abbey (2010–2015)

Avant The Crown, le public avait déjà succombé au charme britannique avec Downton Abbey. Cette série d’époque, créée par Julian Fellowes, nous transporte dans une propriété aristocratique anglaise du début du XXe siècle. Elle relate la vie de la famille Crawley et de leurs domestiques, de l’époque édouardienne aux années 1920, en traversant le choc du Titanic, la Grande Guerre puis les Années folles. Mêlant romance, drames intimes et commentaire social sur la rigide hiérarchie des classes, Downton Abbey a conquis le monde entier : diffusée d’abord sur ITV au Royaume-Uni puis sur les chaînes publiques ailleurs, elle a réuni jusqu’à 13 millions de téléspectateurs outre-Manche lors de ses specials de Noël. La série a remporté 15 Emmy Awards (un record pour une série non-américaine) et même un Golden Globe de la Meilleure minisérie. Son esthétique léchée et son casting brillant (Maggie Smith inoubliable en comtesse douairière à la repartie acérée) ont participé à son succès. Downton Abbey a tellement passionné qu’elle a donné lieu à deux films au cinéma par la suite (en 2019 et 2022). Une preuve de plus que les intrigues feutrées des salons anglais pouvaient émouvoir autant que les dramas contemporains les plus âpres.

Grey’s Anatomy (depuis 2005)

Impossible d’évoquer les séries dramatiques sans citer Grey’s Anatomy, véritable phénomène de la télévision américaine. Ce drama médical créé par Shonda Rhimes suit depuis plus de 18 saisons les tribulations des chirurgiens du Grey Sloan Memorial Hospital (anciennement Seattle Grace). Entre cas médicaux poignants, romances passionnelles et catastrophes spectaculaires, la série a su captiver un large public sur la durée. Grey’s Anatomy a lancé la mode des « médical dramas » modernes et révélé l’actrice Ellen Pompeo dans le rôle de Meredith Grey. Si la critique ne l’a pas toujours épargnée, la série reste un monument de la pop culture télévisuelle : en 2021, elle est devenue la série médicale la plus longue de l’histoire en nombre d’épisodes, dépassant la célèbre Urgences. Avec des audiences initialement colossales (jusqu’à 25 millions de téléspectateurs aux États-Unis lors de certaines saisons), Grey’s Anatomy a connu un succès mondial et inspiré plusieurs spin-offs. Même après plus de 15 ans, la série continue de toucher le cœur du public, preuve que son mélange de larmes, de rires et de rebondissements sentimentaux demeure efficace. Son influence se mesure aussi à la génération de showrunners qu’elle a inspirée, Shonda Rhimes étant devenue l’une des productrices les plus puissantes de l’industrie.

This Is Us (2016–2022)

Dans la catégorie « drame familial émouvant », This Is Us occupe une place de choix. Lancée sur NBC en 2016, cette série a immédiatement conquis le public par son récit choral mêlant plusieurs époques. On y suit les membres de la famille Pearson à différents moments de leur vie, les intrigues naviguant entre le passé (les parents dans les années 1980), le présent de leurs enfants trentenaires, et parfois le futur. Jouant habilement sur les révélations et les ellipses temporelles, This Is Us parvient à tirer des larmes comme peu de séries savent le faire, sans jamais tomber dans le larmoyant gratuit. La série a été saluée pour la diversité de ses thèmes (adoption, deuil, traumatismes, racisme, etc.) et son casting impeccable (Sterling K. Brown a remporté un Emmy pour son rôle de Randall Pearson). This Is Us a rapidement engrangé des audiences solides (plus de 14 millions de téléspectateurs aux USA pour son pilote, un record en streaming différé) et s’est imposée comme le drama familial par excellence de la fin des années 2010. Sa conclusion en 2022, après six saisons, a ému aux larmes des fans du monde entier qui avaient l’impression de faire partie de la famille Pearson. Preuve du phénomène, l’expression « Histoire qui fait pleurer comme This Is Us » est presque devenue un mème pour désigner une œuvre particulièrement touchante.

Transparent (2014–2019)

Les plateformes de streaming ont aussi apporté leur pierre au genre dramatique, notamment avec Transparent, série d’Amazon Prime Video. Créée par Jill Soloway, cette dramédie intime suit la famille Pfefferman, dont le patriarche (interprété par Jeffrey Tambor) dévoile à 70 ans sa transidentité et entame sa transition pour devenir Maura. La série aborde avec finesse les questions d’identité de genre, de sexualité et de dynamiques familiales, avec un ton à la fois tendre et volontiers caustique. Transparent a été largement saluée par la critique pour son sujet novateur et son authenticité (elle a notamment fait appel à de nombreuses personnes transgenres dans l’équipe de réalisation et devant la caméra). Récompensée par 8 Emmy Awards et 2 Golden Globes, elle a contribué à une meilleure visibilité LGBTQ+ à la télévision. Sur le plan de l’audience, Transparent a connu un succès d’estime plus qu’un raz-de-marée populaire, mais elle a fidélisé un public engagé sur Amazon. La série s’est conclue par un épisode musical spécial en 2019, après 4 saisons acclamées, laissant un héritage important dans la représentation des minorités de genre à l’écran.

Le Bureau des légendes (2015–2020)

Les séries dramatiques françaises ont également gagné leurs lettres de noblesse ces dernières années, à l’image du Bureau des légendes. Ce thriller d’espionnage à la réalisation soignée, créé par Éric Rochant, suit les agents de la DGSE (services secrets français) plongés dans de périlleuses missions sous couverture à l’étranger. Porté par Mathieu Kassovitz dans le rôle de « Malotru », un espion dont l’attachement à une femme va compromettre la double vie, Le Bureau des légendes a été salué pour son réalisme et son écriture précise. Souvent décrit comme « la meilleure série française » de sa décennie, il a aussi conquis la critique internationale – le New York Times l’a citée parmi les meilleures séries non anglophones. Diffusée sur Canal+, la série a connu un succès d’audience confidentiel mais croissant grâce au streaming et au bouche-à-oreille, incarnant le renouveau des séries françaises de qualité. Sur cinq saisons, Le Bureau des légendes a su mêler drame humain et géopolitique, offrant une plongée captivante dans les arcanes du renseignement. Son influence se mesure au fait qu’elle a ouvert la voie à d’autres séries françaises ambitieuses appréciées à l’étranger, tout en prouvant qu’un drame d’espionnage pouvait aussi émouvoir et questionner sur l’identité et le sacrifice.

😂 Comédie : fou rires et séries cultes à l’humour inoubliable

Place au rire avec les séries comiques qui ont égayé nos écrans. Des sitcoms classiques aux comédies modernes irrévérencieuses, ces shows ont le pouvoir de rassembler les générations devant des répliques cultes et des personnages hauts en couleur. La comédie TV a connu des évolutions majeures, passant du format multi-caméra avec rires enregistrés aux mockumentaires et à l’humour plus mordant de la câble et du streaming. Voici les séries humoristiques incontournables qui ont marqué l’histoire du petit écran, prouvant que le petit écran est un terrain fertile pour l’art du gag et de la satire :

Friends (1994–2004)

Friends est sans conteste la sitcom la plus emblématique des années 90. Durant 10 saisons, le monde entier a suivi le quotidien de ce groupe de six amis new-yorkais – Rachel, Ross, Monica, Chandler, Joey et Phoebe – attablés au Central Perk. Créée par Marta Kauffman et David Crane, Friends a conquis le public grâce à ses personnages attachants, ses dialogues hilarants et ses situations comiques universelles. La série a connu un succès phénoménal : son épisode final a été suivi en mai 2004 par 52,5 millions de téléspectateurs rien qu’aux États-Unis, en faisant la finale de sitcom la plus regardée de la décennie. Avec ses expressions cultes (« On avait rompu ! », « Pivot ! ») et ses scènes devenues mythiques (le canapé dans l’escalier, la dinde sur la tête, etc.), Friends a laissé une empreinte durable. Plus de 25 ans après ses débuts, la série reste incroyablement populaire en streaming – elle figurait encore parmi les séries les plus visionnées sur Netflix en 2018 – et a même eu droit à une émission spéciale de retrouvailles en 2021. Véritable phénomène de société, Friends continue de faire rire et de toucher de nouvelles générations avec son humour et sa chaleur humaine intemporels.

Seinfeld (1989–1998)

Surnommée « la série qui ne parle de rien », Seinfeld a révolutionné la sitcom avec son humour d’observation unique et son ton cynique. Créée par Jerry Seinfeld et Larry David, cette comédie met en scène le quotidien absurde de Jerry (dans son propre rôle de comédien new-yorkais) et de sa bande d’amis excentriques – George, Elaine et Kramer – aux prises avec les petites misères de la vie urbaine. Seinfeld a osé briser de nombreux tabous (un épisode entier tourne autour d’un pari sur la masturbation sans jamais prononcer le mot) et a introduit un style plus sarcastique à la télévision. Au sommet de sa popularité, la série a rassemblé jusqu’à 30 millions de téléspectateurs par épisode aux États-Unis. Son final en 1998 a été un événement national suivi par 76 millions d’Américains. La série a également enrichi la langue anglaise de nombreuses expressions (le « yada yada yada », le « double dip », le « close talker »…). Encore aujourd’hui, Seinfeld est régulièrement citée dans les classements des meilleures comédies TV. Son influence sur la comédie est immense, et de nombreux humoristes et scénaristes la considèrent comme une bible de l’écriture comique.

The Office (2005–2013)

The Office (version américaine) a su transformer le banal quotidien d’un bureau en Pennsylvanie en un festival d’humour désopilant. Adaptée de la série britannique de Ricky Gervais, la version US a pris son envol avec Steve Carell dans le rôle inoubliable de Michael Scott, patron maladroit et attachant de la société de papier Dunder Mifflin. Tournée façon mockumentary (faux documentaire), caméra à l’épaule et regards complices vers l’objectif, The Office a popularisé ce style dans les années 2000. Entre les blagues douteuses de Michael, les farces de Jim à l’égard de Dwight, et la romance will-they-won’t-they de Jim et Pam, la série a offert des moments cultissimes au fil de ses 9 saisons. D’abord confidentielle, l’audience a explosé grâce au streaming : dans les années 2010, The Office était régulièrement la série la plus marathonnée sur Netflix aux États-Unis. Aujourd’hui encore, ses répliques et situations continuent de générer des mèmes sur internet. La force de The Office réside dans son humour à la fois grinçant et bienveillant envers ses personnages. Lauréate de 5 Emmy Awards (dont Meilleure comédie en 2006), elle a lancé la carrière de nombreux acteurs (John Krasinski, Mindy Kaling, Ed Helms…) et demeure, plus de quinze ans après ses débuts, une référence absolue en matière de comédie en milieu de travail.

Fawlty Towers (1975–1979)

Retour aux classiques britanniques avec Fawlty Towers, perle de l’humour anglais créée par John Cleese (des Monty Python). En seulement 12 épisodes cultes, cette sitcom des années 70 suit les déboires de Basil Fawlty, hôtelier colérique et maladivement snob, dans son petit hôtel de Torquay. Slapstick, quiproquos et dialogues cinglants s’enchaînent à un rythme effréné, portés par le génie comique de Cleese dans le rôle principal. Malgré sa courte durée de vie, Fawlty Towers est régulièrement sacrée « meilleure sitcom britannique de tous les temps » dans les sondages outre-Manche. Les épisodes comme « The Germans » (où Basil injurie des clients allemands en hurlant « Don’t mention the war! ») ou « Communication Problems » (avec la cliente acariâtre Mrs. Richards) sont entrés dans la légende de la télévision. L’impact de Fawlty Towers sur la comédie est tel que de nombreuses séries ont tenté d’imiter son format (sans atteindre le même brio) et que le personnage de Basil Fawlty a inspiré une foule d’autres figures d’hommes odieux mais hilarants. Plus de 40 ans après, l’hôtel Fawlty Towers demeure l’adresse fictive la plus courue des amateurs d’humour absurde.

Monty Python’s Flying Circus (1969–1974)

Quelques années avant Fawlty Towers, un autre OVNI avait déjà révolutionné l’humour à la télévision : Monty Python’s Flying Circus. Ce show délirant, créé par la troupe des Monty Python (Cleese, Palin, Jones, Idle, Gilliam, Chapman), a dynamité l’art du sketch télévisé avec un nonsense très britannique mâtiné de satire sociale. Diffusé sur la BBC à partir de 1969, le Flying Circus enchaînait les sketches incongrus – de l’« Agence Tout-Succès » aux chevaliers qui disent “Ni” – souvent reliés par des animations surréalistes de Terry Gilliam. Si la réalisation était fauchée et le public de l’époque quelque peu déconcerté, l’influence du show a été immense sur l’humour mondial. Des expressions comme « Nobody expects the Spanish Inquisition! » ou le « Ministry of Silly Walks » sont connues bien au-delà des frontières britanniques. Après 45 épisodes, les Monty Python ont arrêté l’émission en 1974 pour se consacrer au cinéma (La Vie de Brian, Le Sacré Graal…), mais le Flying Circus reste vénéré des fans. Classé parmi les meilleures séries comiques de tous les temps, il a ouvert la voie à un humour plus audacieux et absurde sur le petit écran, inspirant notamment des émissions comme Saturday Night Live aux États-Unis. Bref, une influence énôôôôrme.

How I Met Your Mother (2005–2014)

Dans la lignée de Friends, How I Met Your Mother a su redonner un coup de frais à la sitcom traditionnelle dans les années 2000. Racontée en flashbacks par un narrateur qui explique à ses enfants « comment il a rencontré leur mère », la série suit les péripéties sentimentales et amicales de Ted Mosby et de sa bande inséparable à New York (Marshall, Lily, Robin et l’inénarrable Barney Stinson). Jouant astucieusement avec la chronologie et les points de vue, HIMYM a multiplié les trouvailles narratives tout en offrant des gags mémorables (le playbook de Barney, le pari de la gifle, la chanson « Nothing Suits Me Like a Suit », etc.). La série a rapidement fédéré un public de fans à l’humour geek, et ses répliques cultes – « Legen… wait for it… dary! » – sont entrées dans le langage courant. Diffusée sur CBS, elle a culminé à plus de 10 millions de téléspectateurs aux USA vers la saison 5. Certes, son final controversé a divisé les fans, mais plus d’une dizaine d’années après ses débuts, How I Met Your Mother reste une sitcom très aimée, souvent binge-watchée par les nostalgiques de cette bande d’amis hauts en couleur. Elle a prouvé que la recette classique de la sitcom multi-caméras pouvait encore innover à l’ère moderne, en mixant humour bon enfant et structure de récit originale.

Curb Your Enthusiasm (depuis 2000)

Pour un humour plus grinçant et « cringe », HBO a proposé avec Curb Your Enthusiasm (Larry et son nombril en VF) une comédie quasi documentaire où Larry David (le co-créateur de Seinfeld) joue sa propre version exagérée. On suit son quotidien à Los Angeles, parsemé de quiproquos gênants, d’indignations anodines et de conflits absurdes avec son entourage. Improvisée à partir d’une trame, la série pousse l’art de l’embarras à son paroxysme, Larry David n’hésitant jamais à dire tout haut ce qui ne se fait pas. Depuis 20 ans, Curb revient par vagues (11 saisons à ce jour) et reste étonnamment constante dans la qualité comique. Certaines situations sont devenues mythiques (la rivalité avec un certain Mike « Heidi » qu’il refuse de saluer, l’épisode de « la femme du chemisier », etc.). Si son audience reste limitée aux abonnés HBO, la série jouit d’une aura culte auprès des amateurs d’humour sans filtre. Larry David y apparaît comme un « héros du politiquement incorrect », incarnant toutes les pensées mesquines ou irritations du quotidien que nous n’osons pas exprimer. Son influence est perceptible dans la vague des comédies malaisantes qui ont suivi (The Office UK, Louie, etc.). Bref, Curb Your Enthusiasm est l’une des comédies les plus originales et durablement drôles de la télé US, prouvant qu’on peut faire rire simplement en exposant l’égoïsme et la maladresse sociale dans toute leur splendeur.

Arrested Development (2003–2019)

Acclamée par la critique pour son humour sophistiqué et son écriture millimétrée, Arrested Development est une sitcom qui a acquis un statut culte malgré des audiences confidentielles à l’origine. La série suit la famille Bluth, riches promoteurs immobiliers de Los Angeles tombés en disgrâce après l’incarcération du patriarche. Jason Bateman y incarne Michael, le seul fils « normal » qui tente de gérer les frasques de sa famille dysfonctionnelle – entre une mère manipulatrice, un frère magicien raté, un autre complètement immature et une sœur dépensière. Dotée d’une voix off omniprésente (celle de Ron Howard) et de running gags en cascade, Arrested Development regorge de références et de blagues cachées qui récompensent les visionnages répétés. Bien qu’encensée (6 Emmy Awards dont Meilleure comédie en 2004), la série a été annulée au bout de 3 saisons faute d’audience. Mais le soutien fervent de sa base de fans a poussé Netflix à la ressusciter en 2013 pour une saison 4, puis une 5. Même si le revival a divisé, la réputation d’Arrested Development reste intacte : elle figure régulièrement dans les listes des comédies les plus marquantes. Avec son humour absurdement intelligent et ses personnages inoubliables (le fantasque Gob, l’opportuniste Tobias Fünke…), la série a influencé toute une génération de créateurs de comédies TV.

It’s Always Sunny in Philadelphia (depuis 2005)

Déjantée, politiquement incorrecte et fièrement fauchée, It’s Always Sunny in Philadelphia est devenue au fil du temps la sitcom live-action la plus longue de l’histoire de la télé US. Créée et jouée par Rob McElhenney, Glenn Howerton et Charlie Day (rejoints par Danny DeVito dès la saison 2), la série suit les magouilles amorales de « The Gang », un groupe d’amis toxiques gérant un pub irlandais crasseux à Philadelphie. Aucune limite pour ces anti-héros égoïstes et sans scrupules : racisme, alcoolisme, exploitation… Always Sunny tourne en dérision les pires comportements humains dans des épisodes souvent barrés (la parodie de L’Arme Fatale, l’inoubliable comédie musicale de « L’Hôte de l’Enfer », etc.). Diffusée sur FX puis FXX, la série a débuté modestement en 2005 mais a acquis une base de fans très fidèles grâce à son humour noir et son énergie punk. Aujourd’hui, elle en est à plus de 15 saisons et 162 épisodes, un record pour une comédie live. Même si son audience n’est pas massive, It’s Always Sunny a une influence notable sur l’humour télévisé contemporain grâce à sa longévité et sa cohérence. Elle a prouvé qu’avec un petit budget mais des idées folles et une alchimie d’acteurs, on pouvait tenir en haleine les amateurs de comédie sur la durée. Et surtout, elle nous a donné une des chansons les plus entêtantes de la télé : le fameux « Dayman » !

Scrubs (2001–2010)

Dans la catégorie comédie médicale, Scrubs occupe une place à part avec son mélange d’humour loufoque et d’émotion sincère. La série suit J.D. (Zach Braff), jeune interne en médecine, et son meilleur ami Turk dans les couloirs du Sacré Cœur, un hôpital où les fantasmes les plus fous de J.D. prennent vie à l’écran sous forme de sketches imaginaires. Répliques cultes, gags slapstick et running gags (le concierge malveillant, le Dr Cox et ses sermons à rallonge, etc.) foisonnent, faisant de Scrubs l’une des sitcoms les plus inventives de son époque. Mais la série savait aussi aborder des thèmes graves avec une émotion surprenante, passant du rire aux larmes en un instant – beaucoup se souviennent de l’épisode poignant « My Screw Up » ou de la chanson « How to Save a Life » accompagnant un montage tragique. Diffusé sur NBC puis ABC, Scrubs a connu une popularité honorable (jusqu’à 15 millions de téléspectateurs à son pic) et a remporté 2 Emmy Awards. Elle a surtout acquis un statut culte auprès de toute une génération de fans qui se reconnaissaient dans ses personnages maladroits et attachants. Même plus d’une décennie après sa fin, Scrubs reste une référence, au point qu’un podcast de rewatch par Zach Braff et Donald Faison cartonne aujourd’hui. Un bel exemple d’une série feel-good sachant aussi avoir du cœur.

Fleabag (2016–2019)

Enfin, comment ne pas citer la brillante comédie dramatique Fleabag ? Création de la talentueuse Phoebe Waller-Bridge, cette série britannique en deux saisons a provoqué un véritable petit séisme culturel. En brisant constamment le quatrième mur, l’héroïne (surnommée Fleabag, interprétée par Waller-Bridge elle-même) nous prend à témoin de ses pensées les plus intimes et de sa vie chaotique dans le Londres contemporain. Oscillant entre humour ravageur et mélancolie, Fleabag aborde frontalement la sexualité, le deuil, la culpabilité, avec un ton d’une sincérité désarmante. La saison 2, introduisant le personnage du « prêtre sexy » (Andrew Scott), a achevé de rendre la série iconique. Acclamée de toutes parts, Fleabag a remporté 6 Emmy Awards (dont meilleure actrice et meilleure série comique en 2019). Au-delà des chiffres, elle a marqué les esprits : Rolling Stone l’a classée 5e meilleure série de tous les temps, rien de moins. Véritable bijou d’écriture en forme de montagnes russes émotionnelles, Fleabag a prouvé que la comédie pouvait être à la fois férocement drôle et infiniment poignante. Phoebe Waller-Bridge, désormais très sollicitée à Hollywood, a choisi de s’arrêter au sommet de son art, faisant de Fleabag une œuvre courte mais parfaite, à l’humour grinçant et au cœur grand ouvert.

🔪 Thriller & Policier : crimes, mystères et sueurs froides

Accélérons le rythme avec les séries de thriller, crime et policier qui nous ont tenus en haleine. Ces shows mêlent suspense, enquêtes haletantes, intrigues criminelles et parfois action pure, nous laissant souvent exsangues au générique de fin. Des mafieux aux agents du FBI, en passant par les braqueurs et les détectives tourmentés, le genre thriller/policier a engendré des séries parmi les plus addictives de l’histoire. Plusieurs dramas déjà cités (comme Les Soprano ou Breaking Bad) auraient pu figurer ici, mais nous avons privilégié d’autres œuvres emblématiques, souvent plus centrées sur l’enquête ou la tension criminelle. Bouclez votre ceinture, voici les séries thriller/policières incontournables :

True Detective (2014–…)

True Detective a frappé un grand coup dès sa première saison en 2014 en proposant un récit policier anthologique à l’esthétique léchée, digne d’un film noir. La saison 1, devenue culte, suit deux enquêteurs (interprétés par Matthew McConaughey et Woody Harrelson) traquant un tueur en série satanique en Louisiane, sur une vingtaine d’années. Atmosphère poisseuse, dialogues philosophiques de Rust Cohle sur le temps et la mort, réalisation magistrale de Cary Fukunaga (dont un fameux plan-séquence de 6 minutes) – la série HBO a captivé le public et la critique, atteignant plus de 11 millions de spectateurs en moyenne par épisode en incluant le streaming. Après ce coup d’éclat, chaque saison de True Detective propose une nouvelle intrigue, avec un casting et un lieu différents (Colin Farrell et Rachel McAdams en Californie pour la S2, Mahershala Ali dans les Ozarks pour la S3). Si les saisons 2 et 3 ont eu un accueil plus mitigé, la série reste une référence du néo-noir télévisuel, repoussant les limites du genre sur le petit écran. Elle a par ailleurs contribué à lancer la vogue des grands acteurs de cinéma s’essayant aux séries TV. Une saison 4 est en préparation, preuve que le concept a encore de quoi nous faire frissonner.

Fargo (2014–…)

Inspirée du film culte des frères Coen, la série Fargo a su brillamment transposer l’esprit inimitable de leurs polars décalés sur le format télévisuel. Chaque saison (anthologique) de cette création de Noah Hawley raconte une histoire criminelle différente dans le Minnesota et ses environs, avec pour point commun un humour noir grinçant et des situations aussi violentes qu’absurdes. Qu’il s’agisse de Lester Nygaard (Martin Freeman) entraîné dans une spirale meurtrière par un tueur philosophe joué par Billy Bob Thornton en saison 1, ou de la rivalité entre deux frères jumeaux incarnés par Ewan McGregor en saison 3, Fargo surprend constamment le spectateur. La série a été saluée pour son écriture ciselée et sa mise en scène inventive. Lauréate de 6 Emmy Awards, elle a également attiré de prestigieux acteurs à chaque saison (Kirsten Dunst, Patrick Wilson, Chris Rock, etc.). Si elle multiplie les clins d’œil aux films des Coen, Fargo a su trouver sa propre voix et a contribué à ancrer le genre du « Midwest noir » à la télévision. Diffusée sur FX, elle a rencontré un joli succès critique et d’estime – sa première saison, diffusée en 2014, a par exemple réuni en moyenne 2 millions de téléspectateurs en live, ce qui est honorable pour une mini-série câblée. La série continue à explorer les tréfonds criminels de l’Amérique profonde, une quatrième saison (avec Chris Rock) ayant été diffusée en 2020 et une cinquième attendue en 2023. Un signe que l’humour grinçant de Fargo a encore de beaux jours devant lui.

Narcos (2015–2017)

Avec Narcos, Netflix a plongé les spectateurs au cœur de la traque du narcotrafiquant le plus célèbre du monde : Pablo Escobar. Mi-série policière, mi-saga historique, Narcos retrace dans ses deux premières saisons l’ascension et la chute d’Escobar (incarné brillamment par Wagner Moura) dans la Colombie des années 1980, face aux agents de la DEA déterminés à l’arrêter. Tournée en grande partie en espagnol pour rester authentique, la série n’a pas fait l’impasse sur la violence extrême du cartel de Medellín tout en humanisant par moments son personnage principal, présenté tantôt comme un monstre, tantôt comme un père de famille aimant. Narcos a connu un succès international, contribuant à populariser les séries en langue espagnole auprès du public anglo-saxon. La performance de Wagner Moura – qui a dû apprendre l’espagnol spécialement pour le rôle – a été saluée, et la série a même été nommée aux Golden Globes. En s’appuyant sur des faits réels, elle a su maintenir un suspense haletant, quitte à prendre quelques libertés avec l’Histoire. La troisième saison s’est intéressée au cartel de Cali après la mort d’Escobar, et le concept a donné naissance à un spin-off, Narcos: Mexico, consacré aux cartels mexicains. Si l’aspect didactique de la série (avec la voix-off de l’agent Murphy) a parfois été critiqué, Narcos reste une réussite majeure du genre crime/thriller, ayant tenu en haleine des millions de spectateurs fascinés par l’ère des « narcos ». En 2017, elle figurait d’ailleurs parmi les séries les plus binge-watchées sur Netflix, signe de son fort pouvoir d’addiction.

La Casa de Papel (2017–2021)

Phénomène planétaire inattendu, La Casa de Papel (ou Money Heist à l’international) a démontré la puissance du streaming pour propulser une série locale au rang de blockbuster mondial. Cette série espagnole, créée par Álex Pina, raconte le braquage spectaculaire de la Fabrique nationale de la monnaie par un groupe de braqueurs portant des combinaisons rouges et des masques de Salvador Dalí. Menés par le mystérieux « Professeur », Tokyo, Nairobi, Rio, Berlin et consorts vont déchaîner un véritable chaos médiatique autour de leur acte de résistance monétaire. D’abord diffusée sur une chaîne espagnole en 2017 sans faire trop de vagues, la série a été reprise par Netflix qui l’a reformatée et promue à l’international. Résultat : en 2018, La Casa de Papel est devenue la série non-anglophone la plus regardée sur la plateforme, créant un engouement énorme du Brésil à la Turquie. L’iconographie forte (les fameux masques Dalí), la chanson « Bella Ciao » entonnée par les héros et les multiples cliffhangers ont rendu la série addictive. Malgré un scénario parfois rocambolesque, le public a adhéré à fond – jusqu’à se déguiser en braqueurs Dalí pour Halloween dans le monde entier. Netflix a commandé des saisons supplémentaires (jusqu’à la partie 5 en 2021) pour satisfaire la demande. La Casa de Papel a ainsi démontré qu’une série espagnole pouvait « percer le zeitgeist culturel global » grâce au streaming, au même titre que les grands shows américains. En Espagne, elle a même engendré un regain d’intérêt touristique pour la Maison de la Monnaie ! Son héritage perdure avec un spin-off centré sur le personnage de Berlin et une adaptation sud-coréenne. Une réussite emblématique de l’ère Netflix.

Engrenages (2005–2020)

Pionnière du renouveau des séries policières françaises, Engrenages (diffusée sur Canal+) a proposé pendant 8 saisons une plongée crue dans la chaîne pénale française. Ce polar sombre suit à Paris une capitaine de police déterminée (Caroline Proust), un juge d’instruction idéaliste, une procureure intraitable et un avocat borderline, face à des affaires criminelles complexes. Avec son traitement ultra-réaliste des procédures (le jargon judiciaire, les scènes de crime glauques, la dureté du métier de flic), Engrenages a séduit d’abord un public français, puis a été exportée avec succès dans plus de 70 pays, notamment au Royaume-Uni sous le titre Spiral. Elle a ainsi ouvert la voie à l’exportation des fictions hexagonales. Côté critique, la série a été saluée pour son écriture serrée et ses personnages nuancés englués dans un système souvent imparfait – le titre Engrenages reflétant bien l’engrenage judiciaire qui broie victimes comme enquêteurs. Lauréate de l’International Emmy Award de la meilleure série étrangère en 2015, Engrenages a prouvé que la France pouvait rivaliser avec le polar scandinave ou anglo-saxon. Sa longévité (15 ans à l’antenne) témoigne de son succès continu. Beaucoup considèrent que sans Engrenages, des séries comme Le Bureau des légendes n’auraient peut-être pas eu le même accueil. Un pilier du genre, à la française.

Sherlock (2010–2017)

Le plus célèbre détective du monde a trouvé avec Sherlock une adaptation moderne brillante et audacieuse. Co-produite par la BBC, cette série transpose Sherlock Holmes et John Watson dans le Londres du XXIe siècle, avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman dans les rôles principaux. Chaque épisode (long de 90 minutes) est un téléfilm adaptant librement une des enquêtes d’Arthur Conan Doyle, mais avec smartphones, GPS et médias en ligne à la clé. Sherlock a été unanimement saluée pour son intelligence narrative, ses dialogues vifs et la performance charismatique de Cumberbatch en Holmes high-functioning sociopath hyperactif. Le public a également été conquis : la série a réalisé d’excellentes audiences au Royaume-Uni (jusqu’à 11 millions de téléspectateurs sur BBC One) et a connu un engouement mondial via internet – la fanbase de « Sherlocked » est massive sur les réseaux sociaux. En quatre saisons (plus un épisode spécial victorien), Sherlock a récolté de nombreuses récompenses (Emmy Awards du meilleur acteur et du meilleur téléfilm notamment) et a relancé la mode des adaptations de Sherlock Holmes à l’écran. Elle a aussi propulsé Benedict Cumberbatch au rang de star internationale. Au-delà de ses intrigues astucieuses, la série a marqué par sa réalisation inventive (les textos s’affichant à l’écran, le « Mind Palace » de Sherlock visuellement représenté) et par la dynamique moderne du duo Sherlock/Watson. Un véritable coup de jeune donné à un classique indémodable, qui reste une référence du thriller d’enquête télévisé de ce début de siècle.

Dexter (2006–2013)

Dans un registre plus sombre et moralement ambigu, Dexter a tenu le public en haleine en l’invitant dans l’esprit d’un tueur en série pas comme les autres. Dexter Morgan (incarné par Michael C. Hall) est expert médico-légal en traces de sang le jour… et justicier meurtrier la nuit, ne ciblant que des criminels ayant échappé à la justice. Ce postulat audacieux a immédiatement séduit lors du lancement sur Showtime en 2006. La série a su créer un suspense constant autour du risque d’exposition de la double vie de Dexter, tout en questionnant le spectateur : peut-on sympathiser avec un tueur, fût-il « vertueux » dans le choix de ses victimes ? Servie par la voix-off glaçante du protagoniste et des « villains » mémorables à chaque saison (le Tueur de Glace, le Trinité Killer…), Dexter a connu un succès grandissant, culminant à plus de 2,5 millions de fidèles en direct sur la chaîne (un record pour Showtime). La série a également engrangé les récompenses, valant à Michael C. Hall un Golden Globe en 2010. Si la fin originale en 2013 a beaucoup déçu les fans, cela n’a pas entamé la popularité du personnage – au point qu’une saison revival Dexter: New Blood a vu le jour en 2021. Dexter a prouvé qu’une série pouvait nous faire aimer un « monstre » et a ouvert la voie à d’autres fictions du point de vue des criminels. Elle reste une œuvre phare du thriller psychologique, oscillant entre horreur, humour noir et tragédie.

Oz (1997–2003)

Avant The Wire ou Les Soprano, HBO avait brisé un tabou avec Oz, l’une des premières séries dramatiques de la chaîne, se déroulant intégralement en prison. Ce thriller carcéral sans concession suit le quotidien brutal des détenus de la prison d’Oswald (surnommée « Oz ») et plus particulièrement d’un bloc expérimental surnommé Emerald City. Meurtres, émeutes, trafics de drogue, luttes de pouvoir entre gangs de détenus et violence omniprésente – Oz choque par son réalisme cru et sa noirceur, n’épargnant ni les prisonniers ni les gardiens. La série a marqué par son absence de personnage principal unique : c’est une galerie chorale où chacun peut mourir à tout instant. Portée par des acteurs impressionnants (J.K. Simmons terrifiant en chef Aryen, Harold Perrineau comme narrateur en fauteuil roulant), elle a repoussé les limites de ce qu’on pouvait montrer à la télévision à la fin des années 90. Certes, Oz n’a jamais attiré une audience massive, mais son impact artistique a été immense : elle a prouvé que HBO pouvait offrir des dramas matures et audacieux, ouvrant la voie au « nouvel âge d’or » de la chaîne. En 6 saisons, Oz a accumulé les scènes chocs restées gravées dans la mémoire des sériephiles (certains épisodes sont de vrais traumatismes). Souvent citée par les showrunners actuels comme une référence fondatrice, Oz demeure la série carcérale de référence, un thriller implacable qui ne vous lâche pas.

24 heures chrono (2001–2010)

Dans la catégorie thriller d’action pure, 24 (24 heures chrono) a apporté une innovation majeure : l’ultra-temps réel. Chaque saison de la série suit une journée (24 heures) de la vie de Jack Bauer, agent de la Cellule Anti-Terroriste de Los Angeles, en 24 épisodes correspondant chacun à une heure de cette journée, minute pour minute. Ce concept unique créait une tension constante, renforcée par l’écran divisé en cases pour suivre plusieurs intrigues en parallèle. Jack Bauer (incarné par Kiefer Sutherland) doit déjouer des complots terroristes, souvent nucléaires ou biologiques, au prix de courses contre la montre haletantes. Diffusée après le 11 septembre 2001, la série a trouvé un écho particulier auprès du public américain et international, avide de voir les héros triompher du terrorisme. 24 a été un énorme succès mondial, diffusé sur la Fox : aux États-Unis, elle a réuni jusqu’à 15 millions de fans en direct lors de ses meilleures saisons, tout en remportant l’Emmy Award de la Meilleure série dramatique en 2006. Suspense, cliffhangers de fin d’épisodes insoutenables, retournements de situation (les traitres infiltrés à la CTU !) et scènes d’action explosives – 24 a défini le standard du thriller télévisuel des années 2000. La série a également suscité le débat par sa représentation sans détour de la torture utilisée par Bauer pour obtenir des informations, reflétant les dilemmes moraux de l’époque post-11 septembre. Quoi qu’il en soit, 24 demeure une série phare, ayant changé le rythme et la grammaire visuelle du thriller TV. Son fameux décompte sonore « Bip… bip… bip… » avant chaque coupure pub est entré dans la culture populaire.

Hannibal (2013–2015)

Quand le thriller flirte avec l’horreur esthétique, on obtient Hannibal, série singulière qui revisite le personnage du Dr Hannibal Lecter dans une mise en scène quasi-cinématographique. Créée par Bryan Fuller et diffusée sur NBC, Hannibal suit la relation complexe entre le célèbre psychiatre-cannibale (incarné par Mads Mikkelsen avec un flegme glaçant) et Will Graham (Hugh Dancy), profiler du FBI à l’empathie trouble, chargé d’enquêter sur des meurtres ritualisés. Loin de la simple adaptation du roman Dragon Rouge, la série développe une ambiance onirique, avec des scènes de crime filmées comme des œuvres d’art macabres et des hallucinations visuelles marquantes (les cerfs sanguinolents, etc.). Si elle n’a jamais attiré une grande audience sur un grand network (autour de 3 à 4 millions de téléspectateurs au début, puis moitié moins), Hannibal a bénéficié d’un culte fervent en ligne, les « Fannibals » louant la qualité d’écriture et la chimie étrange entre Mikkelsen et Dancy. La critique a également encensé la série, la qualifiant de « festin visuel » audacieux pour une diffusion en clair. Annulée au bout de 3 saisons malgré les protestations des fans, Hannibal reste une expérience à part : un thriller psychologique d’une élégance baroque, où les dîners gastronomiques du Dr Lecter cachent les pires atrocités. Son influence se fait sentir dans la récente vague de séries mélangeant crime et esthétique léchée. Quant à Mads Mikkelsen, son interprétation aura réussi l’exploit de faire oublier (presque) celle d’Anthony Hopkins aux yeux de beaucoup d’aficionados, c’est dire l’impact de la série.

👽 Science-Fiction : voyages spatiaux, futur dystopique et technologies

La science-fiction a toujours occupé une place de choix à la télévision, stimulant notre imaginaire avec des histoires de mondes futurs, d’extraterrestres ou de technologies révolutionnaires. Des classiques intemporels aux anthologies modernes, ces séries SF nous divertissent tout en questionnant notre rapport au progrès et à l’inconnu. Préparez votre vaisseau spatial ou votre portail dimensionnel, voici les séries de science-fiction incontournables qui vous feront voyager loin :

Star Trek (1966–1969)

« Espace, frontière de l’infini… » : avec ces mots, Star Trek a donné rendez-vous aux téléspectateurs pour un voyage vers les étoiles qui dure depuis plus d’un demi-siècle. La série originale créée par Gene Roddenberry a posé en 1966 les bases d’un univers de science-fiction optimiste, où l’équipage multi-ethnique de l’USS Enterprise explore de nouveaux mondes et « va hardiment là où nul homme n’est allé ». Si elle n’a duré que 3 saisons à la TV (annulée en 1969 faute d’audiences suffisantes), Star Trek est devenue un phénomène cultissime dans les années suivantes grâce aux rediffusions et à la mobilisation des fans (Trekkies). Son influence culturelle est immense : elle a inspiré plusieurs générations de scientifiques et d’auteurs de SF, a introduit l’un des premiers personnages afro-américains récurrents à une heure de grande écoute (Lieutenant Uhura), et a même vu la NASA nommer la navette spatiale prototype « Enterprise » en son honneur suite à une campagne de fans. Depuis, la franchise s’est étendue en une multitude de séries dérivées (Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, Discovery…) et de films au cinéma. Mais la série originale garde une saveur particulière avec son Capitaine Kirk intrépide (William Shatner), son Monsieur Spock logique aux oreilles pointues (Leonard Nimoy) et ses décors kitsch devenus iconiques. Elle a prouvé dès les années 60 que la science-fiction pouvait aborder des thèmes profonds (le racisme, la guerre froide, etc.) sous couvert d’aventures galactiques. Aujourd’hui encore, Star Trek symbolise l’espoir en un futur meilleur fondé sur la coopération et la curiosité. Une véritable pierre angulaire de la SF télévisuelle.

Doctor Who (1963–…)

Autre pilier de la SF sur le petit écran, le britannique Doctor Who détient le record de longévité. Lancée en 1963, la série suit les aventures du Docteur, un extraterrestre Seigneur du Temps qui voyage à travers l’espace et le temps à bord de son TARDIS (cette fameuse cabine téléphonique bleue) en sauvant l’univers de menaces diverses. Grâce à l’astuce scénaristique de la « régénération » du Docteur, permettant de changer d’acteur tout en justifiant le changement d’apparence du personnage, Doctor Who s’est renouvelée sans cesse et totalise plus de 860 épisodes au fil de plus de 60 ans d’existence. Cette incroyable longévité s’accompagne d’un statut culte au Royaume-Uni – c’est une institution nationale – et d’une fanbase mondiale très fervente. La série a su toucher toutes les générations, des tout-petits aux adultes, en mêlant fantaisie, éducatif, humour « so british » et parfois pure terreur (les « Daleks » criant « Exterminate! » ou les Anges Pleureurs ont traumatisé bien des enfants !). Le revival de 2005 avec Christopher Eccleston puis David Tennant dans le rôle a relancé la popularité du show à l’international, amenant une nouvelle vague de Whovians. Doctor Who a aussi marqué l’histoire par ses innovations – par exemple, le passage en 2017 à une incarnation féminine du Docteur (Jodie Whittaker) après 12 hommes, salué comme un moment important de représentation. Au-delà des monstres en caoutchouc des débuts ou des effets spéciaux kitsch, ce qui fait le charme indémodable de Doctor Who reste sa créativité débordante et son optimisme humaniste. Après six décennies, le Docteur a encore bien des merveilles à nous faire découvrir à travers le temps et l’espace.

The X-Files (1993–2018)

« La vérité est ailleurs » : cette devise The X-Files est devenue culte dans les années 90 en captivant des millions de téléspectateurs. Ce mélange de science-fiction et de policier paranormal suit les agents du FBI Fox Mulder (David Duchovny) et Dana Scully (Gillian Anderson) enquêtant sur des affaires non élucidées impliquant OVNI, phénomènes inexpliqués et créatures étranges. Lui est un croyant convaincu du complot extraterrestre, elle est la scientifique sceptique – leur duo devenu iconique a porté la série pendant 11 saisons et deux films. X-Files a été l’un des plus gros succès mondiaux des années 90 : à son apogée, plus de 20 millions d’Américains suivaient chaque semaine les enquêtes surnaturelles de Mulder et Scully. La série a accumulé 16 Emmy Awards et a aussi formé en son sein de futurs créateurs de séries à succès (Vince Gilligan, futur papa de Breaking Bad, a fait ses classes en écrivant des épisodes de X-Files). Qu’il s’agisse de l’intrigue globale sur la conspiration gouvernementale et les extraterrestres, ou des épisodes indépendants (comme le flippant « Home » interdit d’antenne ensuite, ou l’hilarant « Bad Blood »), X-Files a durablement marqué la pop culture. Elle a inspiré toute une vague de séries mêlant suspense et surnaturel par la suite. Le show a même connu un retour en 2016 pour une mini-saison nostalgie. Preuve que l’alchimie entre Mulder et Scully, et le frisson de l’inconnu, continuent de parler aux fans bien des années après le générique final. La vérité est que The X-Files figure toujours au panthéon des séries de science-fiction les plus marquantes.

Black Mirror (2011–…)

Anthologie britannique d’anticipation, Black Mirror s’est imposée comme la série de science-fiction la plus percutante de la dernière décennie, au point que son titre est entré dans le langage courant pour qualifier toute dystopie technologique. Créée par Charlie Brooker, la série propose à chaque épisode une histoire indépendante explorant les dérives potentielles de la technologie et des médias dans un futur proche. Réseaux sociaux, réalité virtuelle, intelligence artificielle, notation sociale – Black Mirror pousse chaque tendance à l’extrême pour en dégager une satire sombre de notre société moderne. Lancée en 2011 sur Channel 4 au Royaume-Uni, la série a gagné une renommée mondiale après son rachat par Netflix en 2016. Des épisodes comme « The National Anthem » (où un Premier ministre est forcé… d’avoir une relation intime avec un cochon à la télévision) ou « San Junipero » (romance SF rétro des années 80) sont devenus cultissimes. Le terme même « Black Mirror » est désormais utilisé pour décrire toute fiction dystopique ou tout fait divers technologique inquiétant. La série a aussi innové en proposant un épisode interactif (Bandersnatch) où le spectateur pouvait influencer le déroulement. Lauréate de 6 Emmy Awards, elle continue de troubler et fasciner le public avec ses scénarios souvent glaçants mais terriblement pertinents. Au point que lorsque la réalité devient trop absurde, les commentateurs disent parfois qu’on « vit dans un épisode de Black Mirror ». Une preuve ultime de l’impact de cette série visionnaire sur notre imaginaire collectif.

Stranger Things (2016–…)

Sorte de lettre d’amour aux films fantastiques des années 80, Stranger Things a su conquérir le cœur d’un public international en mêlant science-fiction, horreur et nostalgie rétro. Créée par les frères Duffer pour Netflix, l’action se situe dans la petite ville imaginaire d’Hawkins en 1983. Lorsque le jeune Will Byers disparaît mystérieusement, ses amis – une bande de gamins fans de Dungeons & Dragons – mènent l’enquête et rencontrent Onze, une fillette dotée de pouvoirs télékinésiques échappée d’un laboratoire secret. Ils vont découvrir l’existence du « Monde à l’Envers », dimension parallèle peuplée de monstres terrifiants. Stranger Things réussit un cocktail savoureux entre frissons surnaturels et émotion coming of age, le tout saupoudré de références à Spielberg, Stephen King ou John Carpenter. La série est devenue un phénomène dès sa première saison en 2016, notamment grâce au bouche-à-oreille sur les réseaux. Elle a atteint le rang de série la plus regardée sur Netflix à plusieurs reprises, et sa saison 4 en 2022 a même fait exploser les compteurs avec plus d’1,3 milliard d’heures visionnées en quelques semaines (faisant de Stranger Things la série anglaise la plus vue sur Netflix à l’époque). Mondialement, des événements comme le Hellfire Club ou la chanson « Running Up That Hill » revenue en tête des charts grâce à la série ont montré l’ampleur du phénomène Stranger Things sur la pop culture récente. Surtout, la série a réussi à faire vibrer plusieurs générations : les parents y retrouvent l’ambiance de leur jeunesse, et les plus jeunes s’attachent aux personnages (Eleven, Mike, Dustin…) et à leurs aventures. Mélange détonnant de peur et de fun, Stranger Things est sans doute la plus grande réussite de Netflix dans le domaine de la SF-horreur et prouve que la nostalgie des eighties a encore de l’énergie à revendre.

Battlestar Galactica (2003–2009)

Souvent citée comme l’un des meilleurs remakes de l’histoire de la télévision, Battlestar Galactica version 2003 a transcendé son statut de série de science-fiction pour devenir un puissant drame politique et existentiel. Reboot de la série kitsch de 1978, Galactica reprend l’histoire de l’humanité décimée par les Cylons (robots rebelles) et d’une poignée de survivants errant dans l’espace à la recherche de la Terre promise. Menés par le commandeur Adama (Edward James Olmos) et la présidente Roslin (Mary McDonnell), les derniers humains doivent gérer la survie en conditions extrêmes, les menaces cylons (certains ayant désormais forme humaine) et des dilemmes moraux cornéliens. Créée par Ronald D. Moore dans le sillage du traumatisme du 11 septembre, la série aborde des thèmes profonds : la guerre contre le terrorisme, la question de l’âme (les Cylons sont-ils vivants ?), la foi et le destin… Le tout avec un rythme haletant, des batailles spatiales spectaculaires et des personnages complexes. Battlestar Galactica a récolté un immense succès critique, figurant dans de nombreuses listes des meilleures séries SF de tous les temps. Elle a aussi su trouver son public sur Syfy (anciennement Sci-Fi Channel), avec des audiences solides pour la chaîne et un énorme engagement des fans. En 2009, le Time Magazine la consacrait « meilleure série de l’année, tous genres confondus ». Son finale poignant a divisé, mais n’a pas terni l’héritage d’une série qui a prouvé que la science-fiction télé pouvait être à la fois intelligente, adulte et divertissante. Aujourd’hui encore, beaucoup considèrent BSG (selon son acronyme courant) comme un mètre-étalon du genre space opera sérieux à la télévision.

The Expanse (2015–2022)

Saluée pour son réalisme et son ambition, The Expanse a été comparée à une sorte de « Game of Thrones de la science-fiction ». Adaptée des romans de James S.A. Corey, la série dépeint un futur où l’humanité a colonisé le système solaire : la Terre (sous l’ONU) et Mars (militariste) sont en tension permanente, tandis que les habitants de la Ceinture d’astéroïdes luttent pour leurs droits. Au milieu, l’équipage hétéroclite du vaisseau Rocinante se trouve mêlé à une conspiration autour d’une protomolécule extraterrestre qui pourrait changer la face de l’univers. The Expanse impressionne par sa rigueur scientifique (gravité, propulsion, absence de son dans l’espace, etc.) et par la richesse de son univers géopolitique. Lancée sur Syfy, la série a été annulée après 3 saisons malgré un noyau de fans dévoués, mais Amazon Prime Video a répondu à l’appel des aficionados (dont l’écrivain George R.R. Martin ou le patron d’Amazon Jeff Bezos !) et a sauvé le show pour 3 saisons supplémentaires, jusqu’à la saison 6. Ce soutien passionné s’explique par la qualité de The Expanse, qui mêle enquête, thriller spatial et réflexion sociale. Bien qu’elle n’ait jamais été un mastodonte d’audience, la série a vu sa popularité croître avec le streaming, jusqu’à devenir l’une des références SF de la fin des années 2010. Elle a décroché un Hugo Award de la meilleure série dramatique en 2017, consacrant son excellence dans le genre. Avec The Expanse, la science-fiction télévisée a prouvé qu’elle pouvait allier la profondeur politique d’une série HBO et le sense of wonder de la SF classique. Une œuvre dense et immersive, à découvrir absolument pour tout amateur du genre.

Westworld (2016–2022)

Quand la science-fiction rencontre le western et la philosophie, cela donne Westworld. Inspirée d’un film de 1973, cette série HBO créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy imagine un parc d’attractions peuplé d’androïdes ultra-réalistes où les riches visiteurs vivent des fantasmes de western sans conséquences… du moins jusqu’à ce que les « hôtes » se mettent à développer une conscience. Avec son casting de prestige (Anthony Hopkins, Evan Rachel Wood, Thandiwe Newton, Ed Harris) et son intrigue mêlant labyrinthes temporels et questions métaphysiques, Westworld a fait sensation à son lancement en 2016. La saison 1 a été un immense succès, devenant la série la plus vue de HBO cette année-là avec ~12 millions de spectateurs toutes plateformes confondues. Visuellement époustouflante et stimulante intellectuellement, la série explorait des thèmes complexes : la nature de la conscience, le libre arbitre, la morale de la création de vie artificielle. La fameuse boucle du personnage de Dolores répétant « It doesn’t look like anything to me » face à ce qui devrait la choquer a marqué les esprits. Si les saisons suivantes ont divisé par une intrigue de plus en plus alambiquée, Westworld reste une œuvre marquante de la SF télévisuelle récente. Elle a remporté 7 Emmy Awards (surtout techniques, pour ses effets spéciaux et son son) et continue d’alimenter les débats sur la direction que prendront l’IA et la réalité virtuelle. Malgré son annulation avant la saison 5, la série aura durablement marqué la pop culture, prouvant que la SF pouvait atteindre un vaste public sans renier la profondeur thématique. Une chevauchée cérébrale et sensorielle unique en son genre.

Watchmen (2019)

Objet télévisuel non identifié, Watchmen est une mini-série de science-fiction super-héroïque qui a bouleversé les codes en 2019. Plutôt que d’adapter directement le comics culte d’Alan Moore, le créateur Damon Lindelof a imaginé une suite libre, située 34 ans après les événements originaux, dans une Amérique uchronique toujours hantée par la présence du Dr Manhattan et le traumatisme d’une attaque de calamar géant à New York. Mêlant critique raciale (l’histoire débute avec le massacre de Tulsa de 1921, événement réel longtemps occulté), complot politico-technologique et éléments de pure SF, Watchmen s’est révélée extrêmement ambitieuse. La série a été acclamée unanimement pour son intelligence et son audace narrative – l’épisode 6 en noir et blanc sur les souvenirs du premier Hooded Justice a notamment fait date. Regina King y incarne Angela Abar, flic masquée confrontée à une mystérieuse 7e Kavalerie suprémaciste, dans un récit qui rend hommage au matériau d’origine tout en s’en émancipant brillamment. Diffusée sur HBO, Watchmen a réuni jusqu’à 7 millions de spectateurs par épisode en cumulé et a dominé les Emmy Awards 2020 avec 11 récompenses, dont Meilleure mini-série. Prévue pour ne durer qu’une saison auto-conclusive, elle a laissé le public en redemander tant son univers était riche. En à peine 9 épisodes, Watchmen a prouvé que la télévision pouvait encore innover dans le genre super-héroïque en abordant des thèmes matures (héritage du racisme, violence policière, héritage familial) sans perdre en divertissement. Une véritable claque qui restera comme l’un des grands moments de la SF et du fantastique à la télé des années 2010.

🎃 Fantastique & Horreur : monstres, mythes et mondes imaginaires

Entre fantasy médiévale, récits surnaturels et horreur pure, ces séries nous transportent dans des univers parallèles peuplés de créatures légendaires ou nous terrorisent avec des histoires effrayantes. Le genre fantastique à la télévision a gagné ses lettres de noblesse en mêlant effets spéciaux de pointe et intrigues captivantes. Voici les séries phares du registre fantastique/horreur qui ont envoûté ou glacé le sang des spectateurs :

Game of Thrones (2011–2019)

Épopée de fantasy devenue un phénomène mondial, Game of Thrones a fait entrer les dragons et les royaumes médiévaux dans les foyers de millions de personnes. Adaptée de la saga de George R.R. Martin, cette superproduction HBO suit la lutte sanglante de grandes familles pour le Trône de Fer dans le continent imaginaire de Westeros, sur fond de menace surnaturelle venue du Nord. Avec ses batailles épiques, ses retournements de situation cruels (ah, les « Noces Pourpres » qui ont choqué tant de fans…) et ses personnages ambigus comme Tyrion Lannister ou Jon Snow, Game of Thrones a transcendé le genre fantasy pour devenir un phénomène de pop culture. L’audience n’a cessé de croître d’année en année, atteignant en ultime saison une moyenne hallucinante de 44 millions de spectateurs par épisode en incluant toutes les plateformes – du jamais vu pour HBO. La série a aussi battu des records aux Emmy Awards avec 59 trophées remportés, un record historique pour une série dramatique. Game of Thrones a marqué par ses scènes-chocs (la mort d’Eddard Stark en saison 1 a établi qu’aucun personnage n’était en sécurité) et son ampleur de production digne du cinéma. Si la dernière saison a divisé une partie des fans, cela n’a pas empêché l’engouement global : le final a attiré 19,3 millions de téléspectateurs en première diffusion US, du jamais vu sur HBO. L’impact culturel est immense, du langage (« Winter is coming ») jusqu’au tourisme (des lieux de tournage comme Dubrovnik submergés de visiteurs). Game of Thrones a définitivement prouvé qu’une saga fantasy pour adultes pouvait conquérir la planète, et son héritage se poursuit déjà avec des spin-offs comme House of the Dragon. Un règne sans égal sur la dernière décennie télévisuelle.

Buffy contre les vampires (1997–2003)

Avant les trônes et les dragons, la fin des années 90 a été marquée par une héroïne adolescente chasseuse de démons. Buffy contre les vampires, créée par Joss Whedon, a habilement mélangé fantastique, horreur et métaphores adolescentes pour devenir une série culte de toute une génération. Buffy Summers (Sarah Michelle Gellar) est une lycéenne apparemment ordinaire de Sunnydale, qui le soir venu combat vampires, démons et forces du mal aidée de sa fidèle bande (le « Scooby Gang »). Chaque monstre ou apocalypse surnaturelle renvoie souvent aux tourments réels du passage à l’âge adulte (le vampire Angel perdant son âme après avoir connu « le moment de bonheur parfait » avec Buffy est une métaphore sur la douleur de la première fois, par exemple). Buffy a marqué par son ton tour à tour léger et tragique, sa capacité à changer de registre (l’épisode musical « Once More, with Feeling » est un bijou du genre, tout comme l’épisode muet « Hush » effrayant à souhait) et ses personnages attachants qui évoluent au fil des saisons. Diffusée sur la WB puis UPN, la série a culminé à plus de 7 millions de téléspectateurs US à la fin des années 90. Elle a également ouvert la voie à plus de diversité à l’écran (Buffy a introduit l’un des premiers couples lesbiens durables en Willow et Tara). Aujourd’hui étudiée en fac pour sa richesse thématique, Buffy reste une référence absolue en matière de série fantastique. Son influence se ressent dans d’innombrables shows postérieurs mettant en scène des femmes fortes face au surnaturel. Plus qu’une série de vampires, Buffy est un véritable mythe moderne, qui continue de passionner les fans anciens et nouveaux à travers comics et podcasts commémoratifs.

The Walking Dead (2010–2022)

Dans le registre horrifique, The Walking Dead a dominé les années 2010 en transformant l’essai de l’apocalypse zombie en série marathon. Adaptée des comics de Robert Kirkman, la série d’AMC suit Rick Grimes (Andrew Lincoln) et un groupe de survivants tentant de rester en vie dans un monde envahi par les morts-vivants. Mais bien plus que les zombies (appelés « rodeurs »), ce sont les humains – et leurs dérives violentes pour survivre – qui constituent le cœur du suspense. The Walking Dead a été un phénomène d’audience inédit pour le câble : elle a atteint jusqu’à 17 millions de téléspectateurs en direct aux États-Unis lors de sa saison 5, dominé les audiences 18-49 ans toutes chaînes confondues – du jamais vu pour une série de câble basique. Elle a engendré une véritable franchise (plusieurs spin-offs, des jeux vidéo, des produits dérivés à foison) et relancé la mode des zombies partout dans la pop culture. Si la violence graphique de certains épisodes a fait polémique (la mort atroce de Glenn à coups de batte a choqué de nombreux fans), la série a aussi su offrir des moments de grâce et des personnages marquants comme Daryl Dixon (Norman Reedus) ou Michonne (Danai Gurira). Sur 11 saisons, The Walking Dead a connu des hauts et des bas, mais elle a durablement cimenté l’engouement du grand public pour l’horreur sérielle. Elle s’est conclue en 2022, tournant une page de la télévision d’horreur, mais l’univers continuera à travers des séries dérivées centrées sur certains protagonistes. Quoi qu’il en soit, The Walking Dead restera comme le monument qui a prouvé que des zombies pouvaient attirer des audiences dignes du foot US, et ce dans le monde entier.

American Horror Story (2011–…)

Le macabre a trouvé sa série anthologique moderne avec American Horror Story, création de Ryan Murphy. Chaque saison de cette série FX indépendante raconte une histoire d’horreur différente avec souvent les mêmes acteurs fétiches (Jessica Lange, Evan Peters, Sarah Paulson…) dans des rôles variés. Maison hantée à Los Angeles, asile psychiatrique dans les années 60, sabbat de sorcières à La Nouvelle-Orléans, cirque de freaks dans les 50’s, hôtel de serial killers, etc. – AHS explore tous les sous-genres horrifiques avec un style baroque et provocateur. Violence gore, sexe, thématiques dérangeantes, la série n’a pas peur d’en faire trop et c’est assumé. Cet excès flamboyant a d’ailleurs séduit un large public : dès la saison 1, American Horror Story a été un carton d’audience pour FX (plus de 3 millions de téléspectateurs en première diffusion, et bien davantage en différé). La critique, elle, a salué la saison 2 (Asylum) comme l’une des plus abouties, tandis que la saison 3 (Coven) a acquis un statut culte dans la communauté LGBTQ+ pour son casting féminin et ses répliques assassines. Au fil de ses 11 saisons (et ce n’est pas fini), la série a remporté 16 Emmy Awards et vu défiler des stars comme Lady Gaga ou Macaulay Culkin. Certes, l’intrigue part souvent dans tous les sens, mais l’expérience visuelle et sensorielle est toujours au rendez-vous. American Horror Story a contribué à remettre le genre horrifique sur le devant de la scène télé, ouvrant la voie à d’autres anthologies du genre. En un mot comme en cent : c’est un grand freak show télévisuel, qu’on aime ou qu’on déteste, mais qui ne laisse pas indifférent.

Twin Peaks (1990–1991; 2017)

Avant toutes ces séries, le mélange du fantastique, du policier et de l’étrange avait déjà un chef-d’œuvre fondateur : Twin Peaks. Créée par David Lynch et Mark Frost en 1990, cette série inclassable a révolutionné la télévision en y introduisant un univers onirique et hautement symbolique. Le postulat semble de prime abord un simple whodunit : dans la petite ville de Twin Peaks, la reine de beauté Laura Palmer est retrouvée assassinée, et l’agent du FBI Dale Cooper (Kyle MacLachlan) arrive pour enquêter. Mais très vite, la série bascule dans une autre dimension, peuplée de nains qui parlent à l’envers, de géants énigmatiques et d’esprits malfaisants (le terrifiant Bob) tapissant les forêts du nord-ouest américain. Twin Peaks a captivé la planète lors de sa première saison – plus de 17 millions d’Américains voulaient savoir « Qui a tué Laura Palmer ? ». Son atmosphère unique, sa musique hypnotique d’Angelo Badalamenti et son mélange de soap kitsch et de surréalisme horrifique ont créé un ovni télévisuel jamais vraiment égalé. Si la saison 2 a perdu du public après la résolution de l’énigme centrale, la série a acquis un statut de culte absolu avec le temps. Lynch lui a donné une conclusion (cryptique) en 2017 avec Twin Peaks: The Return, 18 épisodes aussi exigeants que fascinants, salués comme une œuvre d’art télévisuelle audacieuse. Twin Peaks a libéré la créativité d’une génération de scénaristes et prouvé qu’une série pouvait être un objet de fascination esthétique et non un simple divertissement. Plus de 30 ans après, ses images et ses répliques (« The owls are not what they seem ») hantent encore la culture populaire. À n’en pas douter, Twin Peaks figure parmi les séries les plus influentes de tous les temps, ayant ouvert grand la porte du surnaturel et de l’expérimental sur le petit écran.

The Haunting of Hill House (2018)

Dans le registre de l’horreur pure, peu de séries ont su marquer aussi fortement et rapidement que The Haunting of Hill House. Sortie en 2018 sur Netflix, cette minisérie en 10 épisodes, créée par Mike Flanagan, propose une relecture moderne et poignante du roman de Shirley Jackson. On y suit la famille Crain, cinq enfants et leurs parents, hantés depuis leur séjour traumatisant dans le manoir de Hill House. Alternant entre le passé (quand les fantômes de la demeure ont brisé leur vie) et le présent (où chaque adulte porte encore les cicatrices de ce drame), la série mêle habilement horreur surnaturelle et drame familial. Certains épisodes sont techniquement bluffants, comme le sixième épisode filmé en longs plans-séquences immersifs dans la maison funéraire. Hill House a terrifié les spectateurs (le « Bent-Neck Lady » figure déjà parmi les apparitions les plus marquantes du genre) tout en les émouvant aux larmes par sa conclusion cathartique sur le deuil et la famille. Saluée par la critique, la série a rencontré un beau succès sur Netflix, profitant du format binge-watch qui accentue l’immersion. Son succès a été tel que Mike Flanagan a pu lancer une anthologie sous le label The Haunting, avec une saison suivante (Bly Manor) racontant une autre histoire de maison hantée, puis d’autres séries horrifiques dans la foulée (Midnight Mass, The Midnight Club). On peut dire que The Haunting of Hill House a redonné ses lettres de noblesse à la maison hantée à l’écran, offrant autant de frissons que d’émotions. Une expérience intense, qui prouve que la peur peut aussi être belle lorsqu’elle est filmée avec autant de cœur.

🧩 Animation : dessins animés cultes pour adultes et enfants

Les séries d’animation ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de marquer l’histoire de la télévision. Qu’il s’agisse de cartoons pour adultes à l’humour corrosif ou de chefs-d’œuvre japonais de l’animation, ces shows animés ont prouvé que la créativité n’a pas de limites. Voici les incontournables de l’animation TV, qui ont su autant faire rire que réfléchir, émouvoir ou émerveiller leur public :

Les Simpson (depuis 1989)

Avec plus de 34 saisons au compteur, Les Simpson est la série d’animation la plus longue et probablement la plus influente de tous les temps. La famille jaune de Springfield – Homer, Marge, Bart, Lisa et Maggie – amuse la planète depuis la fin des années 80 avec son humour satirique et ses innombrables références à la pop culture. Créée par Matt Groening, diffusée sur la Fox, Les Simpson a été un phénomène dès ses débuts, attirant jusqu’à 20 millions de téléspectateurs US par épisode dans les années 90. La série a raflé plus de 30 Emmy Awards au fil des décennies et a été le terreau de prédiction de nombreux événements du monde réel de façon quasi prophétique (elle a « prévu » l’élection de Donald Trump, la pandémie d’Ebola, ou encore la fusion Disney-Fox, ce qui alimente la légende de ses scénaristes clairvoyants). Au-delà des gags, Les Simpson a souvent offert un regard pertinent sur la société américaine, abordant les sujets politiques, familiaux et sociétaux sous couvert d’humour familial. Les premières saisons (généralement considérées comme l’âge d’or de la série) restent des références absolues de l’écriture comique télévisuelle. Bien sûr, après plus de 700 épisodes, la série a connu des hauts et des bas, mais elle demeure une institution. Son intégration dans le catalogue Disney+ en a fait redécouvrir les plus belles heures à de nouveaux publics. Les Simpson a littéralement créé le modèle du dessin animé satirique prime-time et ouvert la voie à toutes les autres séries animées pour adultes. Son empreinte culturelle est telle qu’on peut voyager n’importe où, quelqu’un aura déjà entendu « D’oh! » ou « Okely-dokely! ». Un monument indétrônable de l’animation télévisée.

South Park (depuis 1997)

Beaucoup plus irrévérencieuse et rentre-dedans, South Park a apporté un souffle nouveau à la fin des années 90 en démontrant qu’on pouvait rire de tout à la télévision, y compris des sujets les plus sensibles. Créée par Trey Parker et Matt Stone pour Comedy Central, cette série animée met en scène quatre garnements de CM1 – Stan, Kyle, Cartman et Kenny – vivant dans la petite ville fictive de South Park, Colorado. Animation rudimentaire en papier découpé, voix volontairement criardes et situations outrageusement offensantes : South Park a souvent créé la controverse, que ce soit en se moquant des religions (épisode de Mohamed censuré, Jésus et Satan en personnages récurrents), de célébrités (Tom Cruise et la scientologie, Barbara Streisand, etc.), ou de sujets de société brûlants. Mais derrière les jurons et l’humour scatologique, la série propose une satire féroce de l’actualité et de la culture américaine. Elle a la particularité de produire ses épisodes en seulement six jours, ce qui lui permet de coller de très près à l’actualité (par exemple, elle a réagi à l’élection d’Obama en 2008 avec un épisode diffusé le lendemain). Ce rythme lui a permis d’être toujours dans le coup après plus de 25 ans d’existence. Côté succès, South Park a très vite décollé : dès 1998, elle rassemblait 6 millions de fans chaque semaine et faisait la une de Time Magazine. Elle a depuis remporté 5 Emmy Awards et même un Peabody Award pour son audace satirique. La série a également généré un film au cinéma en 1999 (nommé aux Oscars pour la chanson « Blame Canada »). Son style d’humour a influencé une génération entière de comiques et d’animateurs. En somme, South Park est la preuve animée que la vulgarité peut être intelligemment mise au service d’une critique sociale acerbe. À ce jour, la série continue son bonhomme de chemin (récemment renouvelée jusqu’en 2027) et rien n’indique que Cartman et ses compères vont ranger de sitôt leurs insultes… et leurs fous rires.

Rick et Morty (depuis 2013)

Dans le registre de l’animation geek et déjantée, Rick et Morty s’est imposée comme la série phénomène des années 2010. Imaginée par Justin Roiland et Dan Harmon pour Adult Swim, cette comédie SF suit les aventures loufoques de Rick, scientifique génial mais alcoolique et cynique, qui entraîne son petit-fils Morty dans des péripéties interdimensionnelles toutes plus absurdes et dangereuses les unes que les autres. Parodie non dissimulée de Retour vers le futur au départ, Rick and Morty a très vite trouvé sa propre identité à base d’humour ultra-référencé, de concepts scientifiques barrés (comme la fameuse Citadelle des Ricks, regroupant des centaines de versions alternatives de Rick et Morty) et d’une bonne dose de nihilisme existentialiste. La série est devenue culte grâce à Internet : son épisode « Pickle Rick » où Rick se transforme en cornichon pour éviter une thérapie a enflammé les réseaux sociaux, de même que la quête de la « sauce Szechuan » limitée de McDonald’s évoquée dans la série, qui a poussé de vrais fans à assiéger les fast-food pour en réclamer ! Côté audience, Rick et Morty a démarré modestement avant de voir ses chiffres exploser en saison 3, devenant l’émission la plus regardée d’Adult Swim et un hit en streaming. La série a déjà remporté 2 Emmy Awards pour la qualité de son écriture. Son humour corrosif et sa profondeur déguisée (derrière le cynisme de Rick se cachent des moments d’émotion ou de réflexion vertigineuse sur le sens de la vie) lui ont valu l’adhésion d’un public très large, des ados aux trentenaires fans de science-fiction. Aujourd’hui, Rick et Morty est une franchise majeure (70 épisodes commandés d’un coup après la saison 3 !) et chaque nouvelle saison crée l’événement. La série a prouvé qu’un dessin animé pouvait être à la fois hilarant, inventif et d’une intelligence mordante – dans la lignée d’un Futurama, mais en poussant le curseur de la folie encore plus loin. Wubba lubba dub-dub!

Bojack Horseman (2014–2020)

Parmi les séries animées les plus audacieuses de ces dernières années, Bojack Horseman tient une place de choix pour avoir brillamment mêlé humour et profondeur psychologique. Ce dessin animé Netflix met en scène BoJack, un cheval anthropomorphe ancien acteur de sitcom des années 90, englué dans la dépression et l’alcoolisme dans un Hollywood peuplé d’animaux doués de parole et d’humains. Si la série démarre comme une satire acide du showbiz (parodie de Full House, critiques des excès de la célébrité), elle évolue rapidement vers un récit poignant sur la santé mentale, les traumas de l’enfance et la quête de sens. BoJack, doublé par Will Arnett, est un anti-héros souvent odieux mais terriblement attachant dans ses efforts pour s’améliorer tout en sabotant tout autour de lui. La série est truffée de gags visuels et de jeux de mots (chaque personnage animal a des comportements liés à son espèce, par exemple M. Peanutbutter le labrador amical), ce qui la rend très drôle. Mais elle surprend aussi par des épisodes conceptuels magistraux – comme « Free Churro », épisode entier en monologue de BoJack lors d’un éloge funèbre, ou « The View from Halfway Down », onirique et bouleversant. Bojack Horseman a reçu un accueil dithyrambique de la critique au fil de ses 6 saisons, beaucoup saluant son traitement unique de la dépression. Le public, initialement restreint, a grandi grâce au bouche-à-oreille, faisant de la série un étendard de l’animation pour adultes intelligente. Comme l’a écrit un critique, « Bojack Horseman vous fera rire aux éclats, puis vous brisera le cœur – souvent dans la même scène. » Un cocktail aigre-doux qui a valu à la série d’être qualifiée de futur classique. Rares sont les œuvres animées à atteindre une telle complexité émotionnelle tout en restant hilarantes. À n’en pas douter, BoJack et sa mélancolie auront marqué les esprits de nombreux trentenaires de la génération Netflix.

Attack on Titan (2013–2023)

Côté animation japonaise, de nombreux chefs-d’œuvre mériteraient de figurer dans cette liste, mais L’Attaque des Titans (Attack on Titan) s’est imposée comme l’un des anime les plus marquants de la dernière décennie, réussissant même à sortir du cercle otaku pour toucher un plus large public à l’international. L’histoire se déroule dans un monde où l’humanité vit retranchée derrière d’immenses murailles pour se protéger de gigantesques Titans anthropophages. Quand un Titan colossal fait une brèche dans le Mur Maria, c’est le début d’une lutte épique pour la survie, menée par le jeune Eren Jäger et ses compagnons soldats. Attack on Titan a frappé fort dès son lancement en 2013 grâce à un univers violent et sans pitié (personnages principaux tués sans préavis, comme dans Game of Thrones), un mystère haletant sur l’origine des Titans, et des scènes d’action dantesques où les humains volent avec leur équipement tridimensionnel autour d’ennemis massifs. L’anime, tiré du manga à succès de Hajime Isayama, a été un phénomène mondial : la saison 1 a accru la diffusion de l’animation japonaise sur les plateformes (et à la TV, en France par exemple, elle a été diffusée sur France 4 en deuxième partie de soirée, une rareté pour un anime violent). Sur les réseaux sociaux, chaque nouvel épisode de la saison finale ces dernières années faisait partie des sujets les plus discutés dans de nombreux pays. D’un point de vue critique, Attack on Titan a été saluée pour sa capacité à réinventer son récit au fil des arcs – partant d’un pur shônen d’action horrifique vers quelque chose de bien plus politique et moralement ambigu sur la fin. Certains épisodes (comme « Héros » ou « Assaut ») ont des notes maximales sur IMDb, rivalisant avec les meilleures séries live. Véritable phénomène trans-média, l’Attaque des Titans a remis en lumière la puissance des grands récits animés japonais sur la scène internationale. À la fois divertissement épique et réflexion sur la guerre, la liberté et la vengeance, l’anime s’est achevé en 2023 en apothéose, laissant une empreinte durable dans la culture populaire.

Fullmetal Alchemist: Brotherhood (2009–2010)

Parmi les anime les mieux notés de tous les temps, Fullmetal Alchemist: Brotherhood occupe souvent le haut du classement grâce à son scénario remarquablement construit et son universalité thématique. Cette série adapte fidèlement le manga de Hiromu Arakawa, narrant l’histoire des frères Elric, deux jeunes alchimistes frappés par une tragédie après avoir tenté une transmutation humaine interdite pour ressusciter leur mère – Edward a perdu un bras et une jambe, et l’âme d’Alphonse est scellée dans une armure métallique vide. Ensemble, ils partent à la recherche de la pierre philosophale, seule chose qui pourrait leur rendre leurs corps, et se retrouvent mêlés à un vaste complot impliquant l’armée, des créatures nommées homonculus et des secrets liés à l’histoire sanglante de leur pays. FMA: Brotherhood impressionne par son équilibre parfait entre action, aventure, humour et émotion. Les personnages sont extrêmement attachants (du bouillonnant Ed au tendre Al, en passant par l’officier Roy Mustang et son ambition de changer le pays), et les thèmes abordés – le deuil, la culpabilité, la corruption du pouvoir, la résilience – lui confèrent une profondeur inattendue. Diffusée en 2009, cette série a rapidement conquis le cœur des fans d’anime du monde entier, qui la considèrent comme un modèle du genre. Sur les sites de notation, elle tutoie les sommets (elle a longtemps occupé le rang de série la mieux notée sur IMDb, ex aequo avec Breaking Bad et Game of Thrones, avec une moyenne d’environ 9,1/10). Même plus de dix ans après, Fullmetal Alchemist: Brotherhood reste recommandée en premier lieu aux néophytes pour découvrir la richesse de l’animation japonaise tant elle combine accessibilité et excellence. Un véritable petit bijou, dont la conclusion majestueuse laisse le spectateur le cœur serré et émerveillé.

📚 Documentaire : le réel mis en série

Terminons ce tour d’horizon avec les séries documentaires qui ont captivé le public. Qu’elles explorent la nature, le crime, l’histoire ou le sport, ces séries nous rappellent que la réalité peut être tout aussi passionnante que la fiction. À l’ère du streaming, les docu-séries connaissent un âge d’or, alternant entre esthétisme léché et enquêtes palpitantes. Voici les documentaires sériels les plus incontournables :

Planet Earth (2006) & Planet Earth II (2016)

La BBC a placé la barre très haut avec sa série Planet Earth, grandiose fresque documentaire sur la nature. Narrée par la voix légendaire de Sir David Attenborough, la première saison sortie en 2006 a émerveillé le monde en nous faisant voyager des plus hautes montagnes aux profondeurs océaniques, avec des images HD inédites d’animaux sauvages dans leur habitat. Onze ans plus tard, Planet Earth II a remis le couvert, cette fois en 4K, nous offrant des séquences encore plus époustouflantes – comme la célèbre course-poursuite entre un bébé iguane et des dizaines de serpents sur une plage, scène devenue virale sur internet tant le suspense était digne d’un film d’action. Au-delà de la beauté visuelle, la série sensibilise aussi à la fragilité des écosystèmes. Côté réception, Planet Earth a été un triomphe : diffusée dans 130 pays, elle a été vue par des centaines de millions de personnes. Sur IMDb, Planet Earth et sa suite culminent à des notes de 9,4 et 9,5/10, figurant parmi les programmes télé les mieux notés de l’histoire par les spectateurs. Elles ont remporté 4 Emmy Awards chacune, saluant la prouesse technique et le montage exceptionnel. On peut dire sans se tromper que Planet Earth a redéfini le documentaire animalier à la télévision, inspirant de nombreuses autres séries nature de la BBC (Blue Planet, Our Planet sur Netflix, etc.). Regarder Planet Earth, c’est un peu comme faire un tour du monde depuis son salon, en en prenant plein les yeux et en ressortant humble face à la splendeur de notre planète.

Blue Planet (2001) & Blue Planet II (2017)

Autre chef-d’œuvre de la BBC, la série The Blue Planet s’est penchée sur les mystères des océans. Diffusée en 2001 et également racontée par David Attenborough, la première saison a été la toute première série documentaire exhaustive sur la vie marine. Des rivages jusqu’aux abysses, elle a révélé des comportements d’animaux marins jamais filmés auparavant. Des années plus tard, Blue Planet II (2017) a renouvelé l’exploit en explorant de nouvelles zones inaccessibles, grâce à des technologies de prises de vue révolutionnaires. C’est dans cette série qu’on a pu voir l’étonnante intelligence des pieuvres (séquence de la pieuvre utilisant des coquillages comme armure) ou encore l’émouvant épisode du cachalot et de son petit dans un océan pollué de plastique, qui a eu un impact retentissant sur la prise de conscience écologique en Grande-Bretagne. Le succès de Blue Planet II a été tel qu’on a parlé d’un « Blue Planet effect », avec une hausse de l’attention du public sur la pollution plastique en mer suite à sa diffusion. Côté distinctions, Blue Planet comme Blue Planet II ont raflé des BAFTA et Emmy Awards, et cette dernière s’est hissée parmi les programmes télévisés les mieux notés par le public (9,3/10 sur IMDb). Entre ces séries et Planet Earth, la BBC a dominé l’art du documentaire naturaliste au point qu’on pourrait croire qu’il s’agit presque de blockbusters hollywoodiens tant les images sont spectaculaires. Et bien sûr, la voix posée d’Attenborough y ajoute une dimension presque poétique. Plonger dans Blue Planet, c’est plonger au cœur du monde bleu et en ressortir avec un émerveillement renouvelé pour la vie sous-marine.

Cosmos (1980 & 2014)

Deux générations ont eu droit à leur voyage cosmique avec Cosmos. D’abord en 1980, l’astrophysicien Carl Sagan a animé Cosmos: A Personal Voyage, une série documentaire qui a émerveillé des millions de personnes en expliquant les mystères de l’univers avec pédagogie et poésie. Des origines de la vie aux trous noirs, Sagan rendait la science accessible et passionnante, dans un style inimitable. Ce programme a eu un retentissement énorme (visualisé par 500 millions de personnes à travers 60 pays au fil des ans) et a inspiré de nombreuses vocations scientifiques. En 2014, Neil deGrasse Tyson a repris le flambeau avec Cosmos: A Spacetime Odyssey, produit par National Geographic et la Fox, mis à jour avec les connaissances actuelles et des effets spéciaux modernes. Ce Cosmos version 21e siècle a lui aussi connu un beau succès, prouvant la soif du public pour s’émerveiller devant la voûte céleste. Que ce soit Sagan à bord de son « vaisseau de l’imagination » en images de synthèse vintage, ou Tyson parcourant un calendrier cosmique où le Big Bang se produit le 1er janvier et l’histoire humaine le 31 décembre, Cosmos a réussi le pari de rendre l’astrophysique et la cosmologie ludiques et digestes. La série a remporté plusieurs Emmy Awards (y compris pour la musique sublime de Vangelis en 1980, ou de Alan Silvestri en 2014). Plus qu’un documentaire, Cosmos est une expérience philosophique qui replace l’humanité dans l’immensité du cosmos, suscitant l’humilité et la curiosité. C’est sans doute l’une des séries scientifiques les plus influentes de tous les temps, qui continue d’être montrée dans les salles de classe et les planétariums pour transmettre la flamme de la connaissance.

The Last Dance (2020)

Changement d’ambiance avec le The Last Dance, la série documentaire sportive qui a enflammé le monde pendant le confinement de 2020. Coproduite par ESPN et Netflix, cette série en 10 épisodes retrace la dernière saison (1997-1998) de Michael Jordan avec les Chicago Bulls, tout en revenant sur l’ensemble de la carrière légendaire de MJ et la dynastie des Bulls dans les années 90. À grand renfort d’images d’archives inédites et d’interviews exclusives (Jordan lui-même, Phil Jackson, Scottie Pippen, Dennis Rodman, et même l’ancien président Obama fan des Bulls), The Last Dance offre un récit haletant qui a tenu en haleine non seulement les fans de basket, mais aussi un public bien plus large fasciné par la personnalité hors norme de Jordan. Diffusée en pleine pandémie alors que les compétitions sportives étaient à l’arrêt, la série a battu des records : aux États-Unis, les deux premiers épisodes ont réuni 6,1 millions de téléspectateurs en moyenne lors de leur diffusion initiale sur ESPN – du jamais vu pour un documentaire sportif. En streaming mondial sur Netflix, elle a également cartonné, devenant l’un des documentaires les plus vus de la plateforme (près de 24 millions de foyers l’avaient visionnée un mois après sa sortie). The Last Dance a remporté l’Emmy Award du meilleur documentaire, consacrant la qualité de sa réalisation nerveuse et de son montage (la narration alterne entre la saison 98 et les flashbacks des années précédentes, créant un suspense malgré une issue connue d’avance). Plus qu’un simple docu sportif, The Last Dance a redéfini les standards du genre, en montrant qu’on pouvait captiver sur 10 heures avec une histoire que l’on croyait connaître, en l’imbibant d’une dimension humaine et dramatique universelle. Beaucoup se souviendront longtemps de certaines séquences cultes (Jordan regardant sur une tablette les propos de ses anciens adversaires et esquissant un sourire confiant…). Un shoot à trois points marqué pour les documentaires sportifs.

Making a Murderer (2015–2018)

Considérée comme l’une des séries fondatrices de la vague du true crime sur Netflix, Making a Murderer a captivé (et indigné) des millions de spectateurs à travers le monde. Ce documentaire en 10 épisodes (puis une saison 2 de suivi en 2018) relate l’histoire incroyable de Steven Avery, un homme du Wisconsin condamné à tort pour viol en 1985 puis innocenté 18 ans plus tard par des tests ADN… avant d’être à nouveau inculpé, cette fois pour meurtre, en 2007. Les réalisatrices Laura Ricciardi et Moira Demos ont suivi pendant 10 ans l’affaire Avery et son neveu Brendan Dassey, décortiquant les possibles erreurs et manipulations du système judiciaire local. La série, sortie en décembre 2015 sur Netflix, a provoqué une immense émotion parmi le public : beaucoup ont été scandalisés par ce qu’ils percevaient comme une grave injustice, au point qu’une pétition pour gracier Avery et Dassey a recueilli plus de 500 000 signatures et a atterri sur le bureau de la Maison-Blanche (qui a dû expliquer qu’elle ne pouvait intervenir au niveau d’un État). Making a Murderer a remporté 4 Emmy Awards et est devenue un cas d’école de la puissance du documentaire à l’ère du streaming : par son biais, l’opinion publique a été activement mobilisée, et la perception des affaires criminelles a changé. Elle a ouvert la voie à d’autres succès du même genre (The Keepers, Wild Wild Country, etc.). Sur le plan narratif, le documentaire se regarde comme un thriller juridique haletant, avec ses révélations choc et ses retournements. Certains critiques ont pointé un possible parti pris des réalisatrices en faveur d’Avery, mais la série a sans conteste relancé le débat sur les failles de la justice américaine. Encore aujourd’hui, l’affaire n’est pas totalement close et de nouvelles demandes d’appel sont en cours, preuve que la saga judiciaire continue… et que la réalité peut être aussi feuilletonnante qu’une fiction.

The Jinx (2015)

Autre jalon marquant du true crime, The Jinx: The Life and Deaths of Robert Durst est une mini-série documentaire de HBO qui a fait sensation en 2015 avec son final stupéfiant. Sur 6 épisodes, le réalisateur Andrew Jarecki brosse le portrait de Robert Durst, héritier d’une riche famille immobilière new-yorkaise, soupçonné d’avoir commis trois meurtres sur trois décennies (sa femme disparue en 1982, une amie proche abattue en 2000, et un voisin démembré au Texas en 2001). Ce documentaire se distingue par l’accès exceptionnel qu’il a obtenu : Robert Durst lui-même a accepté de se prêter à de longues interviews face caméra, offrant un témoignage aussi captivant qu’inquiétant. Au fil des épisodes, The Jinx mêle reconstitutions, archives et entretiens pour démêler l’écheveau de cette affaire tordue où Durst a déjà échappé à la justice plus d’une fois. Le dernier épisode a littéralement coupé le souffle de tous les téléspectateurs, avec la fameuse scène où – Durst croyant les micros éteints – il murmure tout seul dans les toilettes une quasi-confession : « What the hell did I do? Killed them all, of course. ». Cette séquence choc a fait la une des médias du monde entier le lendemain de la diffusion, car elle coïncidait (pure coïncidence ou coup monté ?) avec l’arrestation réelle de Robert Durst pour meurtre. En termes d’impact, on peut difficilement faire plus fort : la série a directement contribué à relancer l’action judiciaire contre son protagoniste, qui sera finalement condamné en 2021 pour l’un des meurtres (avant de mourir en prison en 2022). The Jinx a remporté 2 Emmy Awards et s’est imposé comme une référence du documentaire criminel, inspirant sans doute Netflix pour Making a Murderer sorti la même année. Par son sens du storytelling et son issue invraisemblable, The Jinx a prouvé que parfois, la réalité dépasse la fiction – et que le documentaire peut provoquer des ondes de choc bien au-delà de l’écran.

Chef’s Table (depuis 2015)

Série Genre / Thème Plateforme / Chaîne Note IMDb Durée
Les Soprano Drame mafieux HBO 9,2/10 6 saisons (86 épisodes)
Breaking Bad Drame criminel AMC 9,5/10 5 saisons (62 épisodes)
Game of Thrones Fantasy médiévale HBO 9,2/10 8 saisons (73 épisodes)
Stranger Things Sci-Fi / Horreur Netflix 8,7/10 4 saisons (34 épisodes)*
Les Simpson Animation comédie Fox / Disney+ 8,7/10 34 saisons (750+ épisodes)
Planet Earth Documentaire nature BBC 9,4/10 2 saisons (17 épisodes)

*Stranger Things est prévue pour 5 saisons au total.

Pour finir cette sélection, on peut apprécier la diversité et la richesse des séries TV qui nous ont fait vibrer. Des drames complexes aux comédies cultes, des thrillers haletants aux épopées de science-fiction, en passant par les univers fantastiques, l’animation inventive et les documentaires édifiants, la télévision nous a offert des histoires inoubliables. Chaque série citée a, à sa manière, redéfini son genre ou marqué son époque, que ce soit par des audiences record, des prix prestigieux ou une influence culturelle majeure. Bien sûr, il existe bien d’autres séries formidables qui mériteraient qu’on s’y attarde – preuve que nous vivons vraiment un âge d’or de la création sérielle. En attendant de nouvelles pépites à venir, ces 100 séries incontournables constituent un panorama idéal pour quiconque souhaite (re)découvrir ce que le petit écran a produit de mieux. Il ne vous reste plus qu’à attraper du pop-corn, à vous installer confortablement, et à binge-watcher sans modération ces chefs-d’œuvre qui ont fait (et continuent de faire) l’histoire de la télévision 📺✨ !

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