Yayoi Kusama et ses œuvres Infinity Mirror Rooms
Biographie et influences artistiques de Yayoi Kusama
Yayoi Kusama est une artiste japonaise née en 1929 à Matsumoto au Japon. Elle commence très tôt à dessiner et à peindre, malgré la désapprobation de sa famille conservatrice. En 1958, attirée par la scène artistique new-yorkaise, elle s’installe à New York où elle côtoie les artistes de l’expressionnisme abstrait, du pop art et des happenings.
Kusama souffre de troubles psychiques depuis l’enfance, ce qui influence fortement son travail artistique. Elle fait notamment l’expérience d’hallucinations visuelles où elle se sent «effacée» ou «dissoute» dans des motifs de points colorés qui recouvrent les objets et l’espace. Ce phénomène, qu’elle nomme «obliteration de soi», est une obsession qu’elle traduit dans ses œuvres.
En 1973, elle retourne vivre au Japon. En 1977, elle s’admet de façon volontaire dans un hôpital psychiatrique de Tokyo où elle réside depuis. Malgré ses troubles psychiques, elle continue à être très productive artistiquement.
Les Infinity Mirror Rooms, des environnements immersifs
Les Infinity Mirror Rooms sont des installations dans lesquelles Yayoi Kusama créé des espaces immersifs à l’aide de miroirs et d’effets de lumière. Le public est invité à entrer dans ces pièces aux murs entièrement réfléchissants qui donnent une impression d’infini.
Kusama a commencé à concevoir ce type d’environnements à la fin des années 1960 à New York. Aujourd’hui, les Infinity Mirror Rooms sont présentées dans les plus grands musées du monde et attirent un public très nombreux, avide de vivre une expérience artistique immersive et propice aux photos sur les réseaux sociaux.
Chaque Infinity Mirror Room est unique. Voici la description de deux d’entre elles présentées à la Tate Modern de Londres :
- Chandelier of Grief : une pièce aux murs entièrement réfléchissants avec un lustre vénitien au plafond qui tourne lentement, créant des effets de lumière hypnotiques.
- Infinity Mirrored Room – Filled With the Brilliance of Life : une salle avec au sol un bassin d’eau et au plafond des centaines de LED qui s’allument et s’éteignent, donnant une impression d’infini et de constellation d’étoiles.
Grâce aux effets de réflexion à l’infini, le visiteur a l’impression de se dissoudre dans l’espace, ce que Kusama appelle «l’obliteration de soi». Les Infinity Mirror Rooms sont à la fois des expériences esthétiques fortes et une plongée dans l’univers mental tourmenté de l’artiste.
3. Succès public et médiatique
Les expositions consacrées à Yayoi Kusama et ses Infinity Mirror Rooms attirent un public très nombreux partout dans le monde. Lorsque la Tate Modern de Londres a présenté deux de ses installations en 2022, les billets se sont arrachés malgré leur prix élevé.
Les Infinity Mirror Rooms sont très populaires sur les réseaux sociaux comme Instagram. Leurs effets visuels infinis se prêtent parfaitement à la photo et aux selfies. Le succès des expositions de Kusama est ainsi amplifié par un effet de mode sur internet.
Certains déplorent cependant que cette frénésie autour des Infinity Mirror Rooms privilégie la photographie à la contemplation de l’œuvre. Le temps de visite très limité imposé par les musées à cause de l’affluence nuit également au recueillement.
Néanmoins, après deux ans de pandémie, le public est en quête d’expériences culturelles fortes, immersives et socialement valorisantes. Les expositions de Yayoi Kusama répondent parfaitement à ce besoin.
4. Une figure artistique inspirante
Malgré ses troubles psychiques, Yayoi Kusama a réussi à imposer son univers créatif unique dans le monde de l’art. Sa carrière montre qu’il est possible de transformer sa différence et sa souffrance mentale en une œuvre puissante.
Kusama a dû lutter contre les préjugés liés à son identité de femme japonaise vivant aux Etats-Unis. Elle a construit une image d’artiste très reconnaissable, avec ses cheveux noirs, ses tenues à pois et ses poses maniérées. Cette posture lui a permis d’affirmer sa singularité.
A 93 ans, Yayoi Kusama continue de produire des œuvres nouvelles tout en vivant de façon volontaire dans un hôpital psychiatrique. Son parcours hors-norme force l’admiration et montre que l’art peut être une thérapie aussi bien qu’une profession.
Avec ses Infinity Mirror Rooms, elle invite le spectateur à plonger quelques instants dans sa vision du monde tourmentée mais empreinte de poésie. Une expérience artistique et humaine qui marque profondément.