
Alors que l’écho des réformes structurelles bouscule régulièrement le paysage de l’emploi et de la formation, le nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron se distingue par une ambition renouvelée. En marche vers une transformation en profondeur de la formation professionnelle, il promet une réorganisation qui ne se limite pas à une succession de mesures techniques, mais qui engage une véritable redéfinition du rapport au travail, à l’éducation et à l’apprentissage. Au cœur de cette démarche : un plan de formation inédit destiné à ouvrir les portes de la promotion sociale, à soutenir l’emploi durable et à positionner la formation comme un levier central au croisement des aspirations individuelles et des besoins économiques. Cette réforme s’inscrit dans la lignée de précédentes démarches, tout en corrigeant leurs limites, notamment celle portée par la loi Avenir professionnel. En Marche ! s’efforce aujourd’hui d’équilibrer davantage qualité, accessibilité et contrôle, dans un contexte où compétences et adaptation rapide sont devenues des impératifs.
Il n’est guère anodin qu’Emmanuel Macron, dès sa campagne, ait adressé un regard critique au système français de formation professionnelle. Pour lui, la mécanique existante ne répond plus aux attentes contemporaines, tant des citoyens que du marché du travail. Cette prise de conscience est partagée par de nombreux observateurs qui ont relevé une inadéquation persistante entre les dispositifs de formation et les besoins réels en compétences. Ainsi, le défi est triple :
Le poids des innovations technologiques, la transformation rapide des métiers, ainsi que la montée en puissance des micro-habilitations et des modalités hybrides ajoutent à la complexité du cadre réglementaire. Depuis la grande réforme dite « Avenir professionnel » de 2018, les outils comme le Compte personnel de formation (CPF) sont salués pour leur modernité, mais ils ont aussi montré leurs limites, notamment en matière d’accompagnement individualisé. En Marche ! cherche à dépasser ces clivages, en instaurant plus de simplicité et de flexibilité, sans pour autant sacrifier la rigueur.

En examinant les systèmes hérités, le chef de l’État et son équipe constatent qu’une fragmentation existe souvent entre les différents acteurs : organismes de formation, entreprises, branches professionnelles, pouvoirs publics. Cette mosaïque, si elle peut parfois favoriser la diversité, engendre surtout une complexité bureaucratique qui freine l’accès aux droits individuels. L’idée majeure apparaît dès lors : simplifier les démarches et renforcer la lisibilité des formations admissibles, tout en consolidant une palette de labels qualité mieux contrôlés et pérennes.
Cette volonté de cohérence n’est pas nouvelle ; elle s’appuie en partie sur les décrets du décret qualité d’août 2015. Pourtant, En Marche ! souhaite aller plus loin en introduisant des labels dont la durée sera rallongée, freinant ainsi les renouvellements incessants qui perturbent les organismes comme les bénéficiaires. La formation devient alors non seulement un horizon vers l’emploi mais également un espace sécurisé, où la confiance prime sur la méfiance administrative.
| Points de réforme | Objectifs principaux | Implications pratiques |
|---|---|---|
| Contrôle qualité des organismes | Assurer la fiabilité et pertinence | Labels de plus longue durée, procédures simplifiées |
| Droits individuels | Autonomie des bénéficiaires | Conversion des contributions en droits personnels |
| Orientation filières | Alignement formation/secteur | Participation accrue des branches professionnelles |
Le changement passe aussi par la perception même de la formation. Il ne s’agit plus uniquement d’un impératif administratif ou d’un simple outil pour évoluer en entreprise, mais plus largement d’une composante essentielle du projet professionnel de chacun. Le travail et l’éducation s’entrelacent ainsi autour d’une volonté explicite d’ouvrir des parcours d’apprentissage variés et solides.
Dans un contexte marqué par l’incertitude économique et la fluctuation de l’emploi, le président Macron a dévoilé un volet financier ambitieux. Pour 2025, le plan de formation professionnelle intègre une enveloppe de 15 milliards d’euros. Cette somme lourde de sens traduit une stratégie volontariste, où la formation se donne les moyens d’accompagner massivement les publics fragiles et les actifs en quête d’évolution.
Ce budget s’accompagne d’une promesse quantifiée : 2 millions de formations seront financées. La répartition symbolique reflète les attentions politiques :
Ce déploiement budgétaire ne se veut pas seulement quantitatif mais aussi qualitatif. La Garantie Jeunes bénéficiera d’un doublement significatif, renforçant ainsi son rôle d’amortisseur social et économique. L’approche adoptée privilégie le long terme et la transformation progressive des destins professionnels.

Une des mesures phares concerne la configuration des droits individuels. Le système des contributions des entreprises versées à la formation doit être redirigé vers une logique transactionnelle directe avec les bénéficiaires. Salariés, demandeurs d’emploi ou indépendants disposeront ainsi de droits qu’ils pourront utiliser en toute liberté auprès des prestataires de leur choix. Cette autonomisation s’inscrit dans une volonté de rupture avec des systèmes centralisés et rigides, donnant à chaque acteur la capacité de façonner son parcours.
| Public ciblé | Nombre de formations financées | Objectifs clés |
|---|---|---|
| Jeunes sans qualification | 1 million | Insertion professionnelle et compétences de base |
| Demandeurs d’emploi | 1 million | Réinsertion et montée en compétences |
Le passage à ce nouveau modèle de formation invite à repenser le rôle des organismes certificateurs et à revoir les modalités de financement. Il pose aussi la question de l’accompagnement pour garantir que les droits mobilisés correspondent bien aux besoins réels et aux aspirations de chaque individu. Cette évolution s’ancre dans un horizon plus large, où formation professionnelle et éducation sont interconnectées au sein d’une même dynamique de progrès personnel.
Longtemps confinée à une image technique et manuelle, la voie de l’apprentissage est aujourd’hui revisitée. En Marche ! met l’accent sur un renouvellement des filières, visant à valoriser des parcours qualifiants et reconnus, y compris dans les secteurs exigeants et innovants. Ce rééquilibrage répond à la double contrainte :
La participation active des branches professionnelles dans la détermination des programmes marque un tournant majeur. En agissant comme porte-voix des secteurs économiques, elles orientent les contenus pédagogiques, les certification et les compétences visées. Ce partenariat vise également à mieux informer les jeunes sur les métiers porteurs et les voies d’accès les plus pertinentes, en particulier par l’apprentissage.

Le dispositif compte ainsi sur un dialogue étroit entre les établissements scolaires, les entreprises et les organismes de formation. Les branches transmettent des recommandations claires sur les métiers à privilégier, soulignant certains secteurs dans lesquels l’apprentissage peut être un levier décisif.
Par exemple, les filières liées aux nouvelles technologies, à la transition écologique ou à l’artisanat de pointe sont mises en avant. L’objectif est de dépasser le cloisonnement traditionnel qui limitait les parcours d’apprentissage aux secteurs techniques ou manuels, redonnant à ces derniers une dimension plus ambitieuse.
| Domaines visés | Actions menées | Résultats attendus |
|---|---|---|
| Nouvelles technologies | Adaptation des programmes en lien avec les branches | Formation de profils qualifiés, attractivité de l’apprentissage |
| Transition écologique | Création de modules spécifiques | Réponse aux enjeux environnementaux, emplois durables |
| Artisanat de pointe | Valorisation des métiers et des savoir-faire | Promotion sociale, renouvellement des vocations |
La montée en reconnaissance du rôle des branches contribue également à fluidifier la transition entre éducation et monde professionnel. Dans un contexte où le travail évolue, cette symbiose est indispensable pour préparer les générations à venir, tout en nourrissant les plans de développement économique locaux et nationaux.
S’il y a un mot qui revient constamment dans les annonces de la réforme portée par En Marche !, c’est bien celui de qualité. Au-delà de l’augmentation des budgets et des volumes, c’est l’exigence de fiabilité et d’efficacité qui est mise en avant. Sans doute en réaction aux critiques souvent formulées à l’encontre de certains organismes, jugés peu transparents ou insuffisamment adaptés.
L’attention toute particulière portée au contrôle s’inscrit dans une démarche pragmatique. En multipliant les labels et en allongeant leur durée de validité, l’exécutif aspire à une stabilisation du secteur de la formation, où les structures peuvent se concentrer sur la transmission du savoir plutôt que sur une bureaucratie incessante. C’est un changement de paradigme qui valorise l’excellence.
Cette orientation invite également à une réflexion sur le rôle des financeurs, tels les OPCO, et leur capacité à encourager efficacement la formation. Les moindres budgets affectent leur fonctionnement, mettant au défi leur adaptabilité. La réforme prévoit une participation renforcée, sans quoi le financement de la formation professionnelle resterait à risque.
| Élément de qualité | Objectif visé | Conséquence attendue |
|---|---|---|
| Labels longue durée | Stabilité et confiance | Réduction de la charge administrative |
| Contrôle élargi à l’accompagnement | Garantir efficacité au-delà de la certification | Meilleur suivi des bénéficiaires |
| Simplification | Faciliter l’accès et la conformité | Dynamisme du secteur |
Finalement, la réforme menée par En Marche ! trace une voie exigeante, où la transparence et la rigueur devraient devenir des piliers, non des contraintes. Dans un temps où la formation professionnelle est au carrefour du travail et de l’éducation, cette lecture fine est bienvenue pour les acteurs concernés, notamment les formateurs, dont le statut et le salaire méritent un examen approfondi ici.
Le pari de cette réforme ne se limite pas à un effet d’annonce. Il engage profondément le système éducatif, économique et social vers une mutation qui entend faire rimer formation professionnelle avec émancipation et adaptation constante aux mutations du travail. Les enjeux sont grands :
Néanmoins, les difficultés ne manquent pas. La transformation des modes de financement, la nécessité de garantir un suivi rapproché des bénéficiaires, ainsi que la bonne articulation entre institutions publiques et privées sont autant d’obstacles à surmonter. La réforme invite donc à un travail collectif, exigeant, mais indispensable.
Il est important que les citoyennes et citoyens disposent d’informations claires, notamment sur leurs droits à la formation, par exemple à travers l’accès rapide et transparent à leur espace personnel, comme le montre le site moncompteactivité.gouv.fr. De même, comprendre les subtilités du CPF ou du CPA s’avère essentiel pour ne pas laisser ces dispositifs au domaine de l’inaccessible.
| Défis | Actions prévues | Résultats espérés |
|---|---|---|
| Fluidifier les parcours | Dialogue renforcé avec branches, simplification législative | Meilleure articulation entre formation et emploi |
| Garantir l’égalité d’accès | Budget dédié, dispositifs ciblés pour publics fragiles | Réduction des inégalités sociales |
| Assurer la qualité | Labels longs, contrôle étendu, formation des formateurs | Fiabilité et crédibilité renforcées |
Cette perspective invite aussi à s’interroger sur l’évolution des parcours professionnels dans un horizon où la formation ne cesse d’être une clef d’entrée du travail, au-delà même du premier emploi. Cette dynamique renouvelle le regard porté sur la responsabilité individuelle, mais aussi collective, pour que l’éducation et la formation restent au cœur de la promesse républicaine.