
Le groupe de pop néerlandais The Shorts s’est fait connaître en 1983 avec son tube “Comment ça va”. Derrière ce succès international se cache une histoire méconnue mêlant amour des langues, quiproquos et opportunités manquées.
Le groupe The Shorts est composé de 4 jeunes musiciens néerlandais :
Formé en 1976 à l’initiative de Hans van Vondelen, le groupe commence par interpréter des reprises pop anglo-saxonnes dans des fêtes étudiantes et des bars.
En 1982, le groupe fait la connaissance du compositeur Eddy de Heer via leur producteur Jack Jersey. Séduit par leur fraîcheur et leur amour des langues étrangères, Eddy leur propose d’enregistrer deux de ses compositions :
Le refrain en français de “Comment ça va” est immédiatement retenu par la maison de disques EMI qui presse Eddy de Heer de créer également une version néerlandaise.
Sorti en 1983, “Comment ça va” devient rapidement un énorme succès aux Pays-Bas. La chanson séduit par son refrain entraînant en français et son clip coloré mettant en scène les quiproquos entre le chanteur néerlandais et la fille française.
Grâce au soutien de sa maison de disques EMI, la chanson s’exporte dans toute l’Europe. Une version allemande est enregistrée sur laquelle le groupe mime avec difficulté des paroles qui ne sont pas les leurs !
En France, le succès est lui beaucoup plus timide. Le refrain en français surprend et amuse, mais le clip passe assez peu sur les chaînes de télévision. L’absence de promotion du groupe dans l’hexagone limite les ventes.
Malgré le triomphe de leur premier single, lesmembres des Shorts décident de privilégier leurs études. Ils n’assurent quasiment aucune promotion télévisée ou concerts pour défendre la chanson.
Un deuxième single “Je suis, tu es” sort en 1984 mais connait un succès assez limité. Frustré par ce manque d’investissement, leur compositeur Eddy de Heer finit par se fâcher avec le groupe.
Les Shorts se séparent en 1985 après un ultime single. Ses membres mènent depuis des vies discrètes en assumant des jobs sans rapport avec la musique.
Bien que peu remarquée à sa sortie, la chanson “Comment ça va” a marqué durablement la mémoire collective française.
Son refrain imparable est encore repris dans de nombreuses fêtes ou enterrements de vie de jeune fille. Les manuels scolaires s’en servent aussi pour illustrer avec humour l’apprentissage du français pour les anglophones et néerlandophones.
De nombreux artistes français ont repris ou samplé le titre dans leurs propres chansons comme un clin d’œil attendri à cette rencontre manquée :
Ces reprises et clins d’œil attestent de la marque indélébile qu’a laissé ce tube du groupe The Shorts dans la culture populaire française.
Au-delà de son succès français tardif mais durable, “Comment ça va” connut un destin contrasté à travers l’Europe :
Carton absolu en 1983 ! La version néerlandaise est de loin le plus gros tube du groupe dans son pays. Elle passe en boucle sur les radios. Mais le reste de la discographie des Shorts peine à exister.
Succès très important également. La version allemande se classe à la 8e place des ventes. Par contre le groupe The Shorts est très peu mis en avant. Les médias allemands vont jusqu’à attribuer la chanson par erreur à Mick Jackson, chanteur anglais totalement étranger au projet !
Succès commercial d’estime. La chanson passe beaucoup en radio mais ne rencontre pas un écho très important auprès du public belge. Le chanteur Bob Dechamps crée en 1983 une version wallonne humoristique intitulée “Com’çi Com’ça (Commin ça va ?)” qui remporte un certain engouement régional.
Carton surprise ! Reprise par les chanteuses Bente Lind et Kikki Danielsson, la chanson se classe N°3 en Norvège et N°1 en Suède où elle apparaît comme l’un des tubes de l’année 1983.
Près de 40 ans après le triomphe de “Comment ça va”, la chanson continue d’être reprise et réinterprétée. Son refrain joyeux et dansant traverse les générations.
Le groupe The Shorts a marqué par ce seul titre l’histoire de la musique pop européenne des années 1980. Malgré des carrières individuelles discrètes par la suite, ses membres savent qu’ils ont créé, le temps d’un tube, un véritable sentiment de communion entre les peuples d’Europe. Même si leurs paroles étaient différentes, tous chantaient dans une même langue : celle de la fête et de l’amour !”