Stranger Things Saison 5 Volume 2 : Entre Excitation et Frustration, Le Dernier Chapitre de la Série Netflix Approche

Une fin de parcours qui hésite entre l’élan et la retenue

Il y a des séries qui accélèrent à l’approche du précipice, et d’autres qui, au contraire, freinent au moment où l’on attend le grand saut. Stranger Things, devenue en moins de dix ans une sorte de roman populaire audiovisuel, arrive dans sa dernière ligne droite avec ce Volume 2 de la saison 5 qui alterne deux sensations contraires : l’excitation pure — celle du feuilleton qui promet la résolution — et une frustration plus sourde, liée à l’impression d’un récit qui temporise au lieu de trancher.

Ce tiraillement n’a rien d’anodin. Il touche à une question de rythme, de montage narratif et, plus largement, à ce que Netflix attend d’un final de série événement : prolonger l’expérience, occuper l’espace médiatique, préserver le statut de phénomène. Le problème, c’est que le spectateur, lui, ne regarde pas une stratégie. Il regarde une histoire.

Contexte : une machine à souvenirs devenue saga, et la tentation du “toujours plus”

Depuis ses débuts, Stranger Things s’est bâtie sur une alchimie rare : une mythologie de genre (fantastique, horreur, science-fiction), une tendresse de chronique adolescente, et un sens très “cinéma” du cadre et de l’iconographie eighties. Les frères Duffer ont toujours travaillé comme des cinéastes qui fabriquent des épisodes à l’échelle du long métrage, avec des scènes pensées comme des morceaux de bravoure, des entrées dramatiques, des climax, une musique conçue pour “porter” l’émotion.

Ce qui change avec l’approche de la fin, c’est que la série n’est plus seulement un récit : c’est une franchise. Et à mesure que l’échéance se rapproche, l’écriture semble parfois entrer en négociation avec cette réalité industrielle. Le Volume 2 donne précisément cette impression : des moments forts, souvent impeccablement fabriqués, mais aussi des séquences qui paraissent conçues pour faire durer, comme si la narration devait remplir un cahier des charges “événementiel” plutôt que suivre sa pente naturelle.

Pour élargir ce regard sur l’écosystème Netflix — et comprendre comment certaines séries deviennent à la fois des œuvres et des produits-cultes — on peut parcourir des sélections et panoramas comme https://www.nrmagazine.com/meilleures-series-netflix/ ou encore https://www.nrmagazine.com/meilleures-series-netflix-2/, qui montrent bien à quel point la plateforme pense en “marques” autant qu’en récits.

Une narration qui piétine : quand l’attente devient matière… ou inertie

Sur le papier, ce Volume 2 devrait être le corridor final : les personnages prennent position, les enjeux se resserrent, l’antagonisme se précise, les choix deviennent irréversibles. Or, une partie de ces épisodes donne plutôt le sentiment d’un récit qui se replie sur lui-même. Certaines trajectoires se lancent, promettent un déplacement — géographique ou émotionnel — puis reviennent presque à leur point de départ. Ce n’est pas un problème en soi : le cinéma, comme la série, sait faire du détour une force. Mais encore faut-il que le détour transforme quelque chose : un rapport entre deux personnages, une information décisive, un basculement de ton.

Ici, le détour ressemble parfois à une répétition. Des séquences qui redites ce que l’on sait déjà, des allers-retours qui semblent conçus pour ménager le grand final plutôt que pour l’annoncer. Le résultat, paradoxalement, est un sentiment de “sur-place” alors même que la mise en scène multiplie les signaux d’ampleur : plans larges, chorégraphies d’action, effets, explosions — la grammaire du spectacle est là, mais la dramaturgie, elle, avance par à-coups.

Le montage comme symptôme : flashbacks, découpes et pertes de tension

Le point le plus révélateur se joue peut-être dans le montage. À plusieurs moments, la série emploie des procédés (récits enchâssés, retours en arrière, alternance de temporalités) qui devraient densifier la narration. Mais leur articulation paraît parfois bancale : on amorce un flashback, on le quitte, on y revient, comme si l’épisode craignait de s’installer pleinement dans une durée. Ce type de découpe peut fonctionner — le montage parallèle est l’un des grands outils du suspense — mais il suppose une progression nette de l’information et une montée de la tension.

Quand l’alternance ne fait que fragmenter sans révéler, elle produit un effet inverse : la tension se dissipe. On ne vit plus une scène, on la “consomme” par morceaux. Et dans un récit de fin, c’est risqué : ce qui devrait faire bloc se met à apparaître comme une suite de segments.

Des personnages toujours attachants : le carburant émotionnel de Hawkins

Malgré ces frottements, Stranger Things conserve une force que beaucoup de séries perdent en route : son capital affectif. On tient à ces personnages, à leurs maladresses, à leurs fidélités, à cette façon qu’ils ont de rester des adolescents — ou des jeunes adultes — même quand l’apocalypse frappe à la porte. Le casting continue d’être l’une des grandes réussites de la série : il y a une cohésion de troupe, presque théâtrale, qui permet au spectateur de rester impliqué même quand l’intrigue s’étire.

On sent toutefois des déséquilibres. Certains protagonistes, autrefois moteurs, traversent une partie de ces épisodes avec une impression d’errance — comme si l’écriture hésitait à leur attribuer un geste décisif avant l’ultime chapitre. D’autres, à l’inverse, gagnent soudain en centralité, parfois au prix d’une charge mélodramatique plus lourde à porter. Cette redistribution peut être passionnante, mais elle demande une finesse d’écriture : l’émotion doit naître d’une nécessité dramatique, pas d’une obligation de “donner un moment” à chacun.

L’exposé qui explique : quand la série parle trop de ce qu’elle montre

Un autre point divise : l’usage massif de l’exposition. La série a toujours aimé verbaliser ses règles (les ados qui théorisent le monstre comme dans un film de Carpenter, c’était l’un de ses charmes). Mais ici, on sent parfois une inflation de dialogues explicatifs, certains personnages se retrouvant à dérouler de longs blocs d’informations pour recoller les morceaux.

Le problème n’est pas que la série clarifie. Le problème, c’est que l’explication prend parfois la place de la mise en scène. Or, le cinéma — et la série quand elle s’en approche — est un art du visible : un regard, un geste, un silence peuvent porter plus que dix phrases. À force de tout commenter, la fiction risque de réduire le spectateur à un simple suiveur d’instructions, là où Stranger Things a longtemps brillé en laissant l’angoisse et l’émerveillement naître des images.

Les moments qui fonctionnent : la série retrouve sa justesse quand elle ralentit au bon endroit

Pour être juste, ce Volume 2 contient aussi ce que la série sait faire de meilleur : des scènes émotionnelles qui, sans chercher la surenchère, trouvent une note humaine. Les réconciliations, les aveux, les gestes d’amitié — lorsqu’ils sont filmés avec simplicité — rappellent que l’âme du récit n’a jamais été seulement le monstre, mais la manière dont un groupe se tient debout face à l’incompréhensible.

Il y a également, par endroits, une vraie efficacité dans l’action : poursuites, confrontations, explosions, morceaux de suspense construits avec un savoir-faire certain. Les Duffers connaissent leur grammaire du divertissement, et l’on peut difficilement leur reprocher de ne pas “savoir faire spectacle”. La question est plutôt : le spectacle sert-il encore le récit, ou le récit sert-il le spectacle ?

Mise en perspective : l’ombre des séries cultes et le piège du grand final

Ce qui se joue ici est un classique des fins de séries : comment conclure sans se répéter, comment refermer une mythologie sans l’assécher. Les œuvres sérielles à fort pouvoir nostalgique, surtout, marchent sur une ligne fine : elles doivent offrir du “retour” (références, échos, motifs reconnus) sans devenir un musée de leurs propres souvenirs. Dans cette logique, Stranger Things dialogue autant avec le cinéma de genre qu’avec l’histoire de la télévision populaire.

Pour replacer ce phénomène dans une généalogie plus large, il est intéressant de se souvenir à quel point certaines séries d’hier ont façonné notre manière de regarder aujourd’hui, en installant des codes de saga, de personnages-famille, de rendez-vous collectif. Un détour par des repères comme https://www.nrmagazine.com/series-emblematiques-90/ rappelle que la “fin” est souvent l’endroit où une série révèle sa vraie nature : œuvre close ou univers prolongeable.

On peut aussi comparer cette mécanique de saison “à thème” et de variations d’intensité à d’autres anthologies ou franchises télévisées, où l’on voit très clairement comment le rythme et l’ambition fluctuent selon les années. À ce titre, un classement comme https://www.nrmagazine.com/classement-saisons-american-horror-story/ met en évidence une réalité simple : dans la durée, la cohérence est parfois plus difficile à tenir que l’inventivité.

Le cœur du débat : une saison qui aurait pu être un film ?

En regardant ce Volume 2, une hypothèse s’impose naturellement : une partie de cette matière aurait pu être resserrée, voire rassemblée sous forme d’un long métrage final, un “film de conclusion” assumé. Non pas pour céder à la mode du format hybride, mais parce que l’écriture actuelle laisse percevoir des “zones de remplissage” qui affaiblissent l’élan. Un film aurait obligé à faire des choix plus nets, à purifier les trajectoires, à créer une continuité émotionnelle sans ces respirations parfois artificielles.

Mais la série, elle, fonctionne comme une promesse répétée : encore un épisode, encore un nœud, encore un fragment de réponse. Ce mode de récit est consubstantiel au streaming, et Netflix en a fait une signature. Le risque, c’est que l’attente devienne une technique, et non une sensation organique. Dans le cinéma de genre, on sait que le suspense naît autant de ce qu’on cache que de ce qu’on retarde. Retarder sans transformer, c’est autre chose : c’est étirer.

Lecture critique : une œuvre toujours vivante, mais bousculée par son propre gigantisme

Ce Volume 2 n’est pas un naufrage. Il contient trop de savoir-faire, trop de visages attachants, trop de scènes sincères pour qu’on le résume à une simple déception. Mais il porte les symptômes d’une série devenue gigantesque : une multitude de personnages à servir, une mythologie à expliciter, des attentes à satisfaire, et une plateforme qui sait ce que représente un final en termes d’image et de rétention.

Au fond, ce qui frustre n’est pas l’ambition — elle est légitime — mais la sensation que la narration hésite entre deux régimes : celui du récit tendu, presque “cinéma”, et celui du feuilleton dilaté, qui repousse l’instant où il faudra vraiment choisir. Dans les meilleurs moments, la série parle avec clarté : elle filme une amitié, une peur, un courage. Dans les moments plus faibles, elle se raconte en train de se raconter.

Cette tension n’est pas propre à Stranger Things. Elle traverse nombre de franchises contemporaines, partagées entre la volonté de finir dignement et la tentation de ne jamais finir tout à fait. On retrouve ce type de questionnement dans d’autres univers populaires, jusque dans la façon dont certaines licences de cinéma négocient leur vieillissement, leur relance, ou leur “déclin” symbolique — un sujet qu’on peut aborder par des angles voisins via https://www.nrmagazine.com/ron-perlman-decline-hellboy/, qui évoque à sa manière la difficulté de faire durer un imaginaire sans l’user.

Fin ouverte : l’ultime épisode comme juge de paix

Reste la question la plus simple, et la plus honnête : que fera l’épisode final de tout cela ? Si ce dernier chapitre choisit la condensation — des décisions nettes, des conséquences, un vrai geste de mise en scène qui tranche — alors ces épisodes pourront apparaître comme une montée en pression, imparfaite mais nécessaire. Si, au contraire, il prolonge la logique du sur-place, le risque est réel de laisser l’impression d’une saga arrivée au bout de son souffle, non par manque d’idées, mais par excès de précaution.

À ce stade, je crois que l’on peut tenir ensemble deux sentiments sans les opposer : l’attachement demeure, et l’impatience aussi. C’est peut-être le signe le plus clair qu’une série a compté : on lui demande non pas d’être parfaite, mais d’être à la hauteur de ce qu’elle a fait naître en nous — un rapport aux personnages, une mémoire de spectateur, une façon très particulière de replonger dans la nuit électrique de Hawkins.

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