
Avec la sortie très attendue de “La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte Lucie”, les salles obscures renouent avec une figure démoniaque déjà culte dans l’univers Conjuring. Portée par la réalisation de Michael Chaves et la performance de Taissa Farmiga, cette suite promet de prolonger l’effroi gothique instauré par ses prédécesseurs. Toutefois, les premières critiques tombées depuis sa sortie le 13 septembre 2023 en France affichent un tableau contrasté : ce nouvel opus, tout en conservant les piliers de la saga, peine à transcender sa formule et se retrouve souvent jugé comme une œuvre plus tiède que réellement effrayante. Si l’univers Conjuring reste une machine à produire des frissons qui attire toujours les foules, “La Nonne 2” semble vacciné contre l’originalité, enfermé dans un carcan mythologique devenu un défi à manœuvrer pour Warner Bros et New Line Cinema. Examinons ces premières impressions sur ce film d’horreur qui fait pourtant palpiter le public amateur de sensations fortes.
La saga Conjuring, placée sous le label prestigieux de Warner Bros et orchestrée en collaboration avec New Line Cinema, s’est inscrite dans l’histoire récente du cinéma d’horreur comme un univers qui ne cesse de s’étendre, une véritable galaxie de récits démoniaques et fantastiques. Avec “La Nonne 2”, on retrouve la nécessité de respecter les codes rigoureux imposés par cet univers, mais cette fidélité semble paradoxalement limiter la créativité du film. Le poids des nombreuses règles établies par les sept autres volets autour du démon Valak est palpable et rend difficile toute innovation véritablement surprenante.
Les défis liés à l’expansion d’un univers partagé :
Pour Michael Chaves, déjà réalisateur de “Conjuring : Sous l’emprise du Diable”, ce film représente un double défi : capturer l’essence du malaise propre au personnage de la nonne démoniaque et insuffler un élan neuf à une formule sinon usée. Ce sacerdoce incombe aussi à Taissa Farmiga, qui, en tant que sœur à Vera Farmiga – l’interprète emblématique d’Annabelle dans les films Conjuring – ajoute un poids symbolique tout en offrant un jeu nuancé sur scène. Le scénario, bien que d’apparence classique, offre cependant un décor plus dense, celui d’un internat et chapelains abandonnés baignés dans un climat historique daté des années 50, une touche permettant un rendu visuel gothique apprécié des fans.
En dépit des critiques qui soulignent la répétitivité des “jumpscares” et des chemins narratifs balisés, l’ambiance ténebrique et l’esthétique gothique restent des forces majeures. La photographie, souvent très contrastée, plonge le spectateur dans des ruelles sombres et des lieux sacrés délabrés où le suspense se construit par la suggestion plus que par le gore excessif. Cette approche rejoint celle employée par d’autres studios renommés tels que Focus Features ou A24, qui savent insuffler atmosphère et tension sans s’appuyer uniquement sur des effets spectaculaires.
Les références à d’autres œuvres d’horreur classiques baignées dans les années 50 renforcent un sentiment nostalgique, tout en situant l’intrigue dans une période où la peur du surnaturel côtoyait encore de nombreuses croyances populaires. Ce choix thématique, bien que déjà vu dans des dizaines de thrillers ancrés dans cette époque, trouve une résonance nouvelle via un script travaillé et une direction artistique soignée.
Bien que le scénario soit souvent critiqué pour sa simplicité voire sa prévisibilité, le duo principal formé par Taissa Farmiga et Jonas Bloquet semble effectivement apporter une profondeur bienvenue au récit. Taissa Farmiga, héritière d’un rôle déjà lourd dans l’univers Conjuring grâce à sa sœur Vera, s’inscrit dans une lignée déjà bien établie, mais elle parvient à transmettre un mélange d’angoisse et de détermination nécessaire pour maintenir l’attention.
Jonas Bloquet, qui incarne aux côtés de Farmiga, contribue également à instaurer un climat de tension palpable autour du mystère qui entoure la Malédiction de Sainte Lucie. Leur alchimie à l’écran est un des rares points unanimement salués dans les critiques, rendant les moments calmes presque aussi prenants que les séquences d’horreur brutales.
Cependant, les limites du scénario les empêchent de dévoiler tout leur potentiel. On note un script souvent jugé trop simple par des critiques comme ceux du New York Times, où les rebondissements se font rares et la tension fluctue selon un rythme mécanique. Cette perte d’originalité narrative, qu’il s’agisse des personnages ou des événements, s’est avérée un frein pour un public en quête d’expériences horrifiques croisées entre psyché troublée et frayeurs nouvelles.
Comme souvent dans les productions orchestrées par Warner Bros et orchestrées en écho par des studios tels que Sony Pictures ou Paramount Pictures, le scénario vise une efficacité commerciale. Le cancer des scénaristes d’aujourd’hui ? Adapter, recycler des mythes et légendes déjà omniprésents dans la pop culture sans renouveler en profondeur. “La Nonne 2” ne fait pas exception et jongle avec une intrigue centrée sur les terreurs enfantines et les esprits malveillants dans un cadre d’internat religieux. Cette reprise d’éléments classiques de l’horreur est à la fois son socle de force et sa limite criante.
Points forts du scénario :
Aspects faibles relevés par la critique :
La preuve en est, au-delà des réactions d’un public parfois déçu, “La Nonne 2” conserve sa position grâce à un scénario qui privilégie certes la continuité mais ne parvient jamais à surprendre ni à effrayer durablement. Ce manque de punch narratif pourrait-il freiner l’essor des nouveaux films d’horreur connectés aux grandes franchises ? La question reste posée, notamment à un moment où des studios plus indépendants comme Carpenter Film et A24 bousculent le genre avec des œuvres plus innovantes (voir notre liste des films d’horreur à ne pas manquer).
Le travail derrière la caméra de Michael Chaves, souvent critiqué pour son rythme piloté “comme une horloge hantée”, joue avec les codes attendus des films de terreur produits à grand budget. La mise en scène mise beaucoup sur des effets visuels classiques tels que les apparitions soudaines, les jeux d’ombres, et les déplacements furtifs dans des décors obscurs. Cependant, certains moments frappent par leur inventivité, notamment une scène très applaudie impliquant un kiosque à journaux hanté dont les papiers bougent frénétiquement à mesure que le danger approche.
Les aspects visuels à retenir :
Cependant, malgré ce savoir-faire technique, la critique généralise que ces procédés restent assez traditionnels et parfois un peu forcés, surfant sur des clichés redondants des productions d’horreur grand public. Ces limitations dans la mise en scène ne permettent pas à “La Nonne 2” de jouer dans la cour des productions plus résolument esthétiques et novatrices signées par des studios tels que Focus Features ou Metro-Goldwyn-Mayer, qui savent rehausser leur ambiance par un travail cinématographique plus audacieux.
On pourrait croire que la lassitude s’installe face à des suites et spin-offs de plus en plus nombreux, orchestrés principalement par Warner Bros et New Line Cinema. Pourtant, l’univers Conjuring reste un mastodonte du box-office, avec un public fidèle qui alimente chaque sortie, y compris celle de “La Nonne 2”. Ce phénomène s’explique par une combinaison de facteurs qui fait perdurer cette franchise même lorsque la créativité semble en berne.
Les fans savent aussi que chaque volet, même s’il n’innove pas vraiment, offre une sortie immersive dans un univers riche et déployé, avec une narrativité qui se croise et s’enchevêtre avec d’autres productions. Cela explique pourquoi la franchise ne faiblit pas, à l’image d’autres sagas à longue durée comme celles de Marvel ou Star Wars, pourtant parfois critiquées pour leur répétitivité (pour une analyse des dynamiques des séries d’horreur, consultez le classement des saisons d’American Horror Story).
En 2025, le genre horrifique se diversifie avec des productions plus audacieuses et décalées, portées notamment par des studios indépendants tels que Carpenter Film et A24. Ces derniers délaissent souvent les sentiers battus pour explorer des formes narratives plus complexes ou visuellement disruptives. Cela crée un contraste marqué avec la continuité assez sage et calibrée de certains blockbusters comme ceux de la saga Conjuring.
Ces œuvres, souvent promues par Focus Features ou Metro-Goldwyn-Mayer, surprennent un public parfois las des effets usés et des structures répétitives. Elles offrent aussi une exploration plus grande de sous-genres à découvrir régulièrement dans nos listes des meilleurs films d’horreur ou encore du côté des productions adaptées pour Netflix (meilleurs films Netflix).
La moyenne des critiques pour “La Nonne 2” oscille autour de 51/100, témoignage d’un accueil global mitigé. Un grand nombre de journalistes pointent une absence d’évolution significative par rapport à son prédécesseur, et une formule qui se contente souvent de recycler les peurs réchauffées.
La presse note cependant que ce n’est pas un film à mettre au pilori sans nuance. Son ambiance et certains effets créatifs trouvent un écho favorable chez des amateurs du genre qui recherchent avant tout une expérience de divertissement efficace sans forcément exiger une innovation constante. Pour les fans du cinéma horrifique, il s’agit plutôt d’un tic tac dans la grande horloge de la saga Conjuring.
Le regard tourné vers le futur, Warner Bros, à travers New Line Cinema, devra innover davantage pour maintenir son emprise face au public à la recherche d’originalité, surtout face aux nouvelles tendances chères à des labels comme Lionsgate ou Paramount Pictures. Le dilemme reste entier : conserver une recette lucrative ou oser le changement, comme en témoignent les débats autour des productions du moment.